Un homme accusé d’exploitation d’enfants migrants arrêté
La gendarmerie nigérienne a mis la main vendredi à Torodi, (55 km au sud de Niamey) sur un homme, accusé d’exploitation d’une dizaine d’enfants dont six de nationalité étrangère.
Les enfants étaient assujettis à la coupe de bois en lieu et place de l’éducation coranique qu’il est censé leur assurer. Les enfants, âgés de 5 à 12 ans, ont été récupérés par l’entremise de l’ONG Ecole parrainage et action développement (EPAD), et placés dans son centre d’accueil à Niamey, tandis que les quatre autres (dont un souffrant depuis des mois de morsure de serpent) sont en instance d’être transférés au sein dudit centre, a indiqué à APA Moussa Sidikou, responsable de l’organisation.
« Nous saisirons la justice et prendront contact avec une association du pays d’origine de ces enfants, pour effectuer la recherche de leurs familles et le cas échéant procéder à leur retour familial, assorti d’un programme d’insertion », a-t-il annoncé.
Le prévenu, âgé d’une cinquantaine d’années, marabout et commerçant de son état, sera « livré à la justice, qui ouvrira une procédure normale pour situer les responsabilités quant aux abus dont sont victimes ces enfants », a dit Moussa Akounou, chef du poste administratif de Torodi, ville frontalière du Burkina et du Mali. « Je suis sceptique quant à la qualité de marabout de cet homme, qui exploite ces mineurs, contraints d’apporter de grosses quantités de bois secs, qu’il revend par la suite au marché du village », a ajouté l’autorité administrative.
Originaire de Gao (Mali) et habitant depuis huit ans de Gnaktiré, à quelques kilomètres de Torodi, le marabout-commerçant, a reconnu avoir affecté les enfants à des travaux liés à son commerce de bois. Des habitants du village ont affirmé que les stères de bois, fruit du travail des enfants, sont revendus entre 1200 et 1600 FCFA (Moins de deux euros) à des acheteurs venus de la capitale nigérienne. D’autres témoignages recueillis sur place, soutiennent également que le prévenu a l’habitude d’écumer des villages lointains pour « arracher à leurs familles des enfants qu’il dit vouloir initier au coran ». « Ce n’est pas le premier cas de trafic d’enfant que nous enregistrons dans notre localité, dont la position charnière entre deux pays, fait d’elle une sorte de plaque tournante de ce phénomène » a souligné Amadou Ly, maire de la commune rurale de Torodi. Selon Cheick Seydou Sy, un Imam de la localité, « l’initiation au coran n’autorise pas leur exploitation à des fins cupides. L’Islam protège l’enfant et impose à chacun de lui garantir un bon avenir ».
« Nous avons découvert une masure dans laquelle, les enfants passent la nuit à même le sol, alors que le marabout habite des cases en banco en compagnie de ses propres enfants et de ses trois épouses » a affirmé M. Sidikou, également point focal du programme pour la prévention à la traite des mineurs isolés en Afrique de l’Ouest (PAO). La migration des adultes des villages vers les bidonvilles associée à une forte demande des employeurs du secteur informel, friands de main d’œuvre bon marché et soumise ainsi que la porosité des frontières sont autant de raisons qui exacerbent la traite des enfants au Niger, a-t-il expliqué.
Le Niger, qui ne dispose pas de texte spécifique contre la traite des enfants, est tout de même signataire depuis juillet 2005, à l’instar de plusieurs États d’Afrique de l’Ouest, de la convention des Nations Unies contre la criminalité transnationale organisée et son protocole additionnel visant à prévenir, réprimer et punir notamment la traite des enfants.
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