Fusions-acquisitions : la fin d’un cycle ?

Dans les télécoms, de multiples annonces de cession et de rachat ont émaillé l’année 2013. Mais les spécialistes prédisent un reflux des investissements.

Etisalat a repris les 53 % de Maroc Télécom détenus par Vivendi. © Jean-Luc Grzeskowiak/AFP

Etisalat a repris les 53 % de Maroc Télécom détenus par Vivendi. © Jean-Luc Grzeskowiak/AFP

Publié le 21 novembre 2013 Lecture : 3 minutes.

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Télécoms : en ordre de bataille

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De Johannesburg à Tanger, banquiers et avocats spécialistes des fusions-acquisitions citent à l’unisson la même opération : la cession par Vivendi de sa part dans Maroc Télécom (53 %). Seul candidat en lice depuis le retrait du qatari Ooredoo, l’émirati Etisalat a trouvé, début novembre, un accord avec le groupe français et Rabat, qui conserve sa part de Fusac info30 %. « C’est la plus grosse transaction [3,9 milliards d’euros] de l’histoire du Maroc », se réjouit Vincent Le Stradic, responsable des télécoms chez Lazard, la banque d’affaires qui conseille Vivendi.

Vigueur

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Cet exemple illustre le regain de vigueur des fusions-acquisitions dans le domaine des télécoms après deux années d’accalmie. Du 1er janvier au 2 octobre 2013, leur volume s’élevait déjà à 8,2 milliards d’euros (+ 156 % sur un an), selon la plateforme de services financiers Dealogic. Soit 23,7 % du total des « fusac » en Afrique (contre 19,1 % en 2012), juste derrière le secteur des hydrocarbures.

Cas pratique avec le mastodonte Bharti Airtel, qui, en avril, a acquis la filiale de Warid Telecom en Ouganda pour environ 75 millions d’euros, avant de réitérer l’opération au Congo, il y a quelques jours, pour une somme pas encore divulguée. Côté lusophone, l’angolais Unitel, dirigé par Isabel dos Santos, s’est également illustré en décrochant, pour un montant confidentiel, la seconde licence à São Tomé e Príncipe, mettant ainsi fin au monopole de Portugal Telecom.

D’autres opérations sont sur les rails, comme la vente de Telma. On pensait le sud-africain MTN bien parti pour acheter l’opérateur malgache, mais c’est l’homme d’affaires local Mamy Ravatomanga qui tiendrait la corde. La cession des 35 % détenus par Emirates International Telecommunications dans l’opérateur historique Tunisie Télécom était aussi attendue, avant d’être reportée en raison des tensions politiques à Tunis. Parmi ceux qui avaient manifesté leur intérêt, des nouveaux venus en Afrique, comme le turc Turkcell et le sud-coréen KT. Ce dernier a récemment injecté plus de 100 millions d’euros dans une coentreprise avec Kigali pour la mise en place d’un réseau 4G qui couvrira d’ici à trois ans 95 % du territoire rwandais. « Des acteurs issus des pays émergents viennent pallier la frilosité des grands groupes occidentaux », constate l’avocat Hervé Castelnau, du cabinet Jones Day. Une nouveauté déjà observée au Cameroun, où le vietnamien Viettel a décroché en 2012 la troisième licence GSM.

Force de frappe

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Toutefois, ce mouvement pourrait s’essouffler. « Excepté pour certains groupes déjà présents sur le continent, nous allons sans doute assister à un ralentissement des nouveaux investissements étrangers. L’heure est davantage à la consolidation d’acteurs déjà bien implantés, prédit Vincent Le Stradic. C’est compliqué d’entrer sur ce marché très singulier et où les compagnies africaines existantes sont très compétitives. D’autant que les grands groupes du continent ne sont pas à vendre. Au contraire, je ne serais pas surpris qu’ils cherchent de la croissance externe à l’étranger. »

Les experts s’attendent donc à de petites opérations, par exemple au Bénin, en Côte d’Ivoire ou au Gabon. « Mieux vaut qu’il y ait des rachats plutôt que des disparitions », estime Rémy Fekete, avocat chez le cabinet français Gide Loyrette Nouel. Du côté sud-africain, Vodacom est en recherche active d’occasions d’achat, et MTN, qui a peu de dettes, jouit d’une force de frappe redoutable. Mais à l’avenir, c’est surtout dans les infrastructures télécoms que les fusac pourraient se multiplier. Après le Cameroun et la Côte d’Ivoire en 2012, MTN devrait céder son réseau de tours en Zambie et au Rwanda, pour un montant compris entre 75 millions et 150 millions d’euros, selon la société TMT Finance.

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Lire aussi :

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