Gims, Bigflo et Oli boycottent la Tunisie pour son traitement indigne des migrants
Afin de dénoncer le sort des clandestins, des stars du paysage musical français ont annulé les concerts qu’elles devaient donner en territoire tunisien.
-
Damien Glez
Dessinateur et éditorialiste franco-burkinabè.
Publié le 4 août 2023 Lecture : 2 minutes.
Préoccupation des défenseurs des droits humains, la question du refoulement des migrants subsahariens par les forces de sécurité tunisiennes aux frontières libyenne ou algérienne se gagne le terrain artistique. Et l’indignation commence à s’exprimer sur les rives méditerranéennes ciblées par lesdits clandestins. Accusé d’avoir oublié son engagement originel, le rap-variété de France semble retrouver son mojo, via le levier du boycott.
Le 30 juillet dernier, sur Instagram, c’est Gims, Congolais arrivé en France à l’âge de 2 ans, qui annonçait l’annulation de son concert prévu le 11 août à Djerba dans le cadre du festival Urban Music Fest. Le 2 août, les frères BigFlo et Oli – nés d’un père argentin et d’une mère française aux racines algériennes – parlaient d’un « report » de la prestation scénique prévue le soir même au Festival international de Carthage.
« Détresse extrême »
L’ancien membre du collectif Sexion d’Assaut expliquait ne pas vouloir se rendre en Tunisie en raison de l’expulsion de migrants par les autorités locales : « Des enfants, des femmes, des hommes […] vivent dans des conditions inhumaines. […] Je ne sais pas où sont les solutions. Mais cette détresse extrême est insoutenable… »
Même son de cloche, toujours sur Instagram, du côté du duo toulousain : « Nous ne voulons pas faire le show à Carthage ce soir en ayant connaissance de la situation actuelle. » Dans la chanson Rentrez chez vous !, Bigflo & Oli imaginaient une inversion du paradigme migratoire actuel, sur le modèle du film Africa paradis, de Sylvestre Amoussou.
À la suite d’affrontements qui causèrent la mort d’un Tunisien, le 3 juillet dernier, des migrants ont été expulsés de la ville de Sfax, puis abandonnés à la frontière, en pleine canicule, sans eau, sans nourriture et sans abri. En quelques jours, des centaines de clandestins auraient été secourus par des gardes-frontières libyens. Mais en même temps que la politique en matière d’immigration du président tunisien, Kaïs Saïed, semble se durcir, le gouvernement de Tripoli a fait savoir qu’il refusait une « réinstallation » sur son territoire des clandestins en provenance de Tunisie.
Un porte-parole du secrétaire général de l’ONU s’est insurgé : « Plusieurs sont morts à la frontière avec la Libye et des centaines, dont des femmes enceintes et des enfants demeurent, selon nos informations, coincés dans des conditions extrêmement difficiles. » Coup d’épée dans le sable du désert ?
Il reste à savoir quel impact pourront avoir les rappeurs de France sur le sort des migrants ballottés. Les aficionados maghrébins du rap, eux, vont de désillusion en désillusion. Le 6 juin, les autorités marocaines annulaient un concert de Booba, mis en cause pour sexisme sur les réseaux sociaux.
La Matinale.
Chaque matin, recevez les 10 informations clés de l’actualité africaine.
Consultez notre politique de gestion des données personnelles
Les plus lus – Culture
- Algérie : Lotfi Double Kanon provoque à nouveau les autorités avec son clip « Ammi...
- Stevie Wonder, Idris Elba, Ludacris… Quand les stars retournent à leurs racines af...
- RDC : Fally Ipupa ou Ferre Gola, qui est le vrai roi de la rumba ?
- En RDC, les lampions du festival Amani éteints avant d’être allumés
- Bantous : la quête des origines