Coup d’État au Gabon : la communauté internationale prise de court
Les réactions à l’annonce du coup de force des militaires contre le président Ali Bongo Ondimba, au petit matin de ce mercredi 30 août, sont pour l’instant prudentes.
Quelques heures après que les militaires ont annoncé avoir pris le pouvoir à Libreville et mis Ali Bongo Ondimba « à la retraite », le président de la Commission de l’Union africaine (UA) a condamné « fermement la tentative de coup d’État » au Gabon et dénoncé « une violation flagrante » des principes de l’organisation continentale.
Dans un communiqué, le Tchadien Moussa Faki Mahamat « appelle l’armée nationale et les forces de sécurité à s’en tenir strictement à leur vocation républicaine, à garantir l’intégrité physique du président de la République, des membres de sa famille, ainsi que de ceux de son gouvernement ».
Condamnation du coup d’État
Plus tôt dans la journée de ce mercredi 30 août, la France avait dit, par la voix de sa Première ministre, Élisabeth Borne, « suivre avec la plus grande attention » la situation au Gabon. S’exprimant à l’issue du conseil des ministres, Olivier Véran, porte-parole du gouvernement français, a en outre affirmé que Paris « condamn[ait] le coup d’État militaire ». « Nous rappelons notre attachement à des processus électoraux libres et transparents », a-t-il plus tard ajouté.
Le coup de force à Libreville a eu lieu alors que le Centre gabonais des élections (CGE) venait d’annoncer la réélection pour un troisième mandat d’Ali Bongo Ondimba, avec 64,27 % des suffrages, face à l’opposant Albert Ondo Ossa, crédité, lui, de 30,77 % des voix. Dans une allocution diffusée au petit matin sur les écrans de la télévision nationale, les putschistes affirmaient mettre en place un « Comité pour la transition et la restauration des institutions » (CTRI) et annuler « les élections générales du 26 août 2023 ainsi que [leurs] résultats tronqués ».
Le président Ali Bongo Ondimba a depuis été placé en résidence surveillée, à son domicile du quartier de La Sablière, à Libreville. Pékin a formellement appelé à garantir sa sécurité.
« La Chine suit de près l’évolution de la situation au Gabon et appelle les parties concernées à agir dans l’intérêt fondamental du peuple gabonais», a fait savoir ce mercredi un porte-parole de la diplomatie chinoise, Wang Wenbin. Il a appelé les différents acteurs à « résoudre pacifiquement leurs différends par le dialogue, au retour immédiat à l’ordre normal, et à garantir la sécurité personnelle d’Ali Bongo Ondimba ».
« Profonde préoccupation »
Du côté des États-Unis, la Maison-Blanche « suit de très près » la situation. John Kirby, porte-parole du Conseil de sécurité nationale, a jugé « profondément inquiétante » la succession de coups d’État ces dernières années et déclaré: « Nous allons rester concentrés sur le travail à faire avec nos partenaires en Afrique et toute la population du continent pour aider à soutenir la démocratie. »
L’ONU a elle aussi réagi. Antonio Guterres « condamne fermement la tentative de coup d’État en cours », a déclaré son porte-parole Stéphane Dujarric, appelant tous les acteurs à la « retenue » et au « dialogue ». Le secrétaire général de l’ONU note en outre « avec une grande inquiétude l’annonce des résultats des élections dans le contexte d’informations concernant des violations graves des libertés fondamentales ».
La Russie a également fait part de sa « profonde préoccupation », tout comme le Commonwealth, organisation que le Gabon a rejointe l’an dernier. Moscou déconseille en outre « temporairement » à ses ressortissants de se rendre dans ce pays.
Du côté du Maroc, qui entretient des liens traditionnellement étroits avec le Gabon, la réaction est pour l’instant prudente : le ministère des Affaires étrangères a dit suivre de près la situation.
« Le royaume du Maroc souligne l’importance de préserver la stabilité de ce pays frère et la quiétude de sa population », indique le ministère dans un communiqué. Rabat fait confiance à la sagesse de la nation gabonaise, de ses forces vives et de ses institutions nationales, pour avancer dans une perspective permettant d’agir dans l’intérêt supérieur du pays, de sauvegarder les acquis réalisés et de répondre aux aspirations du peuple gabonais frère. »
Au Nigeria, le président Bola Tinubu, qui exerce la présidence tournante de la Cedeao et prône la fermeté face aux putschistes nigériens, qui ont eux renversé Mohamed Bazoum le 26 juillet dernier, a dit suivre « de près et avec une profonde inquiétude » la situation au Gabon.
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