La longue route vers le dialogue politique inclusif en Centrafrique

Lorsque le 15 mars 2003, le général d’armée François Bozizé, actuel président de la République centrafricaine, renversait le président élu Ange Félix Patassé, à la faveur d’un coup d’Etat militaire qui fut appelé «sursaut patriotique», il était loin de s’imaginer qu’il venait de poser les pieds dans un engrenage et qu’il faudrait plus de cinq ans pour démêler cet écheveau étriqué.

Publié le 15 décembre 2008 Lecture : 4 minutes.

Mais pour arriver au point de rupture avec son mentor, Bozizé, à l’époque chef d’état-major des Forces armées centrafricaines (FACA), avait fait l’objet de menaces de la part du président Patassé.

Ses relations avec le chef de l’Etat s’étant sérieusement détériorées, il avait alors décidé de démissionner de son poste, emportant avec lui une bonne partie de l’armée. S’étant proclamé dissident en 2002, il commence à multiplier les attaques contre le régime de Patassé.

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Disposant avec lui d’une bonne frange de fidèles, le général Bozizé créé une rébellion et recrute à tour de bras des combattants susceptibles de l’aider à réaliser son ambition: s’emparer du pouvoir.

Le 15 mars 2003, alors que le président Patassé se trouve hors du pays, l’ancien chef d’état-major passe à l’action. A la tête de ses troupes appelées «libérateurs», constituées de Centrafricains et de Tchadiens confondus, il prend le pouvoir à Bangui.

Les problèmes de Bozizé commencent tout de suite après, lorsqu’il lui faut récompenser les combattants qui lui ont permis d’accéder à la magistrature suprême de l’Etat.

Selon les témoignages de certains leaders rebelles participant au Dialogue politique inclusif (DPI) ouvert lundi dernier à Bangui, le général Bozizé n’aurait pas honoré ses engagements.

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«C’est à cause du mépris et de la marginalisation» dont ils ont fait l’objet que bon nombre de chefs rebelles ont été obligés de reprendre les armes contre Bozizé, a expliqué le chef du Mouvement des libérateurs centrafricains pour la justice (MLCJ), Abacar Sabone.

Dans son discours à l’ouverture du DPI, Sabone a expliqué que «si nous sommes réunis ici aujourd’hui, c’est parce que le pays a des problèmes, et ces problèmes, nous les avons créés nous-mêmes».

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En revanche, les démêlés entre Bozizé et l’opposition démocratique ont commencé pendant la campagne électorale en vue de l’élection présidentielle de 2005.

Avant le coup d’Etat, l’ancien chef d’état-major aurait promis de ne pas se présenter à cette élection et de se contenter de conduire la transition.

Mais à la surprise générale, Bozizé s’est porté candidat à sa propre succession, après deux ans de transition, et a remporté l’élection présidentielle au second tour, face à Martin Ziguélé, candidat du Mouvement de libération du peuple centrafricain (MLPC).

outre ce fait, l’opposition démocratique reproche au général Bozizé d’occuper le poste de ministre de la défense nationale, depuis 2005, en violation de la constitution. La loi fondamentale dispose en efet que cette fonction est incompatible avec celle de président de la République.

L’opposition dénonce aussi sa «gestion clanique» des affaires de l’Etat. Ainsi donc, après son investiture le 11 juin 2005, des foyers de tension ont commencé à éclore dans le Nord et le Nord-est du pays.

Des attaques ont été lancées, revendiquées soit par le Front démocratique du peuple centrafricain (FDPC) d’Abdoulaye Miskine, ancien agent de la sécurité personnelle de l’ancien président Ange Félix Patassé, soit par l’Union des forces démocratiques pour le rassemblement (UFDR) de Zakaria Damane.

D’autres offensives ont été revendiquées par l’Armée populaire pour la restauration de la Démocratie (APRD) de l’ancien ministre de la Défense nationale de Patassé, Jean Jacques Démafouth, l’Union des forces républicaines (UFR) de Florent N’Diadder, etc.

Face à la recrudescence des attaques en 2006, l’opposition démocratique a alors émis l’idée de la tenue d’un dialogue politique inclusif pour résoudre la crise politique et ramener la paix dans le pays.

L’initiative a été soutenue par la communauté internationale qui a alors fait pression sur le président Bozizé pour l’amener à accepter le principe du dialogue politique inclusif. Mais cette concertation nationale ne pouvait se tenir sans la pacifiction du pays.

C’est ainsi que le 02 février 2007, le FDPC de Abdoulaye Miskine et le gouvernement, ont signé un accord de paix à Syrte (Libye), sous le parrainage du Colonel Kadhafi. Le 13 avril 2007, un accord de paix a été aussi signé à Birao (est) entre l’UFDR de Zakaria Damane et le gouvernement qui, le 09 mai 2008, a encore signé un autre accord dit de Cessez-le-feu et de paix avec l’APRD de Jean Jacques Démafouth.

Le 21 juin 2008, un accord de paix global a été signé à Libreville (Gabon) entre le gouvernement centrafricain et deux mouvements rebelles, dont l’APRD, sous le parrainage du chef de l’Etat gabonais, El Hadj Omar Bongo Ondimba, président du comité ad hoc de la communauté économique et monétaire de l’Afrique centrale (CEMAC) sur les questions centrafricaines. C’était le début de la décrispation.

L’accord global de paix qui englobe tous les autres accords signés individuellement ou collectivement, devait être suivi par la promulgation d’une loi d’amnistie générale pour permettre à tous les acteurs politiques et militaires de prendre part au Dialogue politique inclusif.

Le président François Bozizé a promulgué la loi d’amnisitie le 13 octobre 2008, deux mois plus tard, le 8 décembre 2008, s’ouvrait à Bangui, le le DPI tant attendu.

Les assises devraient déboucher sur des recommandations et des conclusion dont la mise en œuvre devrait contribuer au retour définitif de la paix en République centrafricaine.

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