Craintes d’une aggravation de la situation en Guinée après la mort de Lansana Conté
Au lendemain de la mort du président guinéen, Lansana Conté, à l’âge de 74 ans, la communauté internationale semble partagée entre espoir et doute, invitant toutes les parties à « faire preuve de retenue » alors qu’un groupe d’officiers a dissout mardi le gouvernement et suspendu les institutions de la République.
Le chef de ce groupe d’officiers, dénommé Comité national de démocratie et de développement (CNDD) n’est pas encore connu mais la soudaine irruption de cette instance sur la scène politique est de nature à déjouer le scénario de gestion des affaires du pays sous la houlette du président de l’Assemble nationale Aboubacar Somparé.
Assurant l’intérim, il est, au terme de la constitution, chargé d’organiser une élection présidentielle dans les 60 jours pendant que le chef du gouvernement Ahmed Tidiane Souaré proclamait par décret un deuil national de 40 jours et les drapeaux mis en berne en prévision des prochaines obsèques nationales. «La situation en Guinée est complexe et confuse à la fois », a confié mardi à APA un observateur qui craint une radicalisation du CNDD face à la vieille garde des officiers supérieurs sur « fonds de conflits d’intérêts ».
Selon lui, la longue maladie du président Conté ajoutée à sa versatilité dans ses alliances avec les puissances étrangères (France, Etats-Unis, Chine) a compromis « le socle stratégique » que devrait représenter la Guinée sur l’échiquier régional et international. La prise du pouvoir par la force peut dégénérer et entraîner une réaction d’égale puissance d’une autre frange de l’armée avec un gros risque de déboucher sur un affrontement jugé « inévitable », avertit cet observateur.
En 2007, les populations, qui vivent, à plus de 53%, en dessous du seuil de pauvreté, avaient manifesté leur hostilité au régime de Conté avant d’être violemment réprimées avec plus de 180 personnes tuées. La situation intérieure de la Guinée pourrait avoir des ramifications dans le voisinage immédiat de la Guinée, notamment dans les pays de l’Entente à savoir la Sierra Leone, le Liberia et la Côte d’Ivoire dont l’adhésion est récente au projet d’intégration autour du Fleuve Mano.
Les démons de l’instabilité peuvent à nouveau resurgir dans cette partie ouest de la sous région longtemps en proie à des crises politico-militaires a répétition sous la férule de Charles Taylor, ancien chef de l’Etat libérien, un moment très proche du président du Burkina Faso Blaise Compaoré et farouchement opposé à Conté. Le trafic de diamants a entretenu de sanglants conflits au Libéria et en Sierra Leone avant que le Conseil de sécurité de l’Onu ne se décide à voter un embargo empêchant l’exportation des ‘’diamants du sang’’ venus de Sierra Leone, en 2000.
Cet embargo, effectif en 2003, est connu sous l’appellation de processus de Kimberly, capitale sud-africaine du diamant qui est l’aboutissement d’un élan de solidarité pour fustiger le commerce meurtrier.
La Matinale.
Chaque matin, recevez les 10 informations clés de l’actualité africaine.
Consultez notre politique de gestion des données personnelles
Les plus lus – Politique
- Sexe, pouvoir et vidéos : de quoi l’affaire Baltasar est-elle le nom ?
- Législatives au Sénégal : Pastef donné vainqueur
- Au Bénin, arrestation de l’ancien directeur de la police
- L’Algérie doit-elle avoir peur de Marco Rubio, le nouveau secrétaire d’État améric...
- Mali : les soutiens de la junte ripostent après les propos incendiaires de Choguel...