Élections au Gabon : le bulletin unique, une fausse bonne idée ?
À trois semaines des élections générales, l’opposition gabonaise est vent debout contre la réforme du bulletin unique aux scrutins uninominaux.
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Damien Glez
Dessinateur et éditorialiste franco-burkinabè.
Publié le 9 août 2023 Lecture : 2 minutes.
Star des nouveaux processus démocratiques africains, le concept de bulletin unique ne cesse de susciter des grincements de dents, du Bénin à Madagascar, en passant par la RDC. Souvent cristallisée autour de la taille de supports de vote sur lesquels figurent un nombre colossal de candidats, la polémique semble différente au Gabon…
Alors que des élections présidentielle –19 candidatures validées –, législatives et locales doivent se tenir simultanément, le 26 août prochain, le président du Centre gabonais des élections (CGE), Michel Stéphane Bonda, parlait ainsi du bulletin unique, en conférence de presse : « Le parti politique qui présentera un candidat à l’élection du président de la République aura la photo de ce candidat estampillé sur le bulletin. Le même parti qui présentera un candidat à l’élection des députés à l’Assemblée nationale aura la photo de son candidat à l’élection des députés sur le même bulletin », par circonscription électorale.
Au-delà du fait que le temps manque pour une sensibilisation idoine des populations aux nouvelles techniques d’expression politique, l’opposition dénonce un principe qui amènerait l’électeur à voter mécaniquement pour un présidentiable et un « députable » de la même obédience. Évoquant une « facilitation du système électoral », les partisans de cette option brandissent également l’argument de la nécessaire cohérence idéologique du citoyen, à un vote donné. Les présidents élus sans majorité législative sont condamnés à l’immobilisme ou au passage en force. Le moment des « tickets » est-il venu ?
Case vide
L’inquiétude se fait particulièrement jour du côté des candidats indépendants à la présidentielle, candidats sans parti politique fournisseur de prétendants à l’Assemblée nationale. Si le bulletin unique n’empêchera pas formellement de les choisir dans le secret de l’isoloir – le bulletin comportera seulement une case vide –, des partisans de cet indépendant pourraient se sentir soit confus, soit privés de leur choix de député.
Validés par le ministère de l’Intérieur, le Conseil d’État puis le chef de l’État Ali Bongo Ondimba, par un décret du 4 août fixant les modalités des bulletins de vote pour ces scrutins, ainsi que ceux des membres des conseils départementaux et municipaux, les bulletins uniques ne devraient pas être remis en cause à moins de trois semaines des échéances. La plateforme Alternance 2023, qui regroupe plusieurs partis d’opposition, réclame pourtant l’utilisation de trois urnes distinctes pour chaque scrutin…
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