Un cacique à la présidence pour apaiser le tumulte à l’Assemblée nationale

Présenté comme un proche du président Abdoulaye Wade, le député libéral Mamadou Seck, élu président de l’Assemblée nationale sénégalaise, occupait jusque-là le poste de président de la très stratégique Commission de l’économie générale, des finances, du plan et de la coopération économique de l’institution parlementaire.

Publié le 18 septembre 2008 Lecture : 3 minutes.

Le choix porté sur le Maire de Mbao (banlieue dakaroise) par le groupe parlementaire libéral et démocratique (majorité), qui a soutenu sa candidature, a été salué, jusque dans les rangs de l’opposition, a-t-on constaté.

La presse sénégalaise salue dans sa grande majorité, l’élection de Mamadou Seck à la présidence de l’Assemblée nationale sénégalaise, y voyant un choix tout à la fois judicieux et calculé. 61 ans, député du parti démocratique sénégalais il est décrit comme un homme pondéré, serein, qui ne participe pas aux coteries et n’est d’aucun clan.

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Surtout, il ne s’imagine pas présidentiable, ce qui aurait « perdu » son prédécesseur M Macky Sall, après avoir coûté à Idrissa Seck, son poste de Premier ministre, mais surtout de « dauphin » trop tôt auto-proclamé, du Président Abdoulaye Wade. En outre, apprécient les observateurs, cette élection a l’heur d’apaiser les esprits et de remettre au travail, la Chambre basse du Parlement. Cerise sur le gâteau, l’homme a le profil de l’emploi. Mamadou Seck, économiste de formation, est diplômé du Centre d’Etudes financières, économiques et bancaires de Paris et de l’Université de Paris I-Panthéon. De plus, il peut se prévaloir d’une certaine intégrité.

Les Sénégalais ont encore en mémoire qu’il choisît de démissionner du gouvernement en mai 2001, alors qu’il y occupait le poste de l’Economie et des Finances. C’était pour se mettre à la disposition de la Justice dans une "affaire » montée pas des détracteurs, mais qui aurait pu « ternir (son) image et celle du gouvernement".

L’alternance politique n’était alors vieille que de quelques mois. Il sera finalement blanchi par la Justice, ce qui lui permettra de réintégrer le gouvernement à partir de novembre 2002, au poste de ministre des Infrastructures, de l’Equipement et des Transports, puis celui des Infrastructures, de l’Equipement, des Transports terrestres et des Transports maritimes intérieurs en mars 2005.

Il quitte le gouvernement en février 2006, puis gagne un siège au parlement aux législatives de 2007, tout en étant au service de la commune de Mbao, dont il est le Maire. Dixième Président de l’Assemblée nationale depuis l’indépendance du pays, Mamadou Seck est la quatrième personnalité à occuper le perchoir sous l’ère du Président Wade.

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Il y a une semaine, une large majorité de députés a voté une résolution destituant Macky Sall, en invoquant un « blocage » de l’institution, conséquence dune ’’mésentente évidente’’ avec la majorité parlementaire, dont il avait pourtant conduit la liste aux législatives. Selon ces parlementaires, cette situation préjugeait ’’d’une crise institutionnelle’’ entre l’Exécutif et le Législatif.

M. Sall a démissionné du PDS, quelques heures après le vote des députés, pour créer un directoire chargé de « penser son avenir politique ». En réalité, les difficultés ont commencé pour Macky Sall beaucoup plus tôt. Chargé de conduire les investitures en direction des élections législatives de 2007, il se serait servi outre mesure, mettant ses hommes à lui, aux meilleures places des « éligibles ».

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Le patron du Parti, Me Abdoulaye Wade n’aurait guère apprécié, mais le coup était parti. Une partie de l’opposition décide de boycotter le scrutin, comme suite à la contestation des résultats de la présidentielle de février remportée par Wade, au premier tour. Dans les rangs du PDS, d’autres menacent leur formation, de vote-sanction, pour protester contre les listes Macky.

A l’arrivée, une participation en-dessous de 40 %, et les « boycotteurs » crient victoire.

De l’eau au moulin de la contestation, de tous les mécontents. Le nouveau parlement installé, survient une nouvelle cause de crise. La Commission de l’économie générale, des finances, du plan et de la coopération économique demande à auditionner Karim Wade, es qualité Président de l’Agence nationale pour l’organisation de la conférence islamique, au lendemain de la onzième OCI, à Dakar.

Karim, comme l’appellent ses compatriotes n’est pas seulement à la tête de l’ANOCI. Le fils de Me Abdoulaye Wade est aussi Conseiller spécial du Président de la République et certains le voient sur les tablettes de son père pour la succession à la tête du Sénégal. Dans ce concert d’intrigues de Palais et de bataille de positionnement, Macky Sall aurait joué la mauvaise carte. Sa destitution est interprétée par la presse et certains observateurs, comme une ’’mise à mort politique’’ d’un prétendant aux charges présidentielles.

A contrario, Mamadou Seck, qui succède à Macky Sall est présenté comme « l’homme qu’il faut », dans une situation, où le parti au pouvoir continue de vivre les ’’remous’’ liés aux querelles entre adversaires et partisans de l’ex numéro 2 du PDS, désormais électron libre.

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