Des otages et des milliards : le nord du Cameroun face aux bandes armées

Au Cameroun, le Grand Nord est, depuis 2017, la proie des prises d’otages et des demandes de rançons. Accentué par les crises au Tchad et en Centrafrique, ce phénomène a déjà entraîné des préjudices qui se comptent chaque année en milliards de francs CFA.

Des membres du bataillon d’intervention rapide camerounaise patrouillent à la périphérie de Mosogo, dans la région de l’extrême-nord du pays où les jihadistes de Boko Haram sont actifs depuis 2013, le 21 mars 2019. © REINNIER KAZE/AFP

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Publié le 20 septembre 2023 Lecture : 5 minutes.

Venu s’enquérir de la situation après l’arrestation d’une bande de preneurs d’otages, en 2019, Kildadi Taguiéké Boukar, gouverneur de la région de l’Adamaoua pose une question à un berger, présenté comme complice des ravisseurs. La réponse de ce dernier se veut franche : « Depuis que je suis né, mon propre père ne m’a jamais donné 100 000 francs CFA [152 euros]. Mais quand ces gars [ravisseurs] sont arrivés, ils m’ont proposé 600 000 F CFA pour que je leur montre la maison du plus grand éleveur du village. Je l’ai fait. » Depuis, le gouverneur a semble-t-il tiré les leçons de cet entretien et réussi à enrayer le phénomène chez lui. Mais, dans le nord voisin, la donne n’a visiblement pas changé. Et les rapts se multiplient.

Le 2 septembre dernier, cinq personnes ont à nouveau été enlevées par des hommes armés, dans le département du Mayo-Rey (Nord). Les ravisseurs exigent 40 millions de F CFA [plus de 60 000 euros] pour leur libération. Énième exemple de la recrudescence d’un phénomène qui déstabilise la région, déjà en proie au terrorisme. Depuis 2017, des dizaines d’écoles ont été fermées, des centaines de cheptels ont été décimés et pillés, des familles entières ont été forcées à l’exil, et des millions d’euros de rançons ont été versées aux ravisseurs venus de Centrafrique, du Tchad et du Nigeria, avec la complicité de certaines élites locales.

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