Sommet africain pour le climat : une grand-messe de plus, et après ?

Ce lundi s’est ouverte la toute première conférence internationale consacrée aux questions climatiques en Afrique. Un « Africa Climate Summit » qui ne suscite guère que scepticisme et critiques.

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Publié le 4 septembre 2023 Lecture : 2 minutes.

Une vingtaine de chefs d’État ou de gouvernement et le secrétaire général des Nations unies : le casting propulse l’Africa Climate Summit au rang des grands-messes vouées à alerter sur les dangers inhérents aux changements climatiques sans pour autant accoucher d’avancées notables.

Cette rencontre-là se déroule à Nairobi, à l’occasion de la Semaine africaine du climat, du 4 au 6 septembre, coincée entre la COP27 de Charm el-Cheikh en novembre 2022 – ayant eu lieu en Afrique, mais sans vocation dédiée – et la COP28 de Dubaï, de décembre prochain. Les parfums boisés du jargon organisationnel rappellent les précédentes rencontres, charriant l’ambition de « relever les défis urgents posés par le changement climatique ».

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Dupes ou non, optimistes ou bien peu, les plus volontaristes misent cette fois sur l’africanité du sommet, sans ignorer que ce dernier est essentiellement sponsorisé par des acteurs occidentaux.

Primo, l’Afrique est particulièrement touchée par les conséquences du changement climatique, alors qu’elle n’est responsable que de 6 % du total des émissions de CO2. Secundo, le continent africain est aujourd’hui l’objet de nombreuses convoitises géopolitiques, qui semblent le replacer au centre de l’échiquier international. Mais, si l’Afrique est indéniablement lorgnée, est-elle pour autant écoutée ?

« Déclaration de Nairobi »

Comme de coutume, la présente rencontre s’appesantira sur les solutions, notamment celles liées à la « promotion de la croissance verte ». William Ruto, président de la République kényane, en tant qu’hôte, souhaite l’esquisse de « solutions africaines » à proposer à la COP28. Un projet de « Déclaration de Nairobi » met déjà l’accent sur le « potentiel unique de l’Afrique pour être une partie essentielle de la solution » ; un potentiel en énergies renouvelables, en main-d’œuvre jeune, et en ressources essentielles pour les batteries et l’hydrogène, notamment 40 % des réserves mondiales de cobalt, de manganèse et de platine.

Si l’on devine aisément la teneur des discours à relatifs aux solutions, on anticipe également que le sommet s’achèvera sur les questions liées aux financements. La lutte contre le réchauffement climatique ne peut être appréhendée indépendamment de la détermination des responsabilités et du droit revendiqué au développement. Et, comme de nombreux aspects économiques sont entremêlés, le président kényan n’a pas appelé à dégager des fonds sans évoquer l’allègement du poids de la dette qui pèse sur les pays africains.

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S’il veut être écouté et convaincre, le continent se doit de parler d’une seule et même voix. Le Kenya lui-même n’est exempt ni de critiques externes – africaines en l’espèce – qui reprochent à Ruto son rapport aux marchés du carbone, ni de récriminations internes, notamment de l’African Region Indigenous People, un groupe qui dénonce les effets sur la vie des peuples autochtones de certaines décisions présentées comme écologiques.

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