Des familles de Lubumbashi obligées d’abandonner leurs morts

Des familles pauvres de Lubumbashi abandonnent le corps des leurs à la morgue, faute de moyens pour s’acquitter des frais d’inhumation. Résultat, c’est la ville de quelque 1,3 million d’habitants qui se charge de trouver une dernière demeure à ces défunts.

Publié le 31 mai 2009 Lecture : 2 minutes.

La ville de Lubumbashi, capitale de la province du Katanga, située au Sud-Est de la RD Congo, connaît, depuis le début de l’année, un important phénomène d’abandon des dépouilles des défunts. C’est la conséquence du manque de moyens financiers pour organiser les obsèques, révèle une enquête réalisée par APA.

Certaines familles vivant dans une misère sans pareille n’ont pas trouvé mieux que d’abandonner à la morgue les dépouilles des leurs pour obliger l’administration urbaine de la ville de Lubumbashi à s’occuper de leurs funérailles dans le cadre de la prise en charge des indigents.

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Selon des informations recueillies au service d’inhumation de la mairie de Lubumbashi, 46 dépouilles identifiées comme des « indigents » ou des « personnes sans famille », au nombre desquels se trouvent également des malades mentaux et des enfants de rue, ont été inhumées par l’Hôtel de ville, entre janvier et avril 2009.

Ces défunts dont la mort est inconnue

La source précise que l’inhumation de cette catégorie de personnes intervient trois jours après large diffusion de communiqués de la mairie de la ville, appelant les familles à passer à la morgue pour identification des dépouilles abandonnées.

La même source ajoute que la mairie de Lubumbashi vient d’inhumer la dépouille mortelle d’une femme qui, décédée en février dernier, était conservée à la morgue de l’hôpital général de la commune de Katuba pendant plus de deux mois sans que la famille ne se présente.

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Parmi les dépouilles inhumées par la mairie de Lubumbashi, une dizaine de corps non identifiés appartiennent à des victimes d’accidents dont la famille ignore le décès, précise la source.

Ce nouveau comportement de la population de Lubumbashi est imputable, selon une opinion très répandue, aux conséquences de la crise financière mondiale, qui a réduit à néant le pouvoir d’achat de la population.

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Fraude à l’inhumation

Les services de l’Hôtel de ville ont également découvert quelques cas de fraude en matière d’inhumation. En effet, certaines familles, dépourvues de moyens financiers, procèdent nuitamment à l’inhumation de leurs parents décédés pour échapper au paiement de taxes.

Les frais relatifs aux obsèques et à l’organisation de deuil varient entre 300 et 1 200 dollars US. Ce montant peut être revu à la hausse selon la catégorie sociale de la famille éprouvée.

Certains pensent que la mairie est en train de payer le prix de l’avarice des autorités de la ville qui ont fixé des taxes excessives pour la délivrance du permis d’inhumation. Une tombe au cimetière de Sapin, par exemple, coûte 2. 500 dollars US, alors qu’elle était de 200 dollars, il y a moins de dix ans.

La hausse vertigineuse du tarif du permis d’inhumation fait suite à la saturation du cimetière de Sapin, considéré comme le lieu de repos éternel des personnes nanties. Certaines familles ont déjà acheté des concessions dans le cimetière de Sapin pour enterrer les leurs.

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