« Funeste connerie » : quand Macron regrette de ne pas pouvoir briguer un troisième mandat

Au moment où le chef de l’État se désole d’une « épidémie » de putschs en Afrique, il regrette la limitation des mandats présidentiels en France.

© Damien Glez

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Publié le 1 septembre 2023 Lecture : 2 minutes.

Emmanuel Macron pousse-t-il la logique du « en même temps » un cran trop loin ? Alors qu’il déroule publiquement une langue châtiée faite de liaisons et de mots désuets – « carabistouille » ou « perlimpinpin » –, il se laisse aller, dans des cadres plus restreints, à un langage aussi trivial que le désormais fameux « pognon de dingue ». Au bout de la nuit du 30 août, lors d’un entretien avec les dirigeants des partis d’opposition, le président français a qualifié la limitation du nombre de mandats présidentiels de « funeste connerie ». Au-delà du choix du champ sémantique, c’est une remarque qui n’a rien d’anodine, puisque la règle en question l’empêche d’envisager lui-même une troisième candidature en 2027.

L’envie de faire une blague ?

Alors que Macron dénonce le renversement de plus en plus fréquent de présidents africains élus, il n’est pas sans savoir que les moins radicaux de leurs soutiens les justifient par le pourrissement de la vie politique, notamment à travers la tentation de troisièmes mandats illégitimes. C’est pour avoir obtenu un troisième mandat que le Guinéen Alpha Condé a été remercié. C’est pour la même raison que l’Ivoirien Alassane Ouattara est dans le collimateur des diatribes néopanafricanistes. C’est pour éviter d’être chahuté que le Sénégalais Macky Sall vient de renoncer à un triplé…

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Comment expliquer que Macron ait « craqué », selon les termes de son opposant Jean-Luc Mélenchon ? La fatigue ? Les propos semblent avoir été tenus vers 3 heures du matin, au moment où le président du Rassemblement national vantait l’idée d’un septennat unique. La certitude que la tenue à huis clos de la réunion préserverait des fuites ? Macron sait que même les off transpirent. L’envie de faire une blague ? C’est l’hypothèse d’un participant de la majorité, mais personne n’a oublié que, mi-juin, le macroniste de la première heure et ancien président de l’Assemblée nationale Richard Ferrand déclarait que la limitation à deux mandats présidentiels successifs « affaiblit la vie politique »…

L’autorité du mystère

Peut-être Emmanuel Macron regrette-t-il moins la possibilité d’être candidat que l’autorité que confère le mystère des ambitions. Président sans majorité absolue tiraillé entre une quête permanente d’accords politiciens ponctuels et le passage en force avecl’article 49.3, le chef de l’État sait que l’ébauche anticipée de l’après-Macron le fragilise déjà, un peu plus de trois ans et demi avant son départ de l’Élysée. Son ministre Gérald Darmanin vient de lancer la course à l’échalote…

Pour autant, dénoncer cette présumée « funeste connerie » tend à le discréditer. En France, par le témoignage d’une apparente aigreur prématurée. En Afrique, lui qui cite en exemple le départ de Mahamadou Issoufou à l’issue d’un deuxième mandat. Au moment de la saillie impromptue d’Emmanuel Macron, le coup d’État avait débuté, dans un Gabon où Ali Bongo dégustait l’annonce officielle de son… troisième mandat.

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