Le film « Barbie » fait grincer des dents algériennes

En Algérie, les avis divergent, après la censure, comme dans d’autres pays, d’un film sur la célèbre poupée de la marque Mattel.

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Publié le 18 août 2023 Lecture : 2 minutes.

« Atteinte à la morale ». C’est la récrimination inattendue et laconique qui aurait officiellement conduit le ministère algérien de la Culture à demander, en début de semaine, le retrait des écrans du phénomène cinématographique mondial du moment : le long métrage « Barbie » de la réalisatrice américaine Greta Gerwig. « Inattendue » fut la décision, le film ayant été projeté trois semaines, en Algérie, et la Commission nationale de visionnage ayant censément été amenée à accorder préalablement un visa d’exploitation.

Quant au caractère « laconique » et peu motivé de la censure, il oblige les fans de Margot Robbie et Ryan Gosling – les acteurs qui incarnent Barbie et Ken – à supputer les raisons de l’interdiction en se tournant vers d’autres pays. Si le boycott vietnamien de l’œuvre est motivé par l’allusion à un arbitrage géopolitique sur des territoires disputés de mer de Chine méridionale, l’observation de pays culturellement plus proches de l’Algérie permet d’émettre une hypothèse…

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Koweït, Pakistan et Liban aussi

L’œuvre « Barbie » est interdite dans la région pakistanaise du Penjab pour « contenu choquant » et au Koweït pour « atteinte à la morale publique, à l’ordre public et aux traditions, par l’introduction d’idées étrangères au sein de la société ». Ce sont les autorités libanaises qui ont eu le courage de préciser le « crime » du film. Dans ce pays où la morale a la réputation d’être « progressiste » mais où le Hezbollah mène une campagne anti-LGBTQ, le ministre de la Culture, Mohammad Mourtada, considère que le long métrage fait « la promotion de l’homosexualité et du changement de sexe, soutient le rejet de la tutelle du père », tourne « en ridicule le rôle de la mère » et remet en question « la nécessité du mariage et de la formation d’une famille ».

Et la presse algérienne de supposer que la raison de la censure, dans son pays, serait du même acabit, évoquant des « scènes destinées à un public adulte » notamment évocatrices de pratiques homosexuelles. Troublés, les réseaux sociaux charrient des avis bigarrés, notamment les positions outrées d’artistes qui indiquent préférer un débat à une censure.

« Barbie » est incontestablement un OCNI, un « objet cinématographique non identifié ». C’est en s’appuyant sur les aventures d’une poupée symbole de la chosification stéréotypée de la femme que le blockbuster de l’été réussit la prouesse de diffuser un message féministe. Pour autant, la presse occidentale considère qu’il n’y est jamais frontalement question d’homosexualité. Par contre, en filigrane, les aventures des poupées peu sexuées critiquent le patriarcat et la distribution du film compte l’actrice transgenre Hari Nef.

Peut-être la polémique renforcera-t-elle la légende d’un long métrage qui est déjà un succès commercial. En moins d’un mois d’exploitation, le film a dépassé le milliard de dollars au box-office mondial et boosté la vente des produits Barbie…

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