À Kinshasa, des Jeux de la francophonie sous haute tension

Dépenses pharaoniques, problèmes de sécurité, crise avec le Rwanda… Décidées à démontrer que la RDC relèvera le défi des Jeux haut la main, les autorités congolaises parent à toutes les critiques.

L’une des installations des neuvièmes Jeux de la francophonie, à Kinshasa, le 25 juillet 2023. © Photo by ALEXIS HUGUET / AFP

Publié le 28 juillet 2023 Lecture : 3 minutes.

Une cérémonie à grand spectacle dans l’immense stade des Martyrs de Kinshasa doit donner ce vendredi soir le coup d’envoi des neuvièmes Jeux de la francophonie. Quatre-vingt mille spectateurs y sont attendus, pour voir défiler les trois mille jeunes sportifs et artistes venus d’une trentaine de pays engagés dans les compétitions et concours qui se déroulent pendant dix jours dans la capitale congolaise, plus grande ville francophone du monde avec environ seize millions d’habitants.

Des dizaines de millions de dollars

En plus de la parade des délégations et de leurs porte-drapeaux, il est prévu « un spectacle son et lumière qui va présenter le Congo qui change », a déclaré en début de semaine le porte-parole du gouvernement, Patrick Muyaya. Avec force briefings de presse et visites de terrain, les autorités se sont employées à démontrer que Kinshasa serait à la hauteur de l’événement, malgré les difficultés.

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Attribués en 2019 à la RDC, ces jeux auraient dû avoir lieu en 2021, quatre ans après ceux d’Abidjan. Mais ils ont d’abord été reportés à cause de la pandémie de Covid-19, puis de nouveau en 2022 parce que les équipements nécessaires n’étaient pas prêts. Car pour accueillir les sportifs, le pays a dû dépenser des dizaines de millions de dollars afin de réhabiliter des infrastructures ou de construire de nouvelles installations. Ces dépenses se sont ajoutées à l’effort de guerre fourni pour lutter contre les groupes armés dans l’est du pays, en particulier contre le M23.

Le gouvernement est peu disert sur le coût précis des jeux, mais il le présente comme un investissement pour l’avenir du pays et de sa jeunesse, qui pourra profiter de gymnases tout neufs ou de chambres réhabilitées sur le campus de l’université de Kinshasa. Même chose pour les ambulances achetées pour l’occasion, pour le nouveau matériel de la télévision nationale ou pour la formation en gestion des foules dont ont bénéficié des policiers.

Louise Mushikiwabo absente

Sans surprise, la crise rwando-congolaise engendrée par ce conflit s’est invitée aux jeux de Kinshasa, avec une polémique autour de la présence ou non à la cérémonie d’ouverture de la secrétaire générale de l’Organisation internationale de la francophonie (OIF), Louise Mushikiwabo, ancienne ministre rwandaise des Affaires étrangères.

Lundi, le gouvernement congolais avait annoncé sa venue. Mais sa porte-parole a indiqué le lendemain qu’elle ne viendrait pas parce qu’elle n’avait pas été invitée, ce qu’a répété mercredi l’administratrice de l’OIF, Caroline St-Hilaire, qui la remplace à Kinshasa.

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Le Québec réduit sa participation pour des raisons de sécurité

En plus des dépenses engagées pour le renforcement de son armée, l’État congolais doit aussi assurer cette année le financement des élections prévues en décembre, dans un climat tendu encore alourdi par l’assassinat de l’opposant Chérubin Okende, porte-parole du parti de Moïse Katumbi, le 13 juillet à Kinshasa.

Quelque 4 500 policiers et des éléments de la garde républicaine seront déployés

Les craintes pour la sécurité des délégations ont conduit certains pays, comme le Québec, à réduire leur participation, voire à renoncer à venir à Kinshasa. Les organisateurs ont très mal accueilli ces décisions, en affirmant que la sécurité était la première de leurs préoccupations et que toutes les mesures nécessaires étaient prises. Quelque 4 500 policiers et des éléments de la garde républicaine seront déployés, tandis qu’une entreprise privée est chargée de la sécurité des aires de jeux.

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Jusqu’au 6 août, les Jeux de la francophonie vont donner lieu à neuf compétitions sportives et à onze concours culturels. Les sports prévus sont le foot masculin (moins de 20 ans), le basket féminin (18-25 ans), l’athlétisme et le para-athlétisme, le cyclisme sur route, les luttes libre et africaine, le judo et le tennis de table. Le programme culturel comprend peinture, sculpture et photographie, chanson, danse, création numérique, littérature, contes, jonglerie avec ballon, marionnettes géantes et hip-hop.

(Avec AFP)

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