« Génocidaire », « analphabète » : les injures fusent entre Musk et Malema

En Afrique du Sud, le chef du parti Economic Freedom Fighters et le directeur de Tesla échangent des noms d’oiseaux, à la suite de la polémique sur le chant « Kill the Boer ».

© Damien Glez

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Publié le 5 août 2023 Lecture : 2 minutes.

Effet des records de température ? L’été africain est nerveux, et pas seulement dans l’ouest du continent. Le 29 juillet dernier, dans le township sud-africain de Soweto, au meeting du parti de gauche radicale Economic Freedom Fighters (EFF), le leader de la formation, Julius Malema, entonnait, en sautillant, « Shoot to kill, Kill the Boer, Kill the farmer » (Tirez pour tuer, tuez le boer, tuez le fermier). Hérité d’une époque de résistance à l’apartheid, le chant invite à occire les descendants des premiers colons européens.

Le 31 juillet, sur son réseau Twitter rebaptisé « X », le natif de Pretoria Elon Musk interpelle le président Ramaphosa sur son silence et interprète la prestation de la chorale rouge comme un encouragement ouvert au « génocide des blancs en Afrique du Sud »…

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Plainte de l’Alliance démocratique

48 heures plus tard, lors d’un point-presse, l’enfant terrible de la politique sud-africaine qualifie le patron de SpaceX et de Tesla d’« analphabète », ajoutant : « Pourquoi devrais-je éduquer Elon Musk ? ». Même si l’anachronisme du caractère violent d’un chant galvanisant est parfois défendu, au titre de l’invocation d’autres temps –comme c’est le cas avec La Marseillaise française–, c’est dans l’Afrique du Sud d’aujourd’hui que le leader politique active les rouages racistes en concluant que « la seule chose qui protège » Musk « est sa peau blanche »…

La polémique ne suscite pas qu’un bras de fer entre deux personnalités réputées fantasques. À moins d’un an d’élections à l’issue desquelles les cartes politiques sud-africaines pourraient être rebattues, le principal parti d’opposition, l’Alliance démocratique (DA), n’exclut pas de porter plainte contre l’exhumation du chant controversé.

Une plainte qui ferait écho à d’autres procédures judiciaires liées au chant incendiaire. En 2022, un tribunal jugeait que « Kill the Boer » ne constituait pas un discours de haine et Julius Malema invite Elon Musk à visionner, sur YouTube, « un clip complet de l’audience ». Si le leader du EFF considère que « cette affaire est close » et qu’il n’a « pas de temps à perdre avec des bêtises », une procédure d’appel est pourtant toujours en cours.

Si l’on en croit certains observateurs de la politique sud-africaine, le Congrès national africain (ANC) pourrait perdre les manettes législatives et exécutives, pour la première fois depuis la présidence de Nelson Mandela. En bisbille avec cette formation qui enfanta sa carrière, Malema, déjà provocateur de nature, use du buzz sans scrupule. Et si Elon Musk tentait de bâillonner le politicien sur X, il pourrait booster davantage sa notoriété. En 2021, Julius Malema avait brandi sa suspension temporaire de Twitter comme un trophée…

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