Maroc : d’Alger à la Palestine, les vérités de Mohammed VI

Lors du discours qu’il a prononcé à l’occasion du 24e anniversaire de la fête du Trône, le roi Mohammed VI a prié pour un retour à la normale avec « le peuple frère algérien ». Et réaffirmé le soutien du Maroc à la Palestine.

Mohammed VI lors de son discours à l’occasion de la Fête du Trône, le 29 juillet 2023. © MAP

Soufiane Khabbachi. © Vincent Fournier pour JA

Publié le 31 juillet 2023 Lecture : 4 minutes.

Samedi 29 juillet, le roi Mohammed VI a prononcé son discours annuel à l’occasion du 24e anniversaire de la fête du Trône. Une prise de parole qui revêt une importance toute particulière alors que la décision a été prise, le 30 juin dernier, de mettre fin à l’intervention royale de la fête de la Révolution, du roi et du peuple célébrée le 20 août.

Le souverain marocain est revenu sur certains grands chantiers sur lesquels planche actuellement le royaume, à commencer par ceux de la protection sociale et de l’hydrogène vert. Engagé depuis plusieurs années dans un ambitieux plan de généralisation de la protection sociale, Mohammed VI a ainsi déclaré que nombre de ces prestations sociales, « pilier essentiel [du] modèle de développement », seront distribuées aux ménages concernés « à la fin de l’année en cours ».

la suite après cette publicité

Le roi a ensuite appelé le gouvernement à accélérer ses travaux pour le développement de l’hydrogène vert au Maroc, afin de « répondre au mieux aux projets portés par les investisseurs mondiaux dans cette filière prometteuse ».

« Nos deux peuples frères »

Mohammed VI a également profité de son allocution pour réitérer sa politique de « main tendue » vers l’Algérie. « Nous prions le Très-Haut pour un retour à la normale et pour une réouverture des frontières entre nos deux pays voisins et nos deux peuples frères », a-t-il notamment déclaré.

Pour rappel, les frontières entre le Maroc et l’Algérie sont fermées depuis 1994. En 2021, Alger décidait unilatéralement de rompre les relations diplomatiques avec Rabat et de fermer son espace aérien aux avions marocains. Ramtane Lamamra, le ministre algérien des Affaires étrangères de l’époque, avait justifié la décision des autorités algériennes en évoquant une série « d’actions hostiles », en particulier la normalisation des relations entre le royaume marocain et Israël.

Conscient que rétablir les relations diplomatiques permettrait d’exploiter pleinement le potentiel de coopération entre les deux pays, le Maroc rappelle régulièrement sa volonté de réconciliation avec l’Algérie. Lors de son discours, le roi Mohammed VI a ainsi assuré que l’Algérie et son peuple « n’auront jamais à craindre de la malveillance de la part du Maroc », avant de rappeler les « liens d’affection et d’amitié » existant entre les deux pays.

la suite après cette publicité

L’épineux dossier du Sahara

Mais ces tentatives d’apaisement du roi Mohammed VI peuvent-elles trouver un écho à l’est ? À court terme, cela semble peu probable, tant l’épineux dossier du Sahara, au cœur de la fracture entre les deux pays, semble figé et dépourvu de toute perspective d’amélioration.

Profondément enlisée depuis des années, la situation a empiré à la suite de la rupture du cessez-le-feu avec le Maroc décrétée en 2020 par le Front Polisario. Et le 29 décembre 2022, le président algérien Abdelmadjid Tebboune déclarait, dans une interview au quotidien français Le Figaro, que l’Algérie avait rompu les relations diplomatiques « afin de ne pas faire la guerre ».

la suite après cette publicité

Une position « inébranlable » sur la Palestine

Depuis qu’il a entrepris de normaliser ses relations avec Israël en 2020, dans le cadre des accords d’Abraham, et bien que Mohammed VI, président du comité Al-Qods, ait toujours rappelé son attachement à la cause palestinienne, le royaume doit faire face, en interne comme à l’extérieur, à des critiques négatives de la part de défenseurs radicaux de la cause palestinienne, pour lesquels aucun rapprochement avec Israël n’est envisageable. Parmi eux l’Algérie. Ainsi, lors de l’annonce de la normalisation des relations entre Tel-Aviv et Rabat, en décembre 2020, le Premier ministre algérien Abdelaziz Djerad avait dénoncé « l’arrivée de l’entité sioniste » aux portes de l’Algérie.

Plus récemment, à la suite de la décision du gouvernement israélien de Benyamin Netanyahou, le 17 juillet, de reconnaître la souveraineté du Maroc sur le Sahara occidental, Alger a dénoncé une « violation flagrante » du droit international, assurant au passage que celle-ci constituait « un nouveau maillon de la politique de fuite en avant adoptée par l’occupation marocaine ».

Sur le plan intérieur, si la ligne du Maroc consistant à normaliser ses relations avec Israël sans pour autant renier son engagement aux côtés des Palestiniens, a été assez largement acceptée par les citoyens marocains, elle n’en a pas moins suscité quelques critiques, notamment au sein des milieux les plus conservateurs.

Au mois de mars, le palais royal a d’ailleurs recadré sèchement Abdelilah Benkirane, le secrétaire général du Parti de la justice et du développement (PJD), à la suite de propos qu’il a tenus lors d’une réunion interne, au cours de laquelle il a accusé le ministre des Affaires étrangères, Nasser Bourita, « de défendre l’entité sioniste dans certaines réunions africaines et européennes ».

Autant d’épisodes qui ont incité le roi à rappeler l’engagement du royaume sur cette question. « Avec le même sérieux et une égale intransigeance, nous réitérons la position inébranlable du Maroc en faveur de la cause palestinienne juste et des droits légitimes du peuple palestinien frère », a-t-il déclaré.

La Matinale.

Chaque matin, recevez les 10 informations clés de l’actualité africaine.

Image

La rédaction vous recommande

Entre le Maroc et l’Algérie, l’UMA de la discorde

Contenus partenaires