Le suisse Puma Energy, toutes griffes dehors
Le géant suisse du stockage et de la distribution, Puma Energy, veut poursuivre son expansion en Afrique. Et ce n’est pas l’échec du rachat du kényan KenolKobil qui lui a fait perdre l’appétit…
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En mars, au terme d’un an de négociations, la nouvelle est tombée brutalement. Puma Energy, le géant suisse du stockage et de la distribution pétrolière (8,6 milliards de dollars de chiffre d’affaires en 2012), ne rachetait finalement pas le distributeur kényan KenolKobil. Une décision prise « d’un commun accord », commente Puma en refusant de rentrer dans les détails.
Coup de griffe
La marque au félin n’entend pas pour autant mettre un terme à son essor sur le continent. « Nous avons une bonne implantation en Afrique australe, mais il reste beaucoup d’endroits où planter un drapeau et améliorer notre activité », avertit Duncan Armstrong, le directeur du stockage. Le message est clair, même si Puma se refuse à dire où il compte porter son prochain coup de griffe. Ces dernières années, alors que les majors se retiraient progressivement des marchés aval pour se concentrer sur leurs coeurs de métier plus rentables, le suisse a déjà démontré sa faculté à saisir les occasions.
Son plus gros coup ? La reprise des activités de BP dans cinq pays du continent.
« Dès le début des années 2000, nous étions déjà impliqués dans la privatisation de la distribution pétrolière (en partenariat avec Total, Chevron et X-oil Congo) pour assurer le transport des produits pétroliers au Congo-Brazzaville, raconte Duncan Armstrong. Nous avions également deux terminaux pétroliers et des espaces de stockage en Côte d’Ivoire ou au Ghana. Mais notre plus gros coup a été de racheter les activités aval de BP dans cinq pays – Botswana, Namibie, Tanzanie, Zambie et Malawi – il y a deux ans. »
Expansion
Davantage encore qu’une classique fusion-acquisition, cette expansion permet à Puma Energy d’être actif dans quinze pays africains et de disposer d’une large base logistique couvrant l’ensemble du continent au sud du Congo, de la RDC et de la Tanzanie.
L’entreprise peut ainsi sécuriser de manière compétitive la livraison de plus de 300 stations-services et de 19 aéroports. Une stratégie d’approvisionnement qui avait déjà poussé Puma à construire, avant le rachat des activités de BP, un parc de stockage à Beira (Mozambique) afin d’assurer ses importations depuis l’est de l’Afrique australe. « Même pour les pays d’Afrique de l’Ouest où nous sommes présents, il y a un avantage à ce que nous soyons en Afrique australe », assure le directeur du stockage. « Plus on possède d’activités dans une région, plus on a de chances de s’adapter rapidement. Si on a cinq points d’entrée avec cinq navires en circulation sur la zone, on peut au besoin intervertir les navires et faire des choix très différents ».
Libéralisation
Avec 569 000 m3 de stockage, l’Afrique représente aujourd’hui environ 13 % des capacités globales de l’entreprise. Parallèlement au rachat des implantations aval de BP, Puma Energy a opté pour un service répondant aux normes les plus exigeantes. La compagnie reste sans doute marquée par le scandale des déchets toxiques du Probo Koala, impliquant sa maison mère, Trafigura. « Nous investissons constamment dans nos actifs pour améliorer leur sécurité : systèmes anti-incendie, mesures de confinement en cas de déversement d’hydrocarbures… », explique Duncan Armstrong.
Pour lui, ce souci de la fiabilité de leurs installations a influé sur le choix de l’Angola de s’appuyer sur Puma Energy pour accompagner le processus de libéralisation de la distribution, entièrement contrôlée jusque-là par Sonangol. En échange, la compagnie nationale angolaise a acquis 20 % du groupe suisse en décembre.
Dernièrement, l’autre grand axe de développement de Puma en Afrique, en plus de l’expansion géographique, a été son intérêt croissant pour la distribution de gaz. En 2012, l’entreprise a acquis coup sur coup deux terminaux de 5 000 m3 de GPL au Bénin et au Sénégal.
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