La cheffe de la diplomatie libyenne suspendue après une rencontre « fortuite » avec son homologue israélien

Najla al-Mangoush a rencontré Eli Cohen lors d’un entretien qualifié d’ « inédit ». La ministre affirme qu’elle a rappelé la position de la Libye à l’égard de la cause palestinienne.

Des Libyens brûlent des pneus lors d’une manifestation à Tripoli le 28 août 2023, à la suite d’une réunion informelle entre la ministre des Affaires étrangères du pays et son homologue israélien. © Mahmud TURKIA / AFP

Publié le 28 août 2023 Lecture : 2 minutes.

Le chef du gouvernement libyen a suspendu sa ministre des Affaires étrangères pour avoir rencontré son homologue israélien la semaine dernière. Najla al-Mangoush sera soumise à une « enquête administrative » par une commission présidée par la ministre de la Justice, a annoncé le gouvernement d’Abdelhamid Dbeibah le 27 août.

Quelques heures auparavant, le ministre israélien des Affaires étrangères Eli Cohen avait annoncé s’être entretenu à Rome la semaine passée avec son homologue libyenne lors d’une rencontre « inédite ». « J’ai parlé avec la ministre des Affaires étrangères du grand potentiel que représentent les relations entre les deux pays », a-t-il déclaré. « Ce qui s’est passé à Rome a été une rencontre fortuite et non officielle, au cours d’une rencontre avec son homologue italien (Antonio Tajani), qui n’a comporté aucune discussion, accord ni consultation », a réagi le ministère des Affaires étrangères libyen dans un communiqué.

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La ministre a rappelé « de manière claire et sans ambiguïté la position de la Libye à l’égard de la cause palestinienne », a ajouté le ministère en assurant que Mangoush avait « refusé de s’entretenir avec une quelconque partie représentant l’entité israélienne » et était « restée catégoriquement ferme sur cette position ». Le ministère libyen a en outre dénoncé une « exploitation par les médias hébraïques et internationaux » de cet « incident » qu’ils tentent de présenter comme « une réunion ou des pourparlers ».

Non à la normalisation

Des mouvements de protestation spontanés avaient éclaté le 27 août à Tripoli et dans plusieurs banlieues de la capitale en signe de refus d’une normalisation avec Israël, puis ils ont gagné d’autres villes où des jeunes ont coupé les routes, brûlé des pneus et brandi le drapeau palestinien. Le centre-ville de Tripoli a été paralysé par les manifestants dont un groupe s’est dirigé vers le ministère des Affaires étrangères pour réclamer la démission de la cheffe de la diplomatie, selon des vidéos postées sur les réseaux sociaux.

Après l’annonce israélienne de la rencontre, le Conseil présidentiel (CP) libyen, un organe doté de certains pouvoirs exécutifs, a réclamé « des éclaircissements » au gouvernement. Pour le CP, « ceci ne reflète pas la politique étrangère de l’État libyen, ne représente pas les constantes nationales libyennes et est considéré comme une violation des lois libyennes qui criminalisent la normalisation avec l’entité sioniste ».

Le ministre israélien a dit avoir évoqué avec Najla al-Mangoush « l’importance de préserver l’héritage du judaïsme libyen à travers la réparation des synagogues et des cimetières juifs dans ce pays ». Il s’agit d’une « première étape dans les relations entre Israël et la Libye », a dit ce ministre estimant que « la taille et la place stratégique de la Libye offrent une opportunité immense pour l’État d’Israël ». Cette rencontre s’est déroulée sous les auspices du ministre italien des Affaires étrangères Antonio Tajani, selon le communiqué israélien.

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La majeure partie de la population juive libyenne a quitté ce pays pendant les vingt années qui ont suivi la Seconde guerre mondiale, principalement pour aller en Israël. Quelques centaines de juifs vivaient encore en Libye au moment du coup d’État de Mouammar Kadhafi en 1969. Il les a ensuite expulsés, a fait confisquer leurs biens et détruit des synagogues.

(Avec AFP)

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