Expulsé par le Sénégal, l’avocat Juan Branco de retour en France
Écroué dimanche à Dakar, le Franco-Espagnol a été libéré lundi 7 août sous contrôle judiciaire avant d’être expulsé, ont indiqué les autorités sénégalaises et ses avocats. Il a atterri à Paris ce 8 août.
Juan Branco, entré irrégulièrement au Sénégal il y a plusieurs jours pour participer à la défense de l’opposant Ousmane Sonko malgré un mandat d’arrêt émis contre lui, avait été arrêté vendredi soir en Mauritanie après plusieurs jours de recherches. Il avait été remis aux autorités sénégalaises et placé en détention dimanche sous différents chefs d’inculpation.
« Il a été extrait de prison ce matin [lundi 7 août] et présenté au juge, qui lui a signifié son placement sous contrôle judiciaire », a déclaré l’un de ses avocats, Robin Binsard. Il a ensuite été remis aux policiers en vue de son expulsion, a-t-il précisé. « Le ministre de l’Intérieur a pris un arrêté pour l’expulser. Dans les prochaines heures, il devrait quitter le territoire sénégalais », a déclaré devant la presse le ministre sénégalais de la Justice, Ismaïla Madior Fall.
« Il est épuisé, mais soulagé », a ajouté le conseil de l’avocat expulsé, qui a donc regagné la France ce 8 août dans la matinée. Le ministre a indiqué que Juan Branco avait refusé de manger et de boire pendant sa détention.
Plainte contre Macky Sall
Juan Branco a été inculpé dimanche pour attentat, complot, diffusion de fausses nouvelles, actes et manœuvres de nature à compromettre la sécurité publique ou à occasionner des troubles politiques graves, séjour irrégulier et outrage à magistrat, selon ses avocats.
Les autorités ont pris très au sérieux les agissements du Franco-Espagnol, qui s’est fait un nom au Sénégal en prenant part à la défense d’Ousmane Sonko, opposant à Macky Sall et candidat à la présidentielle de 2024. Juan Branco a particulièrement suscité l’attention en annonçant une plainte en France en juin contre le président sénégalais pour « crimes contre l’humanité », alors que Dakar venait de connaître ses pires troubles depuis des années. Il a aussi demandé à la Cour pénale internationale (CPI) de La Haye d’enquêter sur Macky Sall.
« Le Sénégal donne l’exemple »
Juan Branco était visé depuis mi-juillet par une enquête de la justice sénégalaise et un mandat d’arrêt international. Le gouvernement l’a décrit comme un avocat avide de publicité et contribuant aux tensions connues par le pays ces derniers mois. Il a « essayé d’expérimenter sa théorie de la révolution et de l’insurrection au Sénégal », a déclaré le ministre de la Justice.
Les autorités ont mal pris que le conseil passe outre au mandat d’arrêt dont il faisait l’objet et se présente dans une conférence de presse des avocats d’Ousmane Sonko le 30 juillet, deux jours après l’interpellation de ce dernier, placé en détention sous différents chefs d’inculpation, dont appel à l’insurrection.
Juan Branco a ensuite disparu, avant d’être arrêté dimanche en Mauritanie alors que, en tenue de pêcheur, il circulait à bord d’une pirogue.
Le ministre a affirmé que certains faits reprochés à Juan Branco étaient de nature criminelle. « On aurait pu le mettre sous mandat de dépôt pendant des années », a-t-il assuré. Malgré la remise en liberté, la procédure suivra son cours. « Tous les actes d’instruction vont être posés. Deuxièmement, il est possible que son contrôle judiciaire soit révoqué. Troisièmement, il peut être jugé. Il pourrait être condamné. Nous avons des relations de coopération judiciaire [avec la] France, [ce] qui fait qu’il peut purger sa peine en France », selon le ministre.
« Mais ce qui était important dans cette affaire, c’était que le Sénégal marque sa souveraineté, c’était que le Sénégal donne l’exemple », a-t-il souligné.
Juan Branco avait droit à l’assistance consulaire française et espagnole. En France, Juan Branco avait connu un succès de librairie avec un pamphlet hostile au président Emmanuel Macron, Crépuscule.
(Avec AFP)
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