Coup d’État au Gabon : Eramet et TotalEnergies sur le qui-vive

Le putsch de ce mercredi 30 août à Libreville a déjà des conséquences sur les intérêts économiques de la France dans le pays.

Noureddin Bongo-Valentin, fils d’Ali Bongo Ondimba, était l’un des hommes les plus puissants du Palais du bord de mer. © COM PR ID

Publié le 30 août 2023 Lecture : 3 minutes.

« À peu près 80 entreprises françaises sont répertoriées au Gabon », affirme Étienne Giros, président du Conseil français des investisseurs en Afrique (CIAN), chargé de promouvoir les investissements français sur le continent. « À cela il faut ajouter des PME, artisans, restaurants, cabinets d’avocats, d’assurances, services financiers… qui se chiffrent en dizaines », poursuit-il.

Eramet suspend ses activités

Parmi les plus grands groupes français présents sur place, le groupe minier Eramet a d’ores et déjà pris des mesures en annonçant mercredi 30 août que ses activités avaient été « mises à l’arrêt » dans l’objectif de « protéger la sécurité de [son] personnel et l’intégrité de [ses] installations ».

la suite après cette publicité

Le groupe français présent à travers deux filiales, Comilog (la Compagnie minière de l’Ogooué), dans l’extraction de manganèse, et Setrag (la Société d’exploitation du transgabonais), dans l’exploitation ferroviaire, emploie 8 000 personnes dans le pays, majoritairement des Gabonais. Le Gabon est le deuxième producteur mondial de manganèse, un métal utilisé dans la production d’acier et de batteries, d’après la société Coface, spécialisée en gestion des risques.

Comilog extrait 90 % du manganèse issu du sous-sol gabonais, d’après le ministère de l’Économie, ce qui a représenté 4,8 millions de tonnes en 2019, le reste étant pris en charge par le chinois CICMHZ (Compagnie industrielle des mines de Hangzhou), et l’entreprise Nouvelle Gabon Mining (NGM), filiale du groupe indien Coalsale Group.

TotalEnergies « mobilisée »

Également présente, la major pétrolière TotalEnergies est installée depuis 1928 dans le pays. Quatrième producteur de pétrole d’Afrique subsaharienne, le Gabon est à nouveau membre de l’Organisation des pays exportateurs de pétrole (Opep) depuis 2016, après l’avoir initialement quittée en 1996. Le géant français se dit « mobilisé pour assurer la sécurité de ses salariés et de ses opérations, ce qui constitue sa principale priorité ».

Au Gabon, TotalEnergies opère sept sites et compte deux filiales : TotalEnergies EP Gabon et TotalEnergies Marketing Gabon. C’est aussi le principal acteur dans la distribution de produits pétroliers du pays avec 45 stations – une présence modeste à l’échelle du continent. L’entreprise est par ailleurs entrée l’an dernier au capital de la Compagnie des bois du Gabon (CBG) à hauteur de 49 % pour développer un modèle de gestion forestière.

la suite après cette publicité

Également actif dans les hydrocarbures, le producteur Maurel & Prom affirme pour l’heure que la situation actuelle « n’affecte pas » ses sites d’activité, « où les opérations se déroulent normalement, sans impact sur la production ». Le groupe a annoncé le 15 août dernier qu’il allait racheter à la société d’investissement Carlyle la compagnie pétrolière Assala Energy, présente au Gabon, pour 730 millions de dollars.

Interrogée, la compagnie pétrolière Perenco, également active au Gabon, n’a pour l’instant pas répondu.

la suite après cette publicité

536 millions d’euros d’exportations françaises

« Il est beaucoup trop tôt pour dire comment la situation va affecter » les entreprises, souligne Étienne Giros, ajoutant que celles-ci tentent aujourd’hui d’évaluer prioritairement la sécurité du personnel et le risque de blocage des expatriés, ainsi que la protection de leurs biens. « Je ne vois pas un exode brutal », anticipe-t-il toutefois.

Le Gabon est par ailleurs devenu l’an dernier la première terre d’exportations françaises au sein de la Communauté économique et monétaire de l’Afrique centrale (Cemac) qui comprend notamment le Cameroun et le Tchad, avec 536 millions d’euros, d’après le ministère de l’Economie. Les principaux objets d’exportation ont été les produits agricoles et des industries agroalimentaires, les biens d’équipement (matériel mécanique, électrique, électronique et informatique), les biens intermédiaires, et les produits pharmaceutiques.

(Avec AFP)

L'éco du jour.

Chaque jour, recevez par e-mail l'essentiel de l'actualité économique.

Image

La rédaction vous recommande

Contenus partenaires