TikTok et Telegram, vecteurs de propagande terroriste ?
Le ministère somalien des Communications et de la Technologie a ordonné le 20 août l’interdiction de certaines plateformes qui seraient utilisées par des « terroristes ».
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Damien Glez
Dessinateur et éditorialiste franco-burkinabè.
Publié le 21 août 2023 Lecture : 2 minutes.
Le 24 août est la date-butoir après laquelle les fournisseurs internet de Somalie ne devront plus donner accès à TikTok, à Telegram et au site de paris en ligne 1xBet sous peine d’actions judiciaires. Selon une annonce dominicale du ministère somalien des Communications et de la Technologie, ces plateformes numériques seraient les vecteurs d’une propagande « terroriste ». Le manque de détails sur le type de posts incriminés, ainsi que sur la nature des éventuelles poursuites judiciaires, serait quant à lui à mettre sur le compte de la lutte contre les islamistes radicaux shebab affiliés à Al-Qaïda.
Si l’on en croit le président somalien, Hassan Cheikh Mohamoud, ce combat de plus de quinze ans devrait conduire à une très prochaine offensive militaire, une accélération de « la guerre […] contre les terroristes qui ont fait couler le sang du peuple de Somalie ». Cette montée en puissance serait facilitée par l’interdiction de TikTok, Telegram et 1xBet. Selon le ministère, des groupes répandent « l’immoralité » sur ces réseaux, afin de « diffuser des images et des vidéos violentes, et tromper l’opinion ».
Bâillonnement
Si les combattants shebab ont perdu du terrain depuis qu’ils ont été expulsés de Mogadiscio, en 2011, ils continuent de perpétrer des attentats et restent bien implantés dans certaines zones rurales. L’armée tente de les y déloger, avec l’appui de milices citoyennes et paysannes, de l’Union africaine (UA) et de drones turcs et américains. Une « guerre totale » dans laquelle le bébé des réseaux sociaux pourrait être jeté avec l’eau du bain de la propagande.
Faut-il punir le messager pour la nature des messages ? Les défenseurs de la liberté d’expression 2.0 s’inquiètent toujours du bâillonnement – même partiel – d’Internet. Au début de ce mois d’août, c’est le même TikTok qui était suspendu au Sénégal jusqu’à nouvel ordre, au motif qu’il représentait une « menace » en tant que « réseau social privilégié par les personnes mal intentionnées pour diffuser des messages haineux et subversifs menaçant la stabilité du pays ».
Le parlement kényan a récemment débattu d’une éventuelle suspension de la plateforme chinoise, par ailleurs critiquée en Occident pour sa gestion des données personnelles. Quant à Telegram, son cryptage décourage les régimes qui prisent la surveillance aisée de WhatsApp ou Messenger…
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