Séisme meurtrier au Maroc : pourquoi la terre a tremblé si fort
Le tremblement de terre qui a touché la province marocaine d’Al Haouz vient le rappeler de façon dramatique : la Méditerranée, et notamment sa rive sud, est une zone de forte activité sismique.
La « terre du milieu », c’est ainsi que les anciens désignaient la Méditerranée qui, au fil des millénaires, a été modelée par les séismes. Notamment avec l’explosion cataclysmique, au large de la Crête, du volcan Théra, sur l’île de Santorin, aux environs de 1600 av. J.-C. Depuis cet évènement paroxystique, les peuples de la Méditerranée savent, par atavisme, que lorsqu’elle bouge son bassin, son écorce terrestre frémit et certaines régions grondent et tremblent, notamment le Maghreb.
🔴 Séisme au Maroc - Au moins 632 personnes ont été tuées et 329 blessés dans le séisme qui a dévasté le #Maroc dans la nuit de vendredi à samedi.
— Jeune Afrique (@jeune_afrique) September 9, 2023
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La forte magnitude du tremblement de terre qui a frappé le Maroc dans la nuit de vendredi à samedi, 7 sur l’échelle de Richter selon le Centre national pour la recherche scientifique et technique (CNRST) de Rabat, surprend les spécialistes, dont le sismologue Florent Brenguier de l’Institut des Sciences de la Terre de l’Université de Grenoble qui relève que « la province d’Al-Haouz (Sud Ouest de Marrakech) où se situe l’épicentre, n’est pas à l’interface entre deux plaques tectoniques ». Celle où se rencontrent la plaque africaine et la plaque eurasienne est plus au nord, selon une ligne qui court le long de la rive sud de la Méditerranée. Son action est liée également à celles des plaques coulissantes qui traversent le Maghreb.
Les mouvements tectoniques changent
L’évènement est néanmoins « majeur » comme le confirme son homologue, Jérôme Van der Woerd, de l’Institut thèse et environnement du CNRS de Strasbourg, qui estime que les mouvements tectoniques dans la région sont en train de changer et que le séisme du 9 septembre risque d’en annoncer d’autres, dans la région. Sans doute comme les secousses, de moindre envergure qui ont secoué, le 8 septembre, les champs Phlégréens dans le golfe de Pouzzoles, au nord-ouest de Naples (Italie).
Sa magnitude de 7 classe en tout cas le séisme d’Al-Haouz parmi les plus forts jamais enregistrés au Maghreb. Mais le plus meurtrier demeure celui d’Agadir, à 80 km à l’Ouest d’Al Haouz, qui avait fait 12 000 victimes en 1960 avec une force de 5,5 à 6 sur l’échelle de Richter.
En 2004, celui d’El Hoceima était d’une magnitude de 6,4 et a causé 700 pertes humaines. Sans réels dommages physiques mais avec d’importants dégâts matériels, le tremblement de terre de 1969, dont l’épicentre était au Sud-Ouest du Portugal, a provoqué un tsunami à Tanger et Casablanca. Il était néanmoins en deçà de celui du 1er novembre 1755 qui a détruit plusieurs villes de la côte marocaine, entre Tanger et Agadir. En 1624, Fès et Meknès ont été en partie détruites par des secousses sismiques, tout comme l’a été Santa Cruz, l’actuelle Agadir en 1731.
Cause de ces récurrents soubresauts de l’écorce terrestre : le déplacement de la plaque africaine, dont la partie septentrionale pousse vers le nord-est à une vitesse de 4 mm par an à Casablanca, 6 mm dans l’Est algérien et 7 mm par an à Tunis. Mais également, selon Jérôme Van der Woerd, une faille plus importante qui est venue rompre en surface et laisse supposer une éventuelle modification de la croûte terrestre. Des hypothèses toutes à vérifier, d’autant que la chaîne de l’Atlas présente sur son versant nord une raideur qui impacte les déformations géologiques, même si elles sont très lentes.
L’Algérie souvent frappée
Tout comme le Maroc, l’Algérie est dans une zone méditerranéenne ibéro-maghrébine sismique à risques, où deux plaques continentales actives peuvent entrer en collision. Le pays a payé un lourd tribut aux séismes qui ne l’ont pas épargné. Le 10 octobre 1980, dans la plaine du Chelif au nord de l’Algérie, le séisme d’El Asnam (Chlef aujourd’hui) d’une magnitude de 7,1 fait 5 000 victimes. Il reste l’un des plus violents en Méditerranée occidentale.
En mai 2003, le séisme de Boumerdès, fait 2 266 victimes. Avec une magnitude de 6,8 sur l’échelle de Richter, son intensité maximale provoquera des dégâts à Alger à 60 km à l’Ouest. La capitale algérienne a été elle-même épicentre d’un tremblement de terre en janvier 1365 qui provoqua un tsunami qui balaya les quartiers proches du port et enregistra pas moins de 496 répliques. En 1716, un phénomène similaire a détruit une large partie de la médina d’Alger avec 20 000 pertes humaines. En comparaison, le séisme de Blida, à 47 km au sud-ouest d’Alger, en 1825 paraît moindre avec ces 7 000 victimes.
À l’est du Maghreb, la Tunisie est aussi le théâtre d’une activité sismique régulière mais elle demeure de faible magnitude – en moyenne 3,2 – et se situe essentiellement dans le centre et l’est du pays. Le plus important, d’une force de 6,2, date de 1758. Mais depuis plusieurs années, les secousses sont fréquentes mais sans conséquence autres que des fissures ou des effondrements de bâtiments menaçants ruine.
Néanmoins, la Tunisie est attentive à l’activité tellurique en Sicile par crainte d’un tsunami, phénomène que l’Unesco prévoit en la Méditerranée dans les 50 ans à venir. Si le phénomène est plus rare en mer que sur les océans, un mini tsunami avait impacté la côte d’Enfidha, à 100 km au sud de Tunis, suite au tremblement de terre de Messine en 1908.
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