« De nombreux adolescents n’ont jamais vu de film sur grand écran », selon un cinéaste sénégalais

  « De nombreux adolescents sénégalais n’ont jamais vu de film, sur écran géant. Ceci est psychologiquement dramatique, je ne sais pas comment cet enfant sera forgé culturellement, lorsqu’il aura 30 ans », a déclaré à APA le cinéaste sénégalais Ousmane William Mbaye.

Publié le 27 décembre 2008 Lecture : 2 minutes.

Le déficit en salles de cinéma est à l’origine du recul du cinéma sénégalais, selon le cinéaste Ousmane William Mbaye. Ainsi, il invite l’Etat du Sénégal à s’ouvrir aux privés, pour combler le déficit.

"A l’origine, le cinéma sénégalais était le pionnier du cinéma africain et les premiers cinéastes africains étaient majoritairement sénégalais", selon M. Mbaye. Depuis quelques années, a-t-il poursuivi, le cinéma sénégalais traverse de grosses difficultés, en raison d’un déficit en salles. Il n’y a plus de salles donc, il n’y a plus de vitrine du cinéma. Je pense qu’une capitale comme Dakar ou un pays comme le Sénégal qui n’a plus de salles de cinéma est un pays qui est en danger parce que le cinéma joue un rôle important dans l’équilibre social, politique. C’est un facteur de stabilisation".

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Le cinéaste déplore aussi, le manque de distractions culturelles au Sénégal. La solution selon M. Mbaye se trouve dans la construction de nouvelles salles.

"Il faut construire des salles, ce qui est loin d’être compliqué. Il faut mettre en place des mécanismes de construction de salles, encourager les privés à le faire et les politiques savent par quelle voie passer, pour emmener les privés dans ce créneau et dynamiser le secteur".

Dans cette optique, l’implication des communes demeure une solution, indique-t-il. "Le plus simple c’est de demander aux communes de construire une salle par commune, il doit y avoir des salles et des théâtres communaux, comme il doit y avoir des jardins publics, des terrains de football dans les quartiers, c’est du ressort de la commune et des hommes d’affaires privés qu’il faut encourager à travers des mécanismes financiers".

En dépit de ces difficultés, il souligne que "malgré la crise, je peux dire qu’il survit encore un cinéma africain. Même au Burkina Faso qui est un grand pays de cinéma, le nombre de salles a diminué, malgré le fait qu’on sent l’existence d’une politique cinématographique qui essaie tant bien que mal de maintenir le cap".

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A cet égard, il a tenu à saluer les performances du Nigeria en matière de production cinématographique. " Ils font plus de mille films par an, dans les langues nationales. Les films sont vendus au Nigeria et qui marchent bien".

"L’amour des africains pour le cinéma est réel et j’ai vu dans certains pays, des gens aller au cinéma même à dix heures du matin voir des films locaux. Le taux de chômage, les difficultés de la vie et les guerres ayant été le lot dans ces pays, les gens avaient besoin d’une autre nourriture et à dix heures du matin, les chômeurs, les enfants soldats, les anciens militaires allaient se ressourcer au cinéma, c’est pourquoi je disais que le cinéma joue un rôle d’équilibre social", a-t-il conclu.

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Filmographie de Ousmane William Mbaye (Prix et distinctions) Xalima la plume (Prix du documentaire, festival international Milan 2004) Dial Diali (Prix Canal Horizons, journées cinématographiques de Carthage 1992) Dakar Clando (Chicago International film Festival 1990 "peace Award" (City life) Pain sec Festival du film africain de Pérouse 1985 Mention spéciale L’Enfant de Ngatch Tanit de bronze J. C. C 1979 (journées cinématographiques de Carthage) Prix AGECOOP 1979 FIFEF Mention de l’OCIC Fespaco 1981 (Office Catholique international cinématographique)

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