Au Burkina, une radio suspendue après l’interview d’un opposant aux putschistes au Niger

Le gouvernement burkinabè a décidé de suspendre « jusqu’à nouvel ordre » Radio Oméga, l’une des plus écoutées du pays, après la diffusion jeudi d’un entretien « émaillé de propos injurieux à l’encontre des nouvelles autorités nigériennes ».

Le Premier ministre nigérien Ouhoumoudou Mahamadou s’adresse à la presse, devant l’ambassade du Niger à Paris, le 5 août 2023. © STEFANO RELLANDINI / AFP

Publié le 12 août 2023 Lecture : 2 minutes.

Le gouvernement du Burkina Faso « assume en toute responsabilité la décision de suspendre dès ce jeudi 10 août et ce jusqu’à nouvel ordre, la diffusion des programmes de Radio Oméga au nom de l’intérêt supérieur de la Nation », indique le ministre de la Communication, Rimtalba Jean Emmanuel Ouedraogo, dans un communiqué.

Cette décision fait suite à la diffusion sur Radio Oméga d’un entretien, lors de l’émission « L’Invité de la rédaction », avec le porte-parole d’un mouvement récemment créé au Niger qui souhaite rétablir le président Mohamed Bazoum, renversé par un coup d’État le 26 juillet dernier. Radio Oméga, filiale du groupe Oméga médias qui compte également une chaîne de télévision, propriété du journaliste et ancien ministre des Affaires Etrangères Alpha Barry, avait cessé d’émettre après la diffusion du communiqué.

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« Menaces de mort »

Elle a dénoncé vendredi une « décision injuste et sans fondement », et va « user de toutes les voies de recours ». Elle estime que cette suspension « sans préavis et sans notification préalable de la structure en charge de la régulation des médias est une violation flagrante des lois en vigueur et une atteinte inacceptable à la liberté d’expression et à la liberté de la presse ». La radio affirme également que sa suspension survient après « de nombreuses menaces de mort à l’endroit de dirigeants et journalistes de Radio Oméga de la part de personnes se présentant comme des soutiens du pouvoir et qui appellent avec insistance à la suspension de nos programmes ».

Le gouvernement contribue à mettre en péril le droit du public à l’information.

Dans l’entretien incriminé par le gouvernement, Ousmane Abdoul Moumouni, un partisan de Mohamed Bazoum, aurait tenu des « propos injurieux à l’encontre des nouvelles autorités nigériennes », selon Jean-Emmanuel Ouedraogo. Selon le gouvernement burkinabè, l’organisation d’Ousmane Abdoul Moumouni « milite clairement pour la violence et la guerre contre le peuple souverain du Niger » et la volonté de son mouvement est de remettre au pouvoir par « tous les moyens » le président Bazoum.

Violation de la Constitution

L’Organisation professionnelle des médias (OPM), association de poids dans le pays et qui représente toutes les professions du milieu de l’information, a condamné « fermement » la suspension de Radio Oméga et « exige » sa « levée immédiate ». Dans sa première réaction depuis les décisions par le régime militaire de suspendre RFI, France 24, LCI et d’expulser les correspondantes du Monde et de Libération, la structure affirme que « le gouvernement contribue à mettre en péril le droit du public à l’information » et « viole la Constitution du Burkina Faso ».

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Les autorités de transition du Burkina Faso, arrivées au pouvoir par un coup d’État en septembre 2022, ont très rapidement affiché leur solidarité aux militaires qui ont pris le pouvoir au Niger. Plusieurs médias ont été suspendus au Burkina ces derniers mois, notamment les médias français LCI, RFI et France 24. Début avril, les correspondantes de Libération et du Monde avaient été expulsées.

(avec AFP)

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