Crise au Niger : toujours plus de muscles, toujours moins de guerre

Alors que le front favorable à une intervention militaire se fissure, le Niger vient d’autoriser le Mali et le Burkina Faso à envoyer leurs troupes à sa rescousse en cas d’attaque.

 © GLEZ

Publié le 25 août 2023 Lecture : 2 minutes.

Plus une opération militaire de la Cedeao au Niger apparaît comme une fiction hollywoodienne, plus on assiste à des scènes dignes d’un blockbuster. Il y a quelques jours, le Mali et le Burkina Faso annonçaient avoir déployé des avions de combat et des hélicoptères pour répondre à toute forme d’agression contre leur voisin.

Une manière de traduire en « acte concret », et dans un communiqué conjoint, les « engagements » qu’ils avaient exprimé quelques semaines plus tôt en des termes déjà communs. Bamako et Ouagadougou avaient alors mis en garde qui de droit contre « toute intervention militaire contre le Niger ». Elle « entraînerait », avaient déclaré les deux capitales, « un retrait du Burkina Faso et du Mali de la Cedeao, ainsi que l’adoption de mesures de légitime défense en soutien aux forces armées et au peuple du Niger ».

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Stratégie de dissuasion

Rien d’étonnant à cela, même pour les chroniqueurs qui affirment que le Faso et le Mali ne sauraient être au four (de la lutte antiterroriste) et au moulin (de la solidarité militaire avec leur voisin nigérien). La stratégie de dissuasion enseigne que l’on montre d’autant plus ses muscles qu’on n’a pas l’intention de les utiliser…

Les récents propos d’Emmanuel Macron, dans une interview qu’il a accordée à l’hebdomadaire français Le Point, ne sont, eux, pas de nature à faire baisser les taux d’adrénaline et de testostérone. « Si nous ne nous étions pas engagés, avec les opérations Serval puis Barkhane, il n’y aurait sans doute plus de Mali, plus de Burkina Faso. Je ne suis même pas sûr qu’il y aurait encore le Niger », considère le président français. « Le Burkina Faso est de plus en plus convaincu que la France fait partie du problème sécuritaire qui le touche depuis huit ans », a rétorqué le porte-parole du gouvernement burkinabè.

Et comme la moins probable des fictions nécessite un minimum de crédibilité, le Niger annonçait, ce 24 août, que le général Abdourahamane Tiani avait signé deux décrets autorisant « les forces de sécurité et de défense du Mali et du Burkina Faso à intervenir sur le territoire nigérien dans l’éventualité d’une attaque ». Pour mieux mettre en scène cette « mutualisation des forces », certains communiqués sont désormais signés à trois mains. Des officiers des trois pays affirment même avoir élaboré un plan de riposte.

Si la perspective du rétablissement de l’ordre constitutionnel au Niger continue de s’éloigner, un mois après la chute de Mohamed Bazoum, reste à maquiller ce qui pourrait ressembler à une impasse diplomatique. Qui mangera son chapeau, son bonnet ou son béret ? Et à quelle sauce ?

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