Immigration, aide budgétaire… Des eurodéputés à Tunis

Un groupe de députés européens sera à Tunis du 14 au 16 septembre pour évoquer les partenariats en cours, portant notamment sur les flux migratoires et les assistances financières.

Le chef de l’État tunisien, Kaïs Saïed, avec la présidente de la Commission européenne, Ursula von der Leyen, à Tunis, le 16 juillet 2023. © (Photo by Tunisian Presidency / Handout / ANADOLU AGENCY / Anadolu Agency via AFP)

Publié le 11 septembre 2023 Lecture : 3 minutes.

Une délégation de députés européens foulera le tarmac de Tunis-Carthage le 14 septembre pour une visite qui se prolongera jusqu’au 16. Depuis la révolution de 2011 et plus particulièrement depuis le passage en force du président Kaïs Saïed le 25 juillet 2021, le Parlement européen est particulièrement vigilant quant à la situation globale de ce partenaire de l’UE.

La députée européenne Salima Yenbou, qui sera du voyage, a précise à Jeune Afrique que « l’objectif de notre mission, comme toutes les missions de la commission affaires étrangères [AFET] du Parlement européen, est d’aller sur le terrain pour échanger sur les questions politiques, économiques ou de droits humains, qui sont primordiales pour les deux partenaires. Ces derniers mois, la Tunisie a été au cœur de l’actualité, notamment en raison de sa situation économique et sociale très difficile. De plus, la Tunisie est un partenaire essentiel pour l’Union européenne et un pays-clé dans la Méditerranée, si bien que nous portons beaucoup d’intérêt à ce qu’il s’y passe ».

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À l’issue de leurs nombreuses visites depuis 2021, les eurodéputés n’ont cessé d’appeler à un retour à l’ordre constitutionnel, négocié et consulté avec tous les acteurs de la société tunisienne. Las, ces appels sont demeurés sans réel retour de la part des autorités tunisiennes auxquelles ils demandaient encore, en juillet 2023, de « libérer les voix critiques détenues arbitrairement et rétablir les contre-pouvoirs démocratiques ».

Le Parlement ne déroge pas aux fondamentaux européens, notamment en matière de droits de l’homme, éléments sur lesquels le Conseil européen semble être moins regardant puisqu’en dépit de la position des parlementaires, un mémorandum d’entente sur un partenariat stratégique et global a été conclu début juillet entre l’Union européenne (UE) et la Tunisie. On se souvient de tout l’entregent que l’Italie avait déployé, à cette occasion, pour aboutir à cet accord qui stipule que la Tunisie s’engage à contenir la migration irrégulière contre notamment 900 millions d’euros au titre d’appui budgétaire et une intégration à divers programmes européens, ainsi que des soutiens au développement.

Les défis des deux rives

Seulement, selon l’ancien député tunisien Majdi Karbaï, interrogé sur IFM le 7 septembre, il semble que faute d’un accord entre la Tunisie et le FMI, « l’Union européenne a dernièrement refusé de verser les fonds d’appui budgétaire promis à la Tunisie par la présidente de la Commission européenne, Ursula von der Leyen, et la présidente du conseil ministériel italien, Giorgia Meloni ».

Cela n’empêche pas l’Italie de continuer à transférer des migrants irréguliers vers la Tunisie alors que des atteintes aux droits humains sont attestées. Le mémorandum sera également au cœur de la visite des représentants du Parlement. Salima Yenbou précise que « le mémorandum va évidemment être discuté, tant en matière d’économie que de migrations, mais il n’est pas l’objet premier de notre mission. Notre délégation a pour volonté d’aborder les différents défis auxquels nos deux rives sont confrontées, à travers des échanges constructifs et une écoute attentive ».

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Et tandis que l’ancien président de la Commission européenne et actuel ministre des Affaires étrangères italien, Antonio Tajani, presse le Conseil européen de mettre en application le mémorandum, les élus européens membres de la mission envoyée à Tunis souhaitent d’abord aller « à la rencontre, durant ces deux jours, de la société civile, des représentants d’organisations syndicales, de la presse, ainsi que des familles des détenus politiques, poursuit la députée du groupe centriste Renew Europe. En tant que députés européens, il est important pour nous de dialoguer avec tous ces acteurs, ce qui permettra aussi de réfléchir aux voies et instruments de travail avec la Tunisie dans différents domaines ».

Engagée sur la Tunisie et pour la transition démocratique tunisienne depuis le début de son mandat, Salima Yenbou ajoute : « La Tunisie a été porteuse d’espoir de ce point de vue-là en 2011, et ce combat est toujours important à mes yeux aujourd’hui. » Mais sa position reflète également ses préoccupations : « Actuellement, la situation économique et politique impacte très gravement la société civile, et il est important de mettre le doigt sur les problèmes internes et externes, et de réfléchir à des solutions durables. Le bon instrument pour cela est le dialogue inclusif avec les partenaires politiques et la société civile, et c’est un des objectifs de notre mission. Pour nos deux rives, il y a différents défis de taille à relever tant sur les questions économiques, que politiques ou migratoires, et le renforcement de la coopération dans ces domaines est donc le bienvenu. Et nous, députés européens, avons aussi un rôle à y jouer. »

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