Il faut des musées en adéquation avec les aspirations des populations africaines prône un expert

« Le musée est une institution sociale, un espace de contestation. Nous devons faire en sorte que nos populations se retrouvent dans les thèmes et les expositions, et s’assurer que celles-ci répondent à leurs aspirations, la manière dont elles se voient », explique-t-il.

« Car, si tel n’est pas le cas, si elles estiment qu’on les présente de manière folklorique ou exotique, il va de soi qu’elles ne s’y rendront pas », avise le conservateur du Musée Théodore Monod d’Art africain de Dakar dans un entretien avec APA.

Il rappelle que « les principales pièces du musée sont des pièces vivantes, c’est-à-dire, qui, à l’origine, étaient utilisées dans des contextes rituels religieux ».

« En les sortant de ce cadre et en les enfermant dans un musée, ces objets ont perdu une bonne partie de leur valeur symbolique et sociale », insiste M. Thiaw, indiquant que « les pièces n’ayant plus le même rôle auprès des populations qu’elles faisaient vibrer dans un autre cadre, elles n’attirent plus et ne mobilisent plus ».

Pour réconcilier les populations africaines avec leurs musées, le conservateur du Musée Théodore Monod d’Art Africain de Dakar prône la « rupture » avec le paradigme régissant les musées africains en général.

« Les musées coloniaux ont perçu les populations africaines comme des pièces exotiques, des primitifs.

Notre musée a un peu une histoire de ce genre. C’est vrai que c’était pour une meilleure connaissance des cultures africaines et des populations.

Mais c’était une connaissance qui devait être au service du pouvoir colonial.

C’est l’administration coloniale qui en avait besoin », rappelle le Pr Ibrahima Thiaw.

L’Institut Fondamental d’Afrique Noire (IFAN) Cheikh Anta Diop, devenu Musée Théodore Monod d’Art Africain de Dakar, célèbre ses 70 ans d’existence, du lundi au jeudi à Dakar.