Syrie : 60 000 personnes ont fui les combats entre jihadistes

Au moins 60.000 personnes ont fui ces derniers jours des villes de la province de Deir Ezzor, dans l’est de la Syrie, théâtre d’intenses combats entre jihadistes rivaux, malgré des appels à une trêve du chef d’Al-Qaïda.

Des combattants rebelles patrouillent dans la ville de Deir Ezzor, le 10 mars 2014. © AFP

Des combattants rebelles patrouillent dans la ville de Deir Ezzor, le 10 mars 2014. © AFP

Publié le 4 mai 2014 Lecture : 3 minutes.

Alors que la crise humanitaire s’aggrave chaque jour un peu plus dans le pays et que des responsables de l’ONU critiquent les problèmes d’acheminement d’aide aux civils, le président Bachar al-Assad a appelé samedi les instances gouvernementales chargées de l’aide à une plus grande coopération avec les organisations locales et internationales.

A Homs, dans le centre du pays, les négociations sur le retrait des rebelles des derniers quartiers qu’ils contrôlent étaient par ailleurs dans leur phase finale. Le conflit en Syrie est devenu ces derniers mois très complexe, le front entre loyalistes et rebelles s’étant doublé d’une guerre fratricide entre groupes combattant l’armée. Les affrontements dans la province de Deir Ezzor, qui ont débuté mercredi entre le Front Al-Nosra, la branche syrienne du réseau d’Al-Qaïda, et les jihadistes de l’Etat islamique en Irak et au Levant (EIIL), se sont intensifiés samedi. "Les habitants des localités de Bussayra (35.000 personnes), d’Abriha (12.000) et d’al Zir (15.000) ont été déplacés par les combats dans ces secteurs", a indiqué l’Observatoire syrien des droits de l’Homme (OSDH).

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Selon l’ONG, une vaste majorité de déplacés ont cherché à se réfugier dans les zones échappant au contrôle du régime, dans d’autres secteurs de la province de Deir Ezzor. En quatre jours de combats, 62 combattants des deux groupes ont été tués, a ajouté l’OSDH.  Une guerre fratricide oppose al-Nosra à l’EIIL, pourtant engagés contre le régime, faisant des milliers de morts depuis janvier. Dans un enregistrement sonore diffusé vendredi, le chef d’Al-Qaïda Ayman al-Zawahri avait cependant ordonné au Front Al-Nosra de cesser "immédiatement" de combattre l’EIIL.

Les déplacés dans la province de Deir Ezzor s’ajoutent à des millions d’autres dans le pays qui ont un besoin cruel d’aide humanitaire. Or, le secrétaire général de l’ONU Ban Ki-moon a récemment déploré les problèmes d’accès de cette aide, malgré une résolution adoptée en février appelant les belligérants à la laisser entrer, pointant notamment du doigt le gouvernement syrien.

Négociations à Homs

"Nous avons besoin d’une plus grande coopération entre les ministères et les organes impliqués dans l’aide humanitaire, d’un acheminement de l’aide sans délai, et d’un travail sur le terrain avec toutes les parties prenantes locales et internationales pour faciliter l’acheminement de l’aide", a affirmé M. Assad, selon la télévision d’Etat. La patronne des opérations humanitaires de l’ONU Valerie Amos avait déploré mercredi que "moins de dix pour cent des 242.000 syriens dans les zones assiégées ont reçu une aide dans les quatre semaines écoulées".

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Le régime a réussi ces derniers mois à reprendre plusieurs localités stratégiques aux rebelles, et l’armée a fait encore état samedi d’avancées face aux insurgés dans la province de Damas et à Alep. Dans le centre du pays, le gouverneur de la province de Homs Talal al-Barazi et les rebelles ont affirmé à l’AFP que la trêve entrée en vigueur vendredi, qui vise à un retrait des insurgés des derniers secteurs qu’ils occupent, se maintenait et que les négociations se poursuivaient.

"Une partie de l’accord concerne la libération d’officiers iraniens aux mains de Liwa al-Tawhid à Alep", a dit un des négociateurs côté rebelle, Aboul Hareth. "L’accord porte sur la Vieille ville et sur le quartier Waer mais sa mise en application commencera par la Vieille ville. Il s’agit d’aboutir à une solution pacifique ramenant la sécurité", a précisé le gouverneur. La Vieille ville, en ruines, n’abrite plus que des combattants mais Waer, à la périphérie de Homs, comprend des centaines de milliers d’habitants, dont beaucoup de déplacés.

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Dans le reste du pays, 24 personnes ont été tuées samedi et près de quarante blessées par des obus, des barils d’explosifs et une voiture piégée à Damas et à Alep (nord), selon l’agence officielle Sana et l’OSDH. Alors que le pays est en guerre depuis trois ans, faisant plus de 150.000 morts, M. Assad brigue un troisième mandat à la présidentielle, prévue le 3 juin dans les zones non contrôlées par les insurgés.

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