Ce qu’il faut savoir sur Asisat Oshoala, la « Seedorf » du foot féminin africain

Buteuse star des Super Falcons, la footballeuse est l’une des pièces maîtresses du Nigeria lors de la Coupe du monde de football. Portrait d’une joueuse hors normes, qui pourrait permettre à son pays de se hisser en quarts.

La footballeuse nigériane Asisat Oshoala, lors du match Australie-Nigeria, pendant la Coupe du monde de football féminin, le 27 juillet 2023 à Brisbane. © JUSTIN SETTERFIELD/Getty via AFP

Alexis Billebault

Publié le 6 août 2023 Lecture : 3 minutes.

Un pas de plus vers la finale, voire la Coupe ? Les Super Falcons du Nigeria se sont qualifiées pour les huitièmes de finale de la Coupe du monde féminine, lors desquelles elles affronteront l’Angleterre, lundi 7 août à Brisbane, en Australie. L’équipe féminine nigériane, la meilleure du continent, avait déjà réalisé un beau parcours lors du Mondial 2019 en France, avant d’être éliminée en huitième de finale.

Cette fois encore, la compétition démarre sous de bons augures, avec un succès face à l’Australie (3-2), et deux matches nuls contre le Canada (0-0) et l’Irlande (0-0). Cette réussite, le Nigeria le doit notamment à Asisat Oshoala. L’attaquante est sans conteste la meilleure joueuse du groupe – elle affiche 29 buts en sélection – et ses prouesses en tant que buteuse du FC Barcelone nourrissent les espoirs des supporters nigérians.

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Le football, et rien d’autre

Asisat Oshoala est née le 9 octobre 1994 à Ikorodu, banlieue surpeuplée de Lagos, au sein d’un famille yoruba musulmane. Son père, Alhaji, est polygame. C’est avec une de ses épouses, Alhaja, qu’il a eu Asisat. Elle a également cinq frères et sœurs. Si beaucoup de ses coéquipières en sélection ont grandi dans une certaine précarité, elle a, au contraire, connu une enfance relativement confortable.

Ses parents, commerçants dans des domaines aussi divers que la mode et l’or, ont ainsi pu financer les études de plusieurs de leurs enfants à l’université de Lagos. La jeune Asisat étaient d’ailleurs promise à suivre le même parcours et à intégrer ensuite les affaires familiales. C’était sans compter sa volonté farouche de faire une carrière professionnelle dans le football, au grand dam de ses parents.

Dès l’âge de 15 ans, Asisat Oshoala décide de consacrer sa vie au football. Réputée pour son caractère affirmé, la footballeuse débute sa carrière dans deux clubs locaux, Robo Queens et Rivers Angels. C’est dans ce dernier, basé à Port-Harcourt, que la jeune attaquante, loin de sa famille, se fait remarquer en empilant les buts et les titres (un championnat et une coupe), et en gagnant quelques nairas. Les Anglais de Liverpool décident de la transférer en 2015.

Europe-Chine, l’aller-retour gagnant

Alors qu’elle évolue toujours dans son pays, Asisat Oshoiala dispute la Coupe du Monde des moins de 20 ans au Canada en 2014, année faste pour la jeune joueuse. Le Nigeria atteint cette année-là la finale face à l’Allemagne, et l’attaquante termine meilleure scoreuse de la compétition, avec sept buts inscrits. Toujours en 2013, elle remporte la Coupe d’Afrique des nations avec la sélection A. Elle y inscrit quatre buts et est, là encore, élue meilleure joueuse de la compétition. Des performances qui ne passent pas inaperçues en Europe, et notamment en Angleterre.

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À Liverpool d’abord, à Arsenal ensuite, Oshoala ne s’impose pas totalement. En 2017, elle décide de signer en Chine, à Dalian Quanjian. Sa carrière y prend une autre dimension. Elle y gagne plus d’argent, joue régulièrement. Et marque beaucoup de buts. Assez pour qu’en 2018, les Européens tournent à nouveau le regard vers elle. Cette année-là, le FC Barcelone lui propose de revenir sur le Vieux-Continent. Après un an en Asie, Asisat Oshoala refait ses valises, direction l’Espagne.

« Seedorf »

Meilleure sélection d’Afrique, le Nigeria a remporté onze fois la CAN, dont trois avec Oshoala en 2014, 2016 et 2018. Parmi ses autres titres collectifs, la footballeuse, l’une des joueuses africaines les plus titrées collectivement, a remporté deux championnats et deux Ligues des Champions avec le FC Barcelone, une Coupe d’Angleterre avec Arsenal, et un championnat de Chine.

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Au niveau individuel, celle que l’on surnomme « Seedorf », du nom de l’ancien international néerlandais et ex-sélectionneur du Cameroun Clarence Seedorf, a été élue cinq fois meilleure joueuse africaine. En 2015, la BBC lui a décerné le prix de la meilleure joueuse mondiale et elle a terminé en tête du classement des meilleures buteuses en Espagne en 2021-2022.

Un but contre la Suède (3-3) en 2015, un autre face à la Corée du Sud en 2019, et un troisième lors de la victoire face à l’Australie (3-2), le 27 juillet dernier : Asisat Oshoala a réussi la performance de marquer un but à chaque phase finale de Coupe du Monde, ce qu’aucune Africaine n’avait fait avant elle. Elle peut encore espérer améliorer ses statistiques face à l’Angleterre, et même au-delà, si les Super Falcons remportent la victoire.

Asisat Oshoala, très populaire dans son pays, voit sa notoriété largement dépasser les frontières du Nigeria. En 2014, l’attaquante avait été décorée de l’Ordre du Nigeria par Goodluck Jonathan, alors président de la République. Une célébrité qu’elle met au service de la fondation qu’elle a créée en 2019, dont la principale des missions est de favoriser l’autonomisation des footballeuses africaines, et principalement subsahariennes.

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