L’Arabie saoudite à l’assaut des clubs de foot européens
Le royaume commence à s’intéresser au rachat d’équipes du Vieux Continent, dont certaines très prestigieuses. Après Newcastle United, qui sera la prochaine ?
On ne compte plus les joueurs de classe internationale qui ont décidé de poursuivre leur carrière en Arabie saoudite, souvent avec des contrats mirifiques à la clé. Après Cristiano Ronaldo à Al-Nassr, on a vu les Français Karim Benzema et N’Golo Kanté signer à Al-Ittihad Djeddah, les Sénégalais Edouard Mendy et Kalidou Koulibaly opter pour Al-Ahli et Al-Hilal, le Brésilien Roberto Firmino accepter l’offre d’Al-Ahli, et même l’entraîneur anglais Steven Gerrard succomber au pont d’or d’Ettifaq.
La liste devrait copieusement s’allonger d’ici à la fin du mercato, le 1er septembre prochain, tant les moyens financiers des clubs saoudiens, largement soutenus par l’État, semblent illimités.
Mais la stratégie saoudienne ne se limite pas à cette véritable OPA sur le football européen, ni même aux candidatures en vue d’organiser la Coupe du Monde, en 2034 par exemple. Elle consiste également à investir dans des clubs européens. En 2021, le Public Investment Fund (PIF, le fonds souverain saoudien) porté par la famille royale, et dont les activités sont estimées à 350 milliards d’euros, avait racheté pour 350 millions d’euros le club anglais de Newcastle United, en en faisant un des plus riches du monde.
Les Magpies (le surnom du club), qui disputeront la Ligue des Champions 2023-2024, se sont ainsi vus allouer un budget de 170 millions d’euros pour effectuer leur mercato estival. Une manne qui avait permis au club anglais d’approcher au cours de la saison dernière, celui de Dijon, alors en Ligue 2 française, en vue d’une possible prise de contrôle. L’affaire n’a finalement pas abouti.
Qui après Newcastle United ?
Il faut cependant s’attendre à ce que le fonds souverain, désormais propriétaire des quatre meilleurs clubs du royaume (Al-Nassr, Al-Ahli, Al-Hilal et Al-Ittihad) acquiert d’autres clubs du Vieux Continent à moyen terme. Car l’UEFA a décidé d’assouplir les règles en matière de multipropriété, même si elle n’autorise pas deux clubs appartenant à la même écurie à participer à une compétition continentale (Ligue des Champions, Ligue Europa et Ligue Europa Conférence) au cours de la même saison.
Mais les Saoudiens n’ignorent pas que l’émirati Abu Dhabi Group for Development and Investment (ADUG) détient onze clubs dans le monde, et a fait de Manchester City, qui vient de remporter le championnat d’Angleterre et la Ligue des Champions, sa tête de gondole. Quant aux Américains d’Eagle Football, ils possèdent l’Olympique Lyonnais (France), mais aussi un club belge (RWDM), un autre au Brésil (Botafogo) ainsi que 40 % des actions de Crystal Palace (Angleterre).
« Il y a en Europe pas mal de clubs qui connaissent des difficultés financières plus ou moins importantes. Il faut donc s’attendre à ce que des capitaux saoudiens, qataris, émiratis, chinois ou américains deviennent propriétaires de certains d’entre eux dans les années à venir. Et les Saoudiens ont une puissance financière presque sans égal, ils ne s’en tiendront pas à Newcastle », annonce le dirigeant d’un club européen sous couvert d’anonymat.
Il reste désormais à déterminer quelle stratégie l’Arabie saoudite compte adopter en Europe. Au mois de novembre dernier, Abdelaziz ben Turki al-Fayçal, le ministre des Sports, avait encouragé les financiers privés saoudiens à racheter des clubs, notamment en Angleterre. « Il y a plusieurs cas de figure envisageables. Newcastle a été acquis par le Fonds souverain lequel pourrait, avec ses moyens colossaux, devenir propriétaires d’autres clubs. Il faudra observer si cela concernera des clubs de haut niveau, comme par exemple l’Olympique de Marseille qui intéresse beaucoup en Arabie saoudite, où si le Fonds saoudien fera comme City Group, avec un club phare et d’autres moins prestigieux, où de jeunes joueurs pourraient progresser », analyse Vincent Chaudel, fondateur et président de l’Observatoire du foot business.
Les exemples qatari et émirati
Si les Saoudiens arrivent avec plusieurs années de retard sur leurs voisins des Émirats Arabes Unis, déjà acquéreurs de Manchester United, et du Qatar, propriétaire du Paris-SG, ils pourraient les rattraper rapidement. « Ils ont observé et ont vu que cela pouvait marcher, poursuit Vincent Chaudel. Ils s’intéressent notamment à Manchester City, qui vient de gagner la Ligue des Champions, et qui appartient à la Premier League anglaise, la plus suivie et la plus bankable au monde. Ajoutez-y une forme de revanche sur ces deux pays, plus petits et moins riches. C’est pour cela qu’il faut s’attendre, dans les prochains mois, à ce que des clubs européens passent sous pavillon saoudien ».
L’appétit des principaux clubs du royaume pour les joueurs évoluant en Europe pourrait laisser supposer que, dans la même logique, les potentiels investisseurs choisiront en priorité des clubs réputés et habitués aux compétitions continentales. « Si c’est un club anglais ou Marseille qui passe sous propriété saoudienne, on pourra le supposer. Pour l’instant, il est encore trop tôt, mais nous serons assez vite fixés. En Arabie saoudite, il y a certes le Fond souverain, mais aussi beaucoup de milliardaires qui peuvent acheter des clubs en Europe », conclut Vincent Chaudel.
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