Dette : pourquoi la Zambie est un exemple à suivre

Le ministre zambien des Finances, Situmbeko Musokotwane, revient sur les conditions qui ont permis la signature d’un accord entre Lusaka et ses créanciers, espérant que ce processus puisse faire des émules.

Le président de la Zambie, Hakainde Hichilema, rencontre la directrice générale du FMI, Kristalina Georgieva, à Lusaka, le 23 janvier 2023. © IMF Photo/Kim Haughton/Handout via REUTERS

Le président de la Zambie, Hakainde Hichilema, rencontre la directrice générale du FMI, Kristalina Georgieva, à Lusaka, le 23 janvier 2023. © IMF Photo/Kim Haughton/Handout via REUTERS

Situmbeko Musokotwane© Facebook Situmbeko Musokotwane © Facebook Situmbeko Musokotwane

Publié le 7 août 2023 Lecture : 4 minutes.

Le 22 juin, après de longues négociations, la Zambie a conclu avec ses créanciers institutionnels un accord de restructuration de sa dette portant sur 6,3 milliards de dollars. Un résultat historique, qui réduit le fardeau de la dette du pays d’environ 40 % et constitue une étape importante vers le rétablissement de la viabilité de la dette à long terme et la revitalisation de l’économie du pays.

Il s’agit d’un moment charnière pour la Zambie et d’une évolution positive pour l’économie mondiale, alors que l’endettement au niveau mondial a atteint le montant stupéfiant de 235 milliards de dollars et que nombreux pays en développement sont au bord du défaut de paiement.

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Unir des créanciers divers

Certains de ces pays ont connu une augmentation marquée de la pauvreté alors qu’ils luttent contre une véritable tempête de facteurs macroéconomiques : les conséquences de la pandémie de Covid-19, les catastrophes naturelles provoquées par le changement climatique et les fluctuations des prix des produits de base. Ces problèmes étranglent des économies qui croulent déjà sous le poids de la dette. Mais l’accord conclu par la Zambie montre qu’il y a une lumière au bout du tunnel pour ces pays.

Tout d’abord, la coopération internationale a fonctionné, et le cadre commun du G20, que la Zambie a été le premier pays à solliciter, s’est avéré capable d’alléger la dette. Rappelons que ce cadre commun est novateur en ce sens qu’il reflète les changements intervenus dans le paysage mondial des créanciers en intégrant des prêteurs non membres du Club de Paris, tels que la Chine, l’Inde, l’Arabie saoudite, le Koweït et la Turquie, ainsi que des créanciers privés qui participent à des conditions comparables afin d’assurer un partage équitable de la charge.

les pays qui espèrent un allégement de leur dette doivent mettre de l’ordre dans leur propre maison

Il n’a pas été facile de réunir une telle diversité de parties prenantes, et cela a pris du temps. À tel point que certains se sont demandé si le mécanisme pouvait fonctionner. Mais cela a fini par payer.

La deuxième leçon à retenir pour les pays qui espèrent un allégement de leur dette est qu’ils doivent mettre de l’ordre dans leur propre maison. Cela signifie qu’il faut mener des réformes ambitieuses pour reprendre le contrôle des finances publiques, jeter des bases solides pour la reprise économique et gagner la confiance des créanciers.

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Réformes ambitieuses

La Zambie a ainsi dû jouer son rôle. Aussitôt entrée en fonction, l’administration du président Hakainde Hichilema s’est empressée de mettre en œuvre une série de réformes visant à améliorer la gestion des finances publiques et à empêcher la répétition des erreurs passées, qui ont conduit à un endettement insoutenable.

Nous avons ainsi introduit une législation qui garantit la transparence et la responsabilité de tous les emprunts publics, développé des mécanismes de gestion financière pour un contrôle prudent des dépenses et renforcé l’indépendance de la Banque centrale.

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Certains de ces changements, comme l’annulation des subventions sur les carburants, étaient difficiles et politiquement impopulaires à court terme. Mais elles ont déjà produit des résultats. Notre monnaie a enregistré l’une des meilleures performances de la région subsaharienne malgré les pressions macroéconomiques en 2022, et nous espérons atteindre une croissance du PIB d’au moins 4 % en 2023.

Ces réformes ont également démontré à nos créanciers et à nos partenaires que nous sommes déterminés à assurer la viabilité de la dette à long terme et à stimuler la croissance.

la restructuration de la dette souveraine est un marathon, pas un sprint

Le troisième enseignement est que la transparence et l’engagement à respecter le principe du traitement comparable [entre créanciers publics et privés] sont essentiels pour parvenir à un accord avec les créanciers. La Zambie s’est engagée de manière proactive et de bonne foi avec tous ses créanciers – multilatéraux, officiels et privés.

Nous avons toujours fait de notre mieux pour répondre aux questions importantes de nos créanciers et placé la comparabilité du traitement et l’ouverture à des solutions créatives au centre de notre approche.

Marathon

Mais la restructuration de la dette souveraine est un marathon, pas un sprint. Si nous nous réjouissons de la dernière avancée, nous reconnaissons que le voyage n’est pas encore terminé. Il reste encore beaucoup à faire pour finaliser un accord comparable avec nos créanciers privés et faire en sorte que la Zambie continue à respecter les engagements pris dans le cadre de notre programme de réformes. Toutefois, nous sommes convaincus que le maintien des valeurs de transparence et de comparabilité du traitement nous aidera à parvenir rapidement à un tel accord.

Alors que de nombreux pays sont confrontés au surendettement, les progrès de la Zambie sont des progrès pour tous. Notre exemple montre que lorsque les pays font le dur travail de la réforme économique et s’engagent de manière proactive avec tous les créanciers, et lorsque la communauté internationale s’unit, des solutions peuvent être trouvées.

Nous espérons que d’autres pays lourdement endettés pourront suivre la voie tracée par la Zambie et se réapproprier leur propre avenir économique afin d’assurer la prospérité de leur population.

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