Au Cameroun anglophone, une rentrée scolaire à nouveau endeuillée
Une élève a été tuée par balle, ce lundi 4 septembre, dans la ville de Kumba (région du Sud-Ouest), un événement qui survient deux jours après l’assassinat de deux enseignants à Belo, dans le Nord-Ouest.
Une nouvelle victime. Ajeck Hilda, 16 ans, élève en classe de troisième au collège-lycée de Kake, dans le premier arrondissement de Kumba, n’a pas survécu à ses blessures. Touchée par une balle perdue lors d’un échange de tirs opposant forces de sécurité et groupes séparatistes, la jeune fille est décédée avant que sa mère ne puisse la conduire à l’hôpital. Selon les témoignages recueillis auprès des riverains, les événements se sont déroulés aux premières heures de la matinée du lundi 4 septembre.
Les groupes séparatistes, qui avaient préalablement menacé de perturber le déroulement de la rentrée scolaire, ont entrepris d’attaquer un poste des forces de sécurité, dont la présence avait été renforcée dans la ville pour parer à cette éventualité. La rencontre entre les deux forces a donné lieu à un affrontement armé qui a duré près d’une heure. Durant les échanges de tirs, une balle a traversé le mur d’une maison environnante construite en matériaux provisoires, avant d’atteindre le thorax de la victime, qui se trouvait alors dans sa chambre.
« Tout faire pour retrouver les auteurs de ce crime »
La jeune fille, dont le corps a été déposé à l’hôpital de Kumba, était une déplacée interne. Elle avait fui le conflit du Nord-Ouest avec sa famille, dans lequel son père a été tué. « Les tirs ont commencé vers 5 heures du matin », explique à Jeune Afrique une habitante sous couvert d’anonymat. « Nous nous sommes cachés comme on pouvait. C’est lorsque ça s’est calmé qu’on a entendu des cris au domicile des Hilda. Nous sommes profondément bouleversés. »
Dans la foulée, le préfet du département de la Meme, Chamberlain Ntou’ou Ndong, a tenu une réunion de sécurité avec les forces vives de son territoire de commandement, à l’issue de laquelle il a tenu à appeler « au calme » et à rassurer les populations. « Tout sera mis en œuvre pour retrouver les auteurs de ce crime », a-t-il notamment assuré. Pas suffisant néanmoins pour ramener la sérénité dans une ville où la plupart des établissements ont accueilli un infime nombre d’élèves.
Comme depuis 2016, les groupes séparatistes luttent pour imposer un boycott de l’école « de Yaoundé » dans les régions anglophones. Pour y parvenir, forces de l’ordre, enseignants et élèves sont régulièrement ciblés. Deux jours avant les affrontements de Kumba, deux enseignants de Mbessa, un village de l’arrondissement de Belo dans la région du Nord-Ouest, ont été tués par de présumés séparatistes. Fonjang Eric Diense et Ndim John Budi revenaient d’une réunion préparatoire à la reprise des classes, lorsqu’ils sont tombés dans un guet-apens, non loin de la forêt d’Ijim. Leurs dépouilles ont été retrouvées peu de temps après.
Tueries et kidnappings en série
En amont de la rentrée scolaire, les sécessionnistes anglophones avaient multiplié les appels au boycott dans le Nord-Ouest et le Sud-Ouest, menaçant d’attenter à la vie de quiconque viendrait outrepasser ce mot d’ordre. Parallèlement, le gouvernement avait assuré que toutes les mesures étaient prises pour conjurer la menace qui pèse sur ces régions à la veille de la rentrée des classes.
Une réunion de sécurité s’était encore tenue le 22 août dernier, à Yaoundé, sous la présidence de Joseph Beti Assomo, ministre chargé de la Défense, et à laquelle avait pris part Paul Atanga Nji, ministre de l’Administration territoriale, Martin Mbarga Nguélé, patron de la police, et Galax Etoga, chef de la gendarmerie.
Les régions du Nord-Ouest et du Sud-Ouest font toujours l’objet de tensions caractérisées par des tueries, kidnappings et autres opérations de villes mortes. Toujours dans le Nord-Ouest, cinq opérateurs économiques ont été kidnappés dans le département de la Menchum la semaine dernière. Plusieurs suspects ont été interpellés par les forces de sécurité, et l’enquête pour retrouver les otages est toujours en cours.
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