Au Mali, la junte joue l’apaisement avec les ex-rebelles du Nord
Les autorités de transition maliennes ont appelé le 28 août les groupes armés signataires de l’accord de paix d’Alger à renouer le dialogue, alors que la crainte d’une reprise des hostilités grandit dans le sillage du retrait de la Minusma, la mission de l’ONU dans le pays.
Dans un communiqué, le ministre malien de la Réconciliation, chargé de l’application de l’accord de paix, le colonel major Ismaël Wagué, a dit « inviter » les mouvements signataires à « revenir à la table des négociations [pour] surmonter les défis actuels par la voie du dialogue ». « Le gouvernement reste attaché à l’accord » conclu en 2015, ainsi qu’au cessez-le-feu conclu en 2021, a-t-il souligné.
Mais au même moment, Mohamed El Maouloud Ramadane, porte-parole de la Coordination des mouvements de l’Azawad (CMA), la principale coalition des ex-rebelles du Nord, faisait état du largage de quelques bombes sur des positions de ses combattants à Anefis, dans la région de Kidal, sans causer de dommages.
Menaces sur l’accord d’Alger
Les tensions ont été accentuées avec le début du retrait de la mission de l’ONU, déployée au Mali depuis 2013 et poussée au départ par les autorités maliennes. Les groupes armés s’opposent à ce que les camps de la mission soient transférés à l’armée malienne, sur fond de rivalité pour le contrôle du territoire. Ces tensions ont culminé avec le transfert du camp onusien de Ber à la mi-août, qui a donné lieu à des combats entre soldats et jihadistes, mais aussi à des actes hostiles entre armée et CMA.
La situation fait craindre pour l’avenir de l’accord de paix d’Alger, signé en 2015 et jugé primordial pour la stabilisation du Mali. Cet accord a été signé par la CMA, par des groupes armés progouvernementaux et par le gouvernement malien. Les jihadistes continuent, quant à eux, de combattre l’État sous la bannière d’Al-Qaïda ou de l’organisation État islamique (EI ou Daesh, en arabe).
Inquiétudes onusiennes
Les inquiétudes pour l’avenir de l’accord ont été abondamment exprimées le 28 août lors d’une séance du Conseil de sécurité de l’ONU. Le chef de la mission des Nations unies au Mali, El Ghassim Wane, a constaté la « paralysie des structures de suivi » de l’accord.
L’ambassadrice américaine Linda Thomas-Greenfield s’est dite « alarmée » par les affrontements qui ont eu lieu à Ber et par « la reprise des hostilités dans le Nord ». « Si la guerre éclatait, elle ferait déferler sur les Maliens une dévastation indicible, impensable », a-t-elle dit. Plusieurs pays ont appelé à une reprise du dialogue.
(avec AFP)
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