Au Congo, Noki Noki met la tech au service de l’express
Deux ans après la création, à Brazzaville, de sa start-up spécialisée dans la livraison et l’e-commerce, l’ingénieur Jonathan Yanghat développe de nouvelles applications et étend ses services à Dakar, Kinshasa et, à partir d’octobre, Libreville. Portrait.
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Dans l’univers des start-up, tout va très vite. Et Jonathan Yanghat n’a pas perdu de temps. À 32 ans, il est l’heureux patron de Noki Noki, qui signifie « vite vite », en lingala… Rapide, comme les services qu’apporte la petite entreprise depuis son lancement à Brazzaville, en 2021. Il faut dire que ce Congolais, né au pays mais qui a vécu en France jusqu’à ses 27 ans, n’en est pas à son coup d’essai.
Du geek au patron
À peine diplômé de l’École supérieure d’informatique de Paris (Sup Info, promo 2016), avec trois autres étudiants, il crée Just Website et s’amuse pendant un an et demi à concevoir des applications pour smartphone et des sites internet. L’entrepreneur en herbe cherche à intégrer différents incubateurs qui ont vu le jour en France et envisage d’entrer dans une grande école de management. Mais le décès de son père, en 2018, précipite son retour à Brazzaville. « Et tout se déclenche alors », résume Jonathan Yanghat, installé dans son grand bureau du quartier Batignolles, à côté de l’aéroport de Maya-Maya, dans le sud-ouest de Brazzaville.
Il passe ses premières années de « repat » en tant qu’ingénieur informaticien au sein du ministère de l’Économie et des Finances. Le temps de mieux appréhender un pays qu’il découvre et de faire quelques études de marché pour « préparer un autre avenir ». Et c’est exactement ce qui arrive avec la pandémie de Covid-19.
Jonathan Yanghat est en France quand survient le premier confinement, en mars 2020. Dès que celui-ci prend fin, il rentre à Brazzaville, elle aussi confinée. Les gens ne peuvent pas sortir et les services de livraison, qu’il a vu fonctionner en Europe, n’existent pas au Congo. « Le ravitaillement était très compliqué pour beaucoup de personnes », se souvient le jeune patron qui, en quelques mois, met en place un service de livraison de proximité.
Très rapidement, ses deux motos ne suffisent plus à répondre aux demandes du centre d’appels, débordé. Jonathan Yanghat profite du Salon international de la tech et de l’innovation de l’Afrique centrale (Osiane), rendez-vous annuel organisé à Brazza, pour convaincre quelques investisseurs privés et, en novembre 2021, faire de Noki Noki une société à part entière. Il commence alors à signer avec de grandes enseignes et lance des services de e-commerce – par ailleurs très appréciés des vendeurs ambulants qui, jusqu’alors, passaient par les taxis pour se faire livrer. L’édition 2022 de l’Osiane consacre son modèle économique en le couronnant du prix de la meilleure start-up de l’année. Il est alors temps d’aller se frotter à l’international. Quelques mois plus tard, Jonathan Yanghat se rend à Paris, au salon VivaTech, où, là encore, l’entreprise congolaise séduit et lève des fonds.
Depuis, Noki Noki a pris encore plus de vitesse. Après Brazzaville et Pointe-Noire, ses services sont désormais disponibles à Dakar, et ils le seront en octobre à Libreville, en attendant d’être développés, « un jour, à Abidjan, le big market ». Dans le même temps, l’entreprise complète sa gamme de prestations, avec le click & collect, et commence à sous-traiter la distribution de courrier, comme le fait DHL – « l’exemple à suivre », selon Yanghat. Il compte aujourd’hui une quarantaine d’employés au Congo (contre trois au début) et huit au Sénégal. Déjà présent à Kinshasa à travers un partenariat, Noki Noki a pour objectif de servir toute l’Afrique centrale, et même au-delà, « en accompagnant de grands opérateurs, comme Jumia, pour profiter de leur croissance », explique Jonathan Yanghat, qui ne semble pas près de ralentir le rythme.
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