Air France-KLM cherche le bon tempo

Après une forte augmentation de ses capacités en 2012 et 2013, Air France-KLM affiche aujourd’hui des ambitions plus raisonnables en Afrique. Tout en explorant de nouvelles pistes de développement en Afrique centrale et en Afrique de l’Est.

En 2012, Air France a accru ses capacités au sud du Sahara de 5 %. © AFP

En 2012, Air France a accru ses capacités au sud du Sahara de 5 %. © AFP

ProfilAuteur_ChristopheLeBec

Publié le 19 novembre 2013 Lecture : 4 minutes.

Le groupe franco-néerlandais viserait-il une position hégémonique sur le continent ? Patrick Alexandre, le nouveau patron de la direction commerciale monde d’Air France-KLM, qui connaît bien le terrain, tient à mettre les choses au point : « Air France a des ambitions à la hauteur du développement du continent, ni plus ni moins. La compagnie n’est certes pas nouvelle en Afrique, mais elle n’est pas non plus en terrain conquis. Elle y est implantée depuis soixante-dix-sept ans, avec aujourd’hui quelque 4 000 salariés pour Air France-KLM et Servair », rappelle celui qui dirigeait auparavant la filiale de restauration du groupe. « La concurrence s’est accrue sur le continent, c’est vrai. Corsair et Turkish Airlines ont multiplié les ouvertures de lignes, et Brussels Airlines est toujours bien présent. Mais ce ne sont pas nos concurrents qui déterminent notre stratégie », affirme-t-il.

Tarifs agressifs

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En 2012 pourtant, le groupe a accru ses capacités au sud du Sahara de 5 % et prévoit d’atteindre 8 % en 2013. Il a également rapproché ses tarifs de ceux, plus agressifs, de Corsair sur leurs destinations communes, avec des prix d’entrée à 547 euros environ pour un aller-retour entre Abidjan et Paris et à 558 euros pour un aller-retour Paris-Dakar en ce moment.

« l’Afrique restait prioritaire pour Air France-KLM »
Alexandre de Junia, PDG

Pour l’instant, les résultats sont en demi-teinte : au premier semestre, la recette par siège-kilomètre (l’unité de mesure des revenus dans le secteur aérien) dans cette région a baissé de 3,8 %.

« Ces chiffres sont conformes à nos attentes, nous avons préservé notre rentabilité. En faisant voler des appareils de plus grande capacité, nous avons diminué nos coûts, nos clients africains ont donc pu bénéficier de baisses de prix », relativise Patrick Alexandre, qui reconnaît avoir essuyé quelques déceptions, principalement en Afrique de l’Ouest.

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« En Côte d’Ivoire, la reprise du trafic n’a pas été aussi forte que nous l’avions escompté. Nous ne savons pas encore bien l’expliquer, tous les transporteurs sont touchés. Et en Guinée, les résultats de l’année sont en deçà de nos attentes », admet-il.

Dans le nord du continent, la situation du groupe n’est pas plus reluisante que celle de ses concurrents : « Cette région, en particulier l’Égypte, souffre de troubles politiques qui ont clairement atteint le marché », a constaté Philippe Calavia, directeur général adjoint aux finances du groupe, lors de la présentation des résultats semestriels, le 26 juillet.

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Malgré ces turbulences, Alexandre de Juniac, le PDG, a rappelé à la même époque que « l’Afrique restait prioritaire pour Air France-KLM ». Mais en ces temps de restructuration, l’expansion se veut raisonnable, tout en étant durable. « Nous n’avons pas la même attitude que d’autres compagnies, qui ne passent qu’un temps en Afrique et repartent rapidement en cas de difficulté. Quand Air France-KLM ouvre une ligne, c’est un engagement de long terme. En période de ramadan par exemple, nous ne réduisons pas la voilure », indique Patrick Alexandre. Certains concurrents comprendront…

Lufthansa : le « frère ennemi »

Pour continuer sa progression sur le continent, Air France-KLM étudie plusieurs autres pistes. En Afrique centrale d’abord, où le groupe veut profiter du retrait de Lufthansa – le frère ennemi européen – du Gabon et du Congo. « Pour 2014, nous préparons – sous réserve de l’accord des autorités gabonaises – l’ouverture d’une ligne vers Port-Gentil en plus du vol quotidien Paris-Libreville. Et nous allons renforcer nos cadences vers Pointe-Noire en passant de cinq à six vols par semaine », explique Patrick Alexandre, qui évoque également le projet de desservir Lubumbashi, la capitale minière de la RD Congo.

En Afrique de l’Ouest ensuite, le directeur commercial reste offensif : « À Abidjan, nous ambitionnons de faire voler un A380 régulièrement, la taille de la piste est suffisante. Manquent seulement quelques aménagements. » Patrick Alexandre avoue étudier également les possibilités offertes par le Nigeria, eldorado potentiel.

Pour en savoir plus sur Air France-KLM : 

Pour Air France-KLM, pas question d’abandonner l’Afrique
Air France se renforce en Afrique centrale
Pierre Descazeaux, Air France : « Je ne crois pas au low-cost sur le continent »
Air France met les gaz à Abidjan

Sur le secteur aérien en Afrique : 

Dossier aérien : les aéroports africains décollent-ils ?
Afrique de l’Ouest : accord interline entre Corsair et Emirates
L’Afrique, cible des avionneurs au salon du Bourget
Brussels Airlines joue sa survie en Afrique

Enfin, dans l’est et le sud du continent, où KLM est plus présent qu’Air France, le groupe compte renforcer ses liens avec Kenya Airways, dont il détient 26 %. « Nous observons avec intérêt ce que ce groupe fait dans la sous-région, ainsi que Jambo Jet, sa filiale à bas coûts », précise Patrick Alexandre. En septembre, à Nairobi, il a rencontré Titus Naikuni, le PDG de la compagnie kényane, pour évoquer plusieurs projets de partenariats.

Une stratégie crédible

Compte tenu de la faiblesse du trafic et des taxes élevées, le modèle low cost – au sens où on l’entend en Europe, c’est-à-dire avec de nombreuses rotations et des gros-porteurs – n’est pas adapté à l’Afrique subsaharienne francophone, selon Patrick Alexandre.

Mais Air France-KLM pourrait participer au développement de ce modèle en Afrique de l’Est, où le nombre de touristes est élevé. Par exemple en venant en appui à une compagnie locale comme Kenya Airways, quitte à employer des avions de plus petite taille. En attendant qu’une stratégie crédible se dégage sur ce type de marché, Air France continue à parier sur le long-courrier haut de gamme, segment le plus rentable de ses vols africains.

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