En Algérie, la croix de Neymar était-elle de trop ?
Le média algérien El Bilad est accusé d’avoir gommé un pendentif en forme de crucifix sur un cliché du footballeur brésilien.
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Damien Glez
Dessinateur et éditorialiste franco-burkinabè.
Publié le 22 août 2023 Lecture : 2 minutes.
A l’heure du fact-checking tous azimuts et de la circulation débridée des clichés de stars, le dernier « photoshopage » surmédiatisé est plutôt cocasse, tant il est naïf. Sur X, l’ex-réseau Twitter, le 19 août, le journaliste algérien Hamdi Baala présente deux clichés presque identiques de Neymar da Silva Santos Júnior. La scène immortalisée s’est déroulée la veille à l’aéroport saoudien de Riyad, où le joueur de football brésilien venait de débarquer pour prendre ses fonctions d’attaquant du club Al-Hilal FC, pour une période de deux ans.
Le journaliste algérien est catégorique : « Neymar portait une croix au cou lors de sa présentation en Arabie saoudite. » Rien de surprenant, si l’on considère que le chrétien affirmé considère que « la vie n’a de sens que lorsque notre idéal le plus élevé est de servir le Christ ». Sur la deuxième version du cliché, présentée comme publiée dans « El Bilad », le pendentif a disparu.
Neymar portait une croix au cou lors de sa présentation en Arabie Saoudite. La chaine algérienne El Bilad s'est sentie obligée de retoucher la photo. pic.twitter.com/pcFbbQizOf
— Hamdi Baala (@HamdiBaala) August 19, 2023
Et le twittos d’accuser la chaîne de télévision algérienne et sa rédaction de langue arabe de s’être « sentie obligée de retoucher la photo ». À moins de supposer qu’un autre adepte du logiciel Photoshop ait eu l’idée d’ajouter un crucifix imaginaire – hypothèse graphiquement peu probable, au regard de la courbure de la chaîne autour du cou –, le tweet est implacable…
Christianophobie ?
À la naïveté de penser que la falsification de la scène pourrait ne pas être éventée s’ajoute l’étrangeté de ne pas admettre ce qui semble avoir été admis dans une contrée considérée comme le berceau de l’islam. Un internaute qui emprunte son pseudo à un écrivain français affirme qu’il « fallait oser cette croix au cou en Arabie saoudite, pays de La Mecque, ville la plus sainte de l’islam, ville natale de Mahomet et de la foi musulmane elle-même ». Peut-être alors l’as de Photoshop a-t-il voulu protéger l’international brésilien qui attribue ses exploits sportifs à « 1 % de chance, 99 % de foi »…
Pour marevuedepressedz.com, la retouche numérique est plutôt perçue comme la manifestation de « christianophobie » d’une « fièvre religieuse qui frappe la société algérienne ». Le site conclut tout de même en rappelant que cet épisode du mercato, une fois de plus, ne fut motivé ni par la foi chrétienne ni par la foi musulmane. Le club d’Arabie saoudite se serait attaché les services de Neymar pour une somme qui avoisinerait une centaine de millions d’euros. Si l’argent n’a pas d’odeur, il n’a guère davantage d’obédience religieuse.
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