Libreville attendu au tournant par les agences de notation

Dans le sillage du coup d’État du 30 août dernier, le Gabon – désormais en terrain instable – attire l’attention vigilante des agences de notation. Fitch Ratings vient de mettre le pays sous « surveillance » accrue.

Le siège social de Fitch Ratings à New York. © James LEYNSE/REA

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Publié le 8 septembre 2023 Lecture : 2 minutes.

Le Gabon se trouve à un carrefour critique, où chaque événement politique pourrait influencer sa perception sur la scène économique internationale. C’est du moins ce qui ressort du rapport de Fitch Ratings datant du 5 septembre.

L’agence de notation a mis en garde Libreville en plaçant sa note « B- » sous « surveillance négative », évoquant un risque de défaut de paiement. Selon elle, les perturbations institutionnelles engendrées par le coup d’État du 30 août pourraient affaiblir la solvabilité du pays en nuisant à « la capacité opérationnelle des institutions responsables de la gestion de sa trésorerie et de la dette », tout en limitant son accès aux marchés de capitaux. Le risque serait décuplé dans le cas où les entités régionales et/ou internationales venaient à instaurer des sanctions économiques comme cela a récemment été le cas au Mali et au Niger, avec la Cedeao et l’Uemoa. « Les dépôts du Gabon sont en partie détenus à la banque centrale régionale (BEAC) et sont donc vulnérables aux sanctions », rappelle l’agence.

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Répondre à ses engagements financiers

À ce jour, la Communauté économique et monétaire de l’Afrique centrale (Cemac) et la Communauté économique des États de l’Afrique centrale (CEEAC), penchent en faveur d’une approche diplomatique. C’est pourquoi la CEEAC a, le 5 septembre, suspendu la participation du Gabon et missionné le président centrafricain Faustin-Archange Touadéra pour entamer un dialogue à Libreville avec le Comité pour la transition et la restauration des institutions (CTRI), visant à un rétablissement rapide de l’ordre constitutionnel.

De son côté, Fitch Ratings estime que le Gabon demeure bien positionné pour faire face à ses engagements financiers à court terme, avec des obligations en euros qui restent « gérables » au moins jusqu’en 2025, et ce « malgré l’accumulation d’arriérés envers d’autres créanciers extérieurs en 2022 et 2023, et les difficultés à obtenir des financements multilatéraux ». Les obligations gabonaises de la Bourse des Valeurs Mobilières de l’Afrique Centrale (BVMAC) d’un encours de 378 milliards de F CFA, restent stables. Et le pays est en voie de respecter l’avant-dernière échéance de son emprunt « EOG 6,25 % Net 2019-2024 », tout en ayant déjà rempli ses obligations auprès de la Banque des États de l’Afrique centrale (BEAC) fin août.

En effet, malgré le coup d’État, Libreville a émis des bons et obligations le 30 août. Pour autant, une moindre souscription est attendue, alors qu’une autre opération sur le marché monétaire est en cours de préparation.

Faiblesses structurelles

Avant le coup d’État, la note « B- » relevée dans un rapport du 5 août soulignait déjà les faiblesses du Gabon en termes de gestion financière et d’interruption des réformes, y compris celles du programme du FMI. « La reprise du programme du FMI – dont l’échéance est fixée à juin 2024 – est désormais peu probable », peut-on lire dans la dernière note de Fitch Ratings.

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Ainsi, l’agence de notation anticipe des besoins de financement budgétaire représentant en moyenne 7,2 % du PIB pour 2024-2025, et suggère que le gouvernement envisage une réduction des dépenses « si les financements externes ne se concrétisent pas ou si les revenus s’avèrent décevants ».

En 2024, l’agence prévoit une augmentation significative de la production, boostée par l’ouverture de nouveaux puits et par la montée des prix du pétrole. Cette dynamique devrait soutenir une croissance économique stable de 2,8 % pour la période 2024-2025, propulsée par les industries orientées vers l’exportation et d’importants projets d’infrastructure.

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