Assimi Goïta et Ibrahim Traoré affichent leur soutien au général Tiani face à la Cedeao
Dans un communiqué, les colonels putschistes précisent qu’ils refusent d’appliquer les sanctions décrétées par la Cedeao et qu’ils pourraient quitter l’organisation de la sous-région.
Le Burkina Faso et le Mali dirigés par des militaires ont mis en garde lundi contre toute intervention militaire au Niger pour rétablir Mohamed Bazoum, président renversé par un putsch, affirmant qu’elle serait considérée « comme une déclaration de guerre » à leurs deux pays.
Cette mise en garde survient au lendemain de la menace d’usage de « la force » proférée par les dirigeants ouest-africains, soutenus par leurs partenaires occidentaux, dont la France, ex-puissance coloniale dans la région, accusée par les militaires qui ont pris le pouvoir au Niger de vouloir « intervenir militairement ».
« Sanctions illégales, illégitimes et inhumaines »
Dans un communiqué commun, les gouvernements du Burkina et du Mali « avertissent que toute intervention militaire contre le Niger serait considérée comme une déclaration de guerre contre le Burkina Faso et le Mali ».
Ils « préviennent que toute intervention militaire contre le Niger entraînerait un retrait du Burkina Faso et du Mali de la Cedeao, ainsi que l’adoption de mesures de légitime défense en soutien aux forces armées et au peuple du Niger ». Ils ajoutent qu’ils « refusent d’appliquer » les « sanctions illégales, illégitimes et inhumaines contre le peuple et les autorités nigériennes » décidées à Abuja.
Le 30 juillet, les dirigeants de la Cedeao ont fixé un ultimatum d’une semaine à la junte militaire au Niger pour un « retour complet à l’ordre constitutionnel », affirmant ne pas exclure un « recours à la force » si ce n’était pas le cas. Ils ont également décidé de « suspendre toutes les transactions commerciales et financières » entre ses États membres et le Niger, et de geler les avoirs des responsables militaires impliqués dans le coup d’État.
Les pressions pour pousser les auteurs du putsch du 26 juillet à rétablir rapidement « l’ordre constitutionnel » s’accumulent, venant de l’ensemble des partenaires occidentaux et africains du Niger, pays jugé essentiel dans la lutte contre les groupes jihadistes qui ravagent certaines parties des pays du Sahel depuis des années.
« Ne pas tomber dans le panneau »
La France et les États-Unis, notamment, y déploient respectivement 1 500 et 1 100 soldats qui participent à la lutte anti-jihadiste. La France, soutien indéfectible du président Bazoum, apparaît comme la cible privilégiée des militaires qui l’ont renversé. Ils l’ont accusée de vouloir « intervenir militairement », ce qu’a démenti la cheffe de la diplomatie française, Catherine Colonna.
« C’est faux », a-t-elle déclaré sur la chaîne française BFMTV. « Il faut démonter les intox et ne pas tomber dans le panneau », a-t-elle également déclaré à propos des slogans anti-français qui ont notamment fleuri lors d’une manifestation devant l’ambassade de France à Niamey dimanche.
La France a salué « les décisions prises par les chefs d’État » de la Cedeao rassemblés à Abuja, une réunion à laquelle a également participé le dirigeant tchadien Mahamat Idriss Déby Itno, dont le pays n’est pas membre de l’organisation ouest-africaine.
« Arrestations abusives »
L’Union européenne (UE) a prévenu qu’elle tiendrait les putschistes responsables « de toute attaque à l’encontre de civils, et de personnel ou installation diplomatiques » et « appuiera rapidement et résolument » les décisions de la Cedeao. L’Allemagne et l’Espagne ont annoncé suspendre leur aide au Niger.
La Russie de son côté, dont le drapeau a été agité par des manifestants pro-junte à Niamey, a appelé « à un rétablissement au plus vite de la légalité dans le pays » et « à la retenue ».
Le Parti nigérien pour la démocratie et le socialisme (PNDS, au pouvoir), a dénoncé les « arrestations abusives » de quatre ministres – Intérieur, Pétrole, Mines et Transports -, d’un ancien ministre et du chef du parti, dans un communiqué transmis lundi à l’AFP. Des sources proches de la présidence ont également fait part de l’arrestation du ministre de l’Enseignement supérieur. L’UE a également condamné ces arrestations et exigé la libération immédiate des ministres du gouvernement déchu.
(Avec AFP)
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