En Tunisie, le torchon brûle entre l’Espérance et la FTF

Les relations entre la Fédération tunisienne de football (FTF) et l’Espérance sportive de Tunis, d’habitude plutôt apaisées, se sont brusquement tendues en raison d’un litige financier.

L’Espérance de Tunis avant la demi-finale de Ligue des champions de la CAF face aux Égyptiens d’Al-Ahly, au Caire, le 19 mai 2023. © Ayman Aref/NurPhoto via AFP

Alexis Billebault

Publié le 3 septembre 2023 Lecture : 3 minutes.

Jusqu’à présent, la Fédération tunisienne de football (FTF), présidée par Wadie Jary, dont l’action à la tête de l’instance est souvent contestée, y compris au plus haut sommet de l’État, entretenait des rapports plutôt cordiaux avec l’Espérance sportive de Tunis (EST). « Jary a eu des conflits avec le CS Chebba ou l’Étoile du Sahel, par exemple, mais avec l’Espérance, je n’ai pas souvenir de relations conflictuelles », explique un journaliste sous couvert d’anonymat.

Il faut dire que le club le plus titré du pays – 32 fois champion, vainqueur de 15 Coupes de Tunisie et de 4 Ligues des champions de la CAF – pèse lourd sur la scène domestique, avec ses supporteurs nombreux et influents, et un président, Hamdi Meddeb, également fondateur du Groupe Délice, un des fleurons de l’industrie agro-alimentaire du pays.

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Les relations entre les deux parties se sont donc brutalement envenimées ces derniers jours en raison d’un contentieux financier. Tout est parti des comptes bancaires de la Confédération africaine de football (CAF). Celle-ci, conformément à un barème régulièrement amélioré, verse aux équipes africaines des primes en fonction de leurs résultats dans les deux compétitions qu’elle organise (Ligue des champions et Coupe de la CAF).

À ce titre, l’Espérance, éliminée en demi-finale de la Ligue des champions par les Égyptiens d’Al-Ahly (0-3, 0-1), a droit à une dotation de 1,1 million d’euros, amputée de 276 000 euros correspondant à une amende infligée par la CAF au club tunisien après des incidents provoqués par des supporteurs en quart de finale contre la JS Kabylie (Algérie).

Cette somme a été versée en deux tranches par la CAF à la FTF, laquelle est chargée de la virer à l’Espérance. Le premier versement n’a pas suscité de réclamation de la part du club de la capitale tunisienne.

Une guerre d’égo entre Wadie Jary et Hamdi Meddeb ?

La seconde tranche, d’un montant de 395 600 euros, n’a en revanche pas atterri sur le compte en banque de l’Espérance. La fédération estime en effet que cette somme ne couvre pas les frais qu’elle a avancés au club, notamment pour le paiement des litiges avec des joueurs traités par la Fifa, en sus des montants liés à des redevances dues par l’Espérance au titre de ses participations aux compétions domestiques (Championnat et coupe). Un argument rejeté par l’Espérance, qui estime que l’instance lui doit même encore de l’argent : 52 000 euros, selon nos informations.

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D’après des sources proches de la FTF, celle-ci estime à l’inverse que l’Espérance lui doit de l’argent : le montant de ses dettes serait de 957 500 euros, alors que l’instance assure lui avoir avancé 868 000 euros. « On est quelque part dans une lutte d’égo, car les sommes en question ne sont pas démesurées. La fédération estime qu’elle n’a fait que récupérer l’argent qu’elle a avancé à l’Espérance, notamment vis-à-vis des instances internationales, grâce au fait qu’elle dispose d’une trésorerie suffisante et d’un compte en devises. Et l’Espérance, sans doute poussée par ses supporteurs les plus virulents, veut montrer qu’elle ne laissera pas la FTF agir à sa guise avec l’argent qui lui revient », poursuit une source interne à la FTF.

Ce différend par communiqués de presse interposés ne peut évidemment se dérouler sans l’accord tacite de Wadie Jary et de Hamdi Meddeb. « Rien ne se fait à la fédération ou à l’Espérance sans leur autorisation. Meddeb, par exemple, dont la parole est très rare, va valider la moindre information ou photo publiée sur les réseaux sociaux officiels du club. Alors, vous pensez bien que pour un communiqué à l’attention de la fédération, pour une histoire d’argent, la moindre virgule est soumise à l’approbation du président. Et c’est pareil à la FTF. Il faut s’attendre à ce que cela dure un peu, car ce sont deux fortes têtes, avec beaucoup d’égo, et aucun des deux ne lâchera », sourit, avec un brin d’ironie, un proche de l’Espérance connaissant bien les deux hommes. Lesquels, jusqu’à aujourd’hui, ont soigneusement laissé à leurs services le soin de communiquer.

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