En Algérie, la date de la rentrée scolaire enfin fixée
Certains parents d’élèves commençaient à désespérer, mais cette fois, ça y est, la date de la rentrée a été annoncée. Ce sera le 19 septembre, dans un contexte de hausse du prix des fournitures scolaires qui angoisse déjà de nombreuses familles.
Après un incompréhensible suspense qui aura duré plusieurs jours et provoqué un début de polémique au sein de l’opinion publique algérienne, la date de la rentrée scolaire a enfin été révélée dans la soirée de ce lundi 4 septembre.
Les 11 millions d’élèves que compte le pays reprendront le chemin de l’école mardi 19 septembre. De leur côté, comme prévu, le personnel administratif et les enseignants ont, eux, rejoint les établissements scolaires à partir du dimanche 27 août pour les premiers et du dimanche 3 septembre pour les seconds.
Le retard pris par les autorités pour fixer la date de cette importance échéance, habituellement l’un des repères de la rentrée sociale, avait suscité l’inquiétude des parents, des enseignants et de leurs syndicats. L’incompréhension au sein de l’opinion publique a encore une fois stimulé ce fameux sens de la dérision propre aux Algériens : « La rentrée scolaire en Algérie, c’est comme l’accouchement. On connaît le mois mais pas le jour », a ironisé un internaute. « Chut ! C‘est un secret d’État ! » raillait un autre.
Certains supputaient que les lots de fournitures scolaires commandés en Chine n’étaient toujours pas arrivés, ce qui empêchait le gouvernement de fixer une date précise. Joint par téléphone, un inspecteur de l’Éducation nationale a évoqué, plus concrètement, le retard pris dans la distribution des affectations des 12 000 nouveaux enseignants des nouvelles matières introduites dans le cycle primaire, soit l’éducation physique et l’anglais.
La nouveauté est que ces enseignants ont été sélectionnés par la plateforme numérique du ministère de l’Éducation nationale, lancée cet été afin de permettre une gestion « transparente et équitable des candidatures ». Le réseau internet étant ce qu’il est en Algérie, l’opération a connu des couacs qui ont engendré des retards.
Autre obstacle : les nouveaux enseignants doivent être formés, même sommairement, avant de rejoindre les établissements scolaires. Une fois sélectionnées et affectées à leurs nouveaux postes, les nouvelles recrues vont donc bénéficier d’un stage de formation de dix jours pour leur permettre d’acquérir les fondamentaux pédagogiques et didactiques essentiels à la pratique de leur métier.
« Le stage de formation achevé, les 12 000 nouvelles recrues en anglais et en éducation physique regagneront leurs postes respectifs pour assurer l’encadrement au niveau des écoles primaires. C’est ce qui, sans doute, explique que la rentrée soit fixée au mardi 19 septembre, soit au lendemain de la fin de ce stage de formation qui se tient du jeudi 7 septembre au lundi 18 septembre, conclut l’inspecteur.
L’enseignement supérieur également touché
Par ailleurs, la rentrée universitaire, initialement fixée au 9 septembre par le ministère de l’Enseignement supérieur et de la Recherche scientifique, vient également de faire l’objet d’un report sine die. La cause du retard serait due aux bugs des plateformes numériques consacrées aux nouvelles inscriptions.
Dans un entretien accordée la radio nationale, le directeur général de la formation au ministère de l’Enseignement supérieur et de la Recherche scientifique, M. Boukezzata, avait indiqué que toutes ces opérations d’inscription allaient être « réalisées dans le cadre de la politique zéro papier en recourant aux supports numériques dans l’ensemble des établissements universitaires ».
Les nouveaux étudiants ont donc été invités à s’inscrire à distance après s’être acquittés des frais d’inscription d’un montant de 200 dinars via la plateforme Progress, en utilisant la carte Edahabia d’Algérie Poste de l’étudiant lui-même ou de l’un de ses proches. C’est à ce niveau que des dysfonctionnements sont apparus.
Concrètement, sur le terrain, parents et élèves préparent activement la rentrée. Depuis deux ou trois semaines, les librairies papeteries du pays sont prises d’assaut par des cohortes d’acheteurs munis des listes officielles d’articles à acquérir pour chaque niveau.
Véritable supermarché de l’article scolaire, la librairie El Kawthar Plus occupe un immeuble imposant sur l’un des boulevards de la ville de Béjaïa. Les étals, bien achalandés, débordent de fournitures scolaires allant de la gomme au sac à dos sur les trois niveaux que compte l’établissement.
Facture très lourde
À titre d’exemple, une trousse simple coûte 150 dinars, le cahier de 96 pages, 75 dinars, le cahier 120 pages, 125 dinars, alors que celui de 288 pages, 320 dinars. La rame de papier de 50 feuilles blanches format A4 est à 220 dinars, le sac à dos de moyenne contenance, à partir de 3 300 dinars, un effaceur revient à 115 dinars, un stick de colle entre 95 et 140 dinars, une blouse d’élève de couleur blanche dans les 2 600 dinars, un ensemble de traçage, à 250 dinars, une boîte de 12 crayons de couleur coûte 440 dinars et un stylo simple, quelle que soit sa couleur, coûte dans les 45 dinars, alors que le crayon revient à 20 dinars.
Devant la caisse et au vu des paniers bien remplis, la facture globale est souvent très lourde. En particulier pour les parents dont les revenus sont moyens et les enfants à charge nombreux. Cela est d’autant plus vrai que de nouvelles matières ne cessent de faire leur entrée dans le programme des écoles primaires.
Et le problème n’est pas uniquement financier. À titre d’exemple, les élèves de troisième année de primaire doivent étudier 14 matières cette année. Cela fait déjà des années qu’associations de parents d’élèves et pédagogues dénoncent des cartables trop lourds pour le dos fragile des enfants, qui se retrouvent obligés de porter 15 % de leur poids. Ainsi, cette année encore, parents et élèves vont devoir supporter le poids toujours plus lourd des factures et des fournitures.
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