Au Niger, les militaires promettent une transition de trois ans maximum
Après qu’une délégation de la Cedeao s’est rendue à Niamey samedi 19 août, le général Tiani a annoncé une période de transition de trois ans maximum et mis en garde contre une éventuelle intervention militaire.
« Notre ambition n’est pas de confisquer le pouvoir », a déclaré samedi soir le général Abdourahamane Tiani, arrivé au pouvoir le 26 juillet par un coup d’État ayant renversé Mohamed Bazoum. Dans une allocution télévisée d’une dizaine de minutes, sur un ton martial, il a précisé que la durée de la transition « ne saurait aller au-delà de trois ans » et convoqué un « dialogue national » qui devra formuler des « propositions concrètes » sous 30 jours, afin de poser « les fondements d’une nouvelle vie constitutionnelle ».
Il a également averti les pays de Communauté économique des États d’Afrique de l’ouest (Cedeao) contre toute intervention militaire. « Si une agression devait être entreprise contre nous, elle ne sera pas la promenade de santé à laquelle certains croient », a-t-il affirmé, assurant que l’organisation régionale souhaitait mettre « sur pied une armée d’occupation en collaboration avec une armée étrangère », sans citer de pays.
Vendredi soir, après une réunion de ses chefs d’état-major à Accra, la Cedeao s’est dite prête à utiliser la force pour rétablir l’ordre constitutionnel au Niger, indiquant que le « jour de l’intervention a été fixé ». Mais l’organisation n’a pas pour autant délaissé la voie diplomatique.
Mohamed Bazoum « a le moral »
Samedi, une délégation conduite par l’ancien président nigérian Abdulsalami Abubakar a été accueillie à l’aéroport par le nouveau Premier ministre nommé par les militaires, Ali Mahaman Lamine Zeine. Elle a pu rencontrer Mohamed Bazoum, toujours retenu depuis le coup de force des militaires. De nombreux pays exigent sa libération et son retour au pouvoir.
Mohamed Bazoum « a le moral », a assuré une source au sein de la Cedeao, précisant que le président renversé n’a « toujours pas » d’électricité. Sur des images filmées par la télévision nationale nigérienne, on peut le voir souriant, serrer la main des membres de la délégation avant de poser pour une photo sur le perron d’un bâtiment.
Abdulsalami Abubakar s’est également entretenu avec le général Tiani, samedi après-midi, une éclaircie diplomatique par rapport à sa précédente visite au nom de la Cedeao, le 3 août dernier, où il n’avait rencontré ni le nouvel homme fort du Niger, ni le président Bazoum. Le contenu de leurs échanges n’a pas été dévoilé.
« Disponibilité au dialogue »
Samedi soir, le général Tiani n’a mentionné ni le président Bazoum, ni la visite de cette délégation, même s’il a affirmé sa « disponibilité à tout dialogue, pour autant qu’il tienne compte des orientations voulues par le peuple nigérien ».
L’option militaire est brandie par la Cedeao depuis plusieurs semaines. Le 10 août, les dirigeants ouest-africains avaient ordonné le déploiement d’une « force en attente », dont les contours ont été dessinés vendredi à Accra, sans en donner les modalités ou le calendrier.
Du côté de Niamey, les militaires assurent que la population soutient leur prise de pouvoir. Samedi matin, des milliers de volontaires se sont rassemblés aux abords du stade Seyni Kountché, dans le centre-ville de la capitale, répondant à un appel de plusieurs organisations pour se faire inscrire sur des listes en tant qu’auxiliaires civils potentiellement mobilisables en soutien des forces armées.
La France sollicitée pour une intervention
Dans l’après-midi, les États-Unis, partenaire important du Niger dans la lutte antijihadiste, ont indiqué qu’une nouvelle ambassadrice était installée à Niamey. Kathleen FitzGibbon ne présentera cependant pas officiellement sa lettre de mission aux nouvelles autorités en place, a précisé Washington, qui ne les reconnaît pas.
Autre partenaire du Niger, la France qui déploie quelque 1 500 soldats, a été sollicitée dans les heures qui ont suivi le coup d’État, pour apporter son appui à une éventuelle intervention de l’armée nigérienne pour libérer Mohamed Bazoum, a-t-on appris samedi de source proche du dossier. « Mais les loyalistes ont changé de camp et rejoint les putschistes, a ajouté cette source. Les conditions n’étaient donc pas réunies pour satisfaire cette demande d’appui. »
(Avec AFP)
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