La classe politique sénégalaise unanime rend hommage à Mamadou Dia

APA- Dakar (Sénégal) Rappelant la formule célèbre du patriarche :  »le Sénégal ne m’appartient pas, mais moi j’appartiens au Sénégal », Bamba Ndiaye, ancien proche compagnon de l’ancien Président du Conseil du Sénégal, disparu hier, a témoigné que Mamadou Dia  »s’est beaucoup investi » sur le plan physique comme intellectuel, pour le Sénégal.  »C’était un homme œcuménique, un homme total ».

Publié le 26 janvier 2009 Lecture : 3 minutes.

Mamadou Dia était  »un homme qui était très attaché à l’unité » du Sénégal et des Sénégalais,  »au-delà des divergences et des différences » entre communautés, a dit de lui le leader de l’Alliance des force de progrès (AFP, opposition), Moustapha Niasse. Il dirigeait les hommes avec un esprit  »d’ouverture et de tolérance », selon le leader de l’AFP qui a rappelé qu’il entendait également bâtir le développement du pays à travers les communautés de base, tout en s’attelant à  »une propagation intelligente des valeurs de base ». Selon l’ancien directeur général de l’UNESCO, Amadou Makhtar Mbow qui a travaillé sous ses ordres au sein du gouvernement issu de la loi-cadre, Mamadou Dia était un exemple de droiture, d’honnêteté et de patriotisme. Président du Conseil et chef du premier gouvernement indépendant du Sénégal, Mamadou Dia s’est engagé dès ses premiers jours de mandant, dans la transformation économique et sociale du pays, dans un contexte bicaméral, alors que Senghor, l’autre tête de l’exécutif, s’attelait surtout à représenter le Sénégal à l’extérieur et à le faire rayonner de son prestige personnel. Au fond, ce partage du pouvoir correspondait bien à la personnalité des deux personnages politiques : le premier, instituteur de formation, avait une connaissance inégalée du Sénégal des profondeurs qu’il connaissait très bien pour avoir pratiqué ses moindres villages du temps où il servait dans l’enseignement. Compagnon politique de Mamadou Dia, le second, poète et amoureux des belles lettres, faisait de la politique par défaut pourrait-on dire, sa passion étant surtout la culture en général qu’il a contribué à positionner au Sénégal envers et contre tout. Suivant une perspective qui lui a été inspirée par le père dominicain Michel Lebret, son maître à penser, Mamadou Dia mettait l’accent sur  »l’importance de trouver des voies originales permettant de se libérer des modèles des pays développés ». Il a ainsi été à l’origine de du premier Plan de développement économique et social du pays qu’il n’a pas pu totalement exécuter, du fait des  »évènements de 1962 » qui ont valu à Mamadou Dia de faire la prison. En décembre 1962, de profondes divergences l’opposent au président Senghor qui l’accusant de fomenter un coup d’Etat l’arrête et le jette en prison à Kédougou. Gracié en mars 1974 puis libéré, il est amnistié en avril 1976, un mois avant le rétablissement du multipartisme au Sénégal. La prison ne l’a pourtant jamais amené à renoncer à ses convictions. Il se lance à nouveau dans la politique en s’opposant à Senghor, puis à Abdou Diouf contre qui, il se présente à l’élection de 1983 sous la bannière du Mouvement démocratique populaire (MDP). Candidat malheureux, il fonde ensuite le Mouvement pour le socialisme et l’unité (MSU) avant de se retirer quelques années plus tard de la scène politique, non sans se priver de la possibilité d’intervenir, chaque fois que de besoin, dans le débat politique. A entendre les uns et les autres évoquer  »le Plan Dia » et regretter le fait qu’il n’ait pu mettre en pratique ses idées pour le Sénégal et en particulier pour le paysannat, l’Histoire, le meilleur des juges, semble avoir donné à Mamadou Dia une douche revanche, une réhabilitation morale qui fait qu’il n’est plus besoin de revenir sur les accusations selon certains infondées de ses adversaires politiques d’alors qui l’ont fait mettre en prison. Jusqu’au bout, Mamadou Dia aura cultivé un certain renoncement, un abandon total à Dieu, une certaine humilité. A preuve, d’après des membres de sa famille, le défunt ne souhaitait pas de funérailles nationales, mais a voulu simplement bénéficier de ferventes prières. Il a été inhumé dimanche après-midi au cimetière musulman de Yoff. Au-delà des vicissitudes de l’action politique, l’histoire retiendra notamment de lui que c’est lui qui a signé, le 04 avril 1960 avec Michel Debré, Premier ministre du général De Gaulle, les transferts de compétences consacrant l’accession du Sénégal à la souveraineté internationale.

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