Soudan du Sud : le chef rebelle peu enthousiaste pour des pourparlers face à face

Le chef des rebelles au Soudan du Sud, l’ancien vice-président Riek Machar, semble peu enthousiaste par un face-à-face avec le président Salva Kiir pour des pourparlers de paix malgré les pressions américaines, indiquait dimanche la presse locale.

L’ancien vice-président du Soudan du Sud et désormais chef des rebelles Riek Machar. © AFP

L’ancien vice-président du Soudan du Sud et désormais chef des rebelles Riek Machar. © AFP

Publié le 4 mai 2014 Lecture : 2 minutes.

Le site internet indépendant Sudan Tribune écrit dimanche avoir interviewé Riek Machar dans une zone du pays contrôlée par les rebelles après la visite dans la région du secrétaire d’Etat américain John Kerry, qui avait brandi la menace de sanctions ciblées (saisie d’actifs, interdiction de visa) contre MM. Machar et Kiir s’ils ne se décidaient pas à mettre fin au sanglant conflit qui ensanglante le pays.

Selon le Sudan Tribune, M. Machar a déclaré être mécontent de l’appel de M. Kerry à des négociations directes entre les deux leaders et à la formation d’un gouvernement de transition. "Je lui ai demandé (à John Kerry) quel serait le but d’un gouvernement de transition? Ca ne sera pas réalisable sans un programme à mettre en place avant d’organiser des élections", a déclaré le chef rebelle, cité par le site internet. "Nous devons d’abord avoir un accord de paix avec une nouvelle constitution. Faire d’abord un gouvernement de transition n’est pas réaliste", a-t-il ajouté, estimant que des négociations face-à-face "pourraient être contre-productives".

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John Kerry s’était rendu vendredi au Soudan du Sud et avait obtenu du président Salva Kiir qu’il accepte de rencontrer Riek Machar dans les prochains jours à Addis Abeba, capitale de l’Ethiopie voisine, sous la médiation du Premier ministre éthiopien Hailemariam Desalegn. Les Etats-Unis ont été le principal artisan de l’accession du Soudan du Sud à l’indépendance en 2011, après plus de deux décennies (1983-2005) de sanglante guerre civile contre Khartoum, et l’ont soutenu à coups de milliards de dollars.

Le chef de la diplomatie américaine avait également parlé par téléphone à Riek Machar, qui, selon des sources américaines, s’est dit "ouvert à une participation". Mais d’après le Sudan Tribune, M. Machar s’est contenté de dire à M. Kerry qu’il se préparait à rencontrer le Premier ministre éthiopien pour des "consultations".

1,2 million de citoyens en fuite

La lutte de pouvoir entre Salva Kiir, qui accuse de tentative de coup d’Etat Riek Machar, et ce dernier, qui dénonce un prétexte inventé par le président pour éliminer des rivaux politiques, est exacerbée par de vieux antagonismes entre peuples dinka et nuer, dont sont respectivement issus les deux hommes. Des milliers de personnes ont déjà péri – probablement des dizaines de milliers, mais les bilans précis manquent – dans ce conflit, tandis qu’au moins 1,2 million de Sud-Soudanais ont dû fuir leurs foyers.

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Huit bases de l’ONU abritent, dans des conditions épouvantables, plus de 78.000 civils sud-soudanais craignant d’être massacrés s’ils se risquent à sortir. Les organisations humanitaires ont prévenu que le Soudan du Sud était au bord de la pire famine que l’Afrique ait connue depuis les années 1980.

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