De l’Afrique aux États-Unis en passant par l’Europe, condamnations unanimes du coup d’État au Niger
De nombreux chefs d’État africains et étrangers ont pris la parole pour soutenir Mohamed Bazoum, que des militaires putschistes ont annoncé avoir renversé le 26 juillet.
Ils sont dix officiers en treillis. Parmi eux, le colonel Amadou Abdramane qui, à la télévision nationale, en cette nuit du 26 au 27 juillet, annonce la création d’un Conseil national de sauvegarde de la patrie (CNSP) et la destitution de Mohamed Bazoum. Quelques heures plus tard, l’état-major des forces armées nigériennes annonçait se ranger derrière les putschistes.
Mercredi 26 juillet, dès les premières heures du coup d’État, certains présidents du continent avaient pris les devants et condamné le coup de force des putschistes contre leur homologue nigérien. En première ligne, le Nigérian Bola Tinubu, récemment élu à la tête de la Cedeao, et le Béninois Patrice Talon.
« Détermination absolue »
« Il doit être clair pour tous les acteurs de la République du Niger que le leadership de la région de la Cedeao et tous les amoureux de la démocratie dans le monde ne toléreront aucune situation qui mette hors d’état de nuire le gouvernement démocratiquement élu du pays », a déclaré Bola Tinubu le 26 juillet, réaffirmant le soutien « ferme » du Nigeria au Niger et, en tant que président de l’organisation régionale, « la détermination absolue des dirigeants [d’Afrique de l’Ouest] » pour préserver « l’ordre constitutionnel ».
Dès le 26 juillet, le chef de l’État nigérian a envoyé un avion pour tenter une médiation entre les mutins et l’exécutif de Bazoum. S’il ne faisait pas lui-même partie du déplacement, il a dépêché à Niamey son chef d’état-major et d’autres émissaires. Quant au président béninois, qui co-dirige la médiation de la Cedeao avec Tinubu, il devait partir pour le Niger jeudi 27 juillet au matin. Mohamed Bazoum, Patrice Talon et Umaro Sissoco Embaló s’étaient réunis le 18 juillet, au palais présidentiel d’Abuja, pour discuter avec Bola Tinubu de la sécurité régionale.
Macky Sall a lui aussi « [condamné] fermement le coup d’État militaire au Niger contre un président démocratiquement élu », dans un tweet publié le 26 juillet en début de journée. « La prise de pouvoir par la force est inacceptable. La sécurité et la sûreté du président Mohamed Bazoum et de sa famille doivent être préservées et l’ordre constitutionnel restauré », a ajouté le président sénégalais.
Réactions fermes
Le chef de l’État mauritanien, Mohamed Ould Cheikh El Ghazouani, a lui aussi pris la parole. C’est la première fois que Nouakchott condamne ouvertement un coup d’État, une exception qui pourrait s’expliquer par les relations amicales entre Ghazouani et Bazoum. « Le gouvernement mauritanien, tout en observant avec une grande inquiétude l’évolution de la situation dans ce pays frère, renouvelle son rejet absolu des changements anticonstitutionnels de gouvernements qui sont incompatibles avec l’acte constitutif de l’Union africaine », a déclaré le ministère des Affaires étrangères dans un communiqué, qui appelle « à des efforts concertés pour préserver la sécurité et la stabilité de la République du Niger et des ses institutions constitutionnelles ».
Depuis Saint-Pétersbourg, où le sommet Russie-Afrique a débuté ce 27 juillet, le président comorien Azali Asssoumani a lui aussi incriminé les mutins. « Je m’associe à l’UA et à ses communiqués pour condamner ce qui s’est passé au Niger et recommander la restauration de l’ordre constitutionnel et la libération du président Bazoum et de sa famille », a-t-il déclaré.
Le président de la commission de l’Union africaine, Moussa Faki Mahamat a, dès le 26 juillet après-midi, appelé à condamner le coup d’État. Le président burundais, Evariste Ndayishimiye, a lui aussi condamné le putsch et appelé « au calme et au retour à l’ordre constitutionnel ». En Algérie, le ministre des Affaires étrangères Ahmed Attaf a annoncé avoir communiqué par téléphone avec son homologue nigérien, Massaoudou Hassoumi, pour condamner à son tour le putsch.
Inquiétudes de la communauté internationale
Le porte-parole d’Antonio Guterres, le secrétaire général des Nations unies, a également fait une première déclaration le 26 juillet, appelant « tous les acteurs concernés à faire preuve de retenue et à assurer la protection de l’ordre constitutionnel ». Plus tard dans la soirée, le secrétaire général de l’ONU a condamné « avec la plus grande fermeté toute tentative de prise de pouvoir par la force et d’atteinte à la gouvernance démocratique à la paix ».
Le secrétaire d’État américain, Antony Blinken, s’est lui entretenu par téléphone avec Mohamed Bazoum le 26 juillet. Un communiqué du conseiller à la sécurité nationale de Joe Biden, Jake Sullivan, est paru le même jour, demandant « instamment aux éléments de la garde présidentielle de libérer le président Bazoum et de s’abstenir de toute violence », avant de se féliciter « des déclarations fermes et des mesures prises par la Communauté économique des États de l’Afrique de l’Ouest et l’Union africaine pour défendre la démocratie nigérienne ».
« Le Niger est un partenaire essentiel des États-Unis, a également déclaré Jake Sullivan. Nous partageons les mêmes valeurs en matière de démocratie et de droits de l’homme, et nous collaborons pour faire progresser la sécurité et la prospérité régionales. » Pour Washington, comme Paris, le Niger est un partenariat stratégique en Afrique de l’Ouest. Depuis le départ des forces françaises du Mali et du Burkina Faso, Niamey, qui abrite plusieurs forces américaines, est devenu la base de repli régionale des forces françaises.
De son côté, Emmanuel Macron n’a pas encore communiqué sur la situation au Niger. La diplomatie française s’était simplement dite « préoccupée par les évènements » et avait affirmé « [suivre] attentivement l’évolution de la situation » dans une déclaration publiée le 26 juillet, se rangeant derrière l’Union africaine et la Cedeao pour condamner les mutins.
C’est aussi le cas du ministère allemand des Affaires étrangères, qui a appelé à « libérer Bazoum » le 27 juillet. Le président du Conseil européen, Charles Michel, a affirmé sur Twitter s’être entretenu avec Mohamed Bazoum et lui avoir « assuré le plein soutien de l’Union européenne » qui condamne « fermement toute tentative de déstabilisation du Niger ».
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