Coup d’État au Niger : Emmanuel Macron a échangé avec Mohamed Bazoum
Refusant d’accorder toute légitimité aux putschistes nigériens, la France parle de « tentative » de coup et « ne considère pas que les choses sont définitives ».
La France ne considère pas comme « définitive » la « tentative » de coup d’État au Niger, où des putschistes retiennent depuis le 26 juillet au soir le président « démocratiquement élu » Mohamed Bazoum, a déclaré ce vendredi la ministre française des Affaires étrangères, Catherine Colonna, évoquant des « possibilités de sortie ».
Emmanuel Macron a parlé à plusieurs reprises – et encore ce 28 juillet – à son homologue Mohamed Bazoum dont « nous demandons la libération », a-t-elle rapporté aux journalistes en marge d’une visite du président français en Papouasie-Nouvelle-Guinée.
Selon elle, le chef de l’État nigérien, « qui est le président démocratiquement élu », a dit au dirigeant français qu’il était « en bonne santé ». « Nous souhaitons non seulement qu’il soit libéré, mais aussi que lui et sa famille soient libérés en totale sécurité comme préalable au retour à l’ordre constitutionnel », a exhorté la ministre.
La junte, qui rassemble tous les corps de l’armée, de la gendarmerie et de la police, a suspendu les institutions, fermé les frontières terrestres et aériennes, et instauré un couvre-feu de 22 heures à 5 heures. Les putschistes ont accusé la France, dont 1 500 soldats sont présents au Niger, d’avoir enfreint la fermeture des frontières en faisant atterrir un avion militaire à l’aéroport international de Niamey. Et ont appelé « une fois pour toutes au respect strict des dispositions » prises par la junte.
La Cedeao en réunion au sommet
La Communauté économique des États d’Afrique de l’Ouest (Cedeao) « exige la libération immédiate du président Mohamed Bazoum, qui reste le président légitime et légal du Niger reconnu par la Cedeao ». Selon la cheffe de la diplomatie française, « la Cedeao va tenir une réunion au sommet, vraisemblablement dimanche ». « D’éventuelles sanctions pourraient être décidées », que la France soutiendra. Elle a réaffirmé que Paris condamnait « avec la plus grande fermeté la tentative de coup d’État », qui « n’a aucune légitimité ».
« Si vous m’entendez parler de “tentative de coup d’État”, c’est que nous ne considérons pas que les choses sont définitives », a encore déclaré la ministre, évoquant « des possibilités de sortie si les responsables de cette tentative entendent le message de la communauté internationale ».
Le putsch a été vivement condamné par la communauté internationale. Le secrétaire général de l’ONU, António Guterres, a fermement condamné un coup d’État qui « bénéficie seulement aux groupes terroristes » – une « tendance inquiétante » au Sahel. La Russie a souhaité la « libération rapide » de Mohamed Bazoum tandis que l’Allemagne a demandé à l’armée « de retourner dans ses casernes ». Le secrétaire d’État américain, Antony Blinken, a affirmé avoir « clairement » assuré le président nigérien du soutien des États-Unis, qui comptent environ 1 100 soldats dans le pays.
L’armée veut éviter « une confrontation meurtrière »
Après que les putschistes ont annoncé mercredi soir à la télévision nationale avoir renversé Mohamed Bazoum, au pouvoir depuis 2021, en raison de « la dégradation continue de la situation sécuritaire » et de « la mauvaise gouvernance économique et sociale », l’armée leur a apporté son soutien jeudi 27 juillet. « Le commandement militaire des Forces armées nigériennes » a « décidé de souscrire à la déclaration des Forces de défense et de sécurité » afin d’« éviter une confrontation meurtrière entre les différentes forces », indique un communiqué signé du chef d’état-major, le général Abdou Sidikou Issa.
Les putschistes ont annoncé « la suspension jusqu’à nouvel ordre des activités des partis politiques » et appelé « la population au calme », après des incidents lors d’une manifestation organisée à Niamey pour les soutenir, et pendant laquelle flottaient des drapeaux russes tandis qu’étaient scandés des slogans anti-français. L’immeuble du siège du Parti nigérien pour la démocratie et le socialisme (PNDS, au pouvoir), situé à quelques kilomètres du rassemblement, a été pillé et des voitures garées sur le parking brûlées. Une manifestation a également eu lieu à Dosso, à une centaine de kilomètres de la capitale.
(Avec AFP)
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