Séisme au Maroc : les Forces armées royales en première ligne

Souvent mobilisées lors d’événements dépassant en apparence leurs prérogatives, les forces armées sont à nouveau sur le terrain pour secourir les victimes du tremblement de terre qui a frappé le Maroc dans la nuit de vendredi à samedi.

Des sauveteurs sortent un corps des décombres du village de Tikht, près d’Adassil, le 10 septembre 2023. © Photo by Fethi Belaid / AFP

Soufiane Khabbachi. © Vincent Fournier pour JA

Publié le 10 septembre 2023 Lecture : 3 minutes.

C’est peut-être la première décision prise par Mohammed VI à la suite du séisme qui a frappé Al Haouz dans la nuit de vendredi à samedi. Alors qu’il se trouvait toujours en France et que le monde prenait connaissance du terrible drame qui s’est déroulé au sud-ouest de Marrakech, le roi, qui est aussi Chef Suprême et chef d’état-major général des Forces armées royales (FAR), annonçait la mobilisation des FAR pour prêter main-forte aux différents corps chargés de secourir les victimes.

Alors que le bilan actuel est de 2 122 morts et plus de 2 420 blessés et qu’un deuil national de trois jours a été décrété, les différentes forces d’intervention marocaines, pilotées par une cellule mise en place spécialement par le ministère de l’Intérieur, poursuivent leurs opérations de sauvetage et d’assistance. Depuis le début des opérations ou presque, celles-ci peuvent donc s’appuyer sur l’armée, qui a été déployée d’urgence dès la nuit du 9 septembre.

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« Des détachements d’intervention, des avions, des hélicoptères, des drones et des moyens du Génie ainsi que des antennes logistiques sont déployés sur les lieux en vue d’apporter le soutien nécessaire aux différents départements concernés et aux populations sinistrées », précise l’état-major.

Par leurs capacités logistiques et technologiques, les FAR constituent un soutien essentiel pour les autorités, en particulier lorsque ces dernières rencontrent des difficultés pour se rendre dans des zones reculées, dans lesquelles les seules voies d’accès ont été détruites par le séisme.

Le village de Tikht, près de Adassil, a été presqu'entièrement détruit. © Photo de Fethi Belaid / AFP

Le village de Tikht, près de Adassil, a été presqu'entièrement détruit. © Photo de Fethi Belaid / AFP

Ce n’est pas la première fois que la grande muette est mobilisée pour prêter main-forte dans ce type d’événements. Lors du séisme d’Al Hoceima, en 2004, qui avait fait 628 morts, les FAR avaient également été déployées. Elles le sont souvent lorsque surviennent des catastrophes naturelles, comme les inondations, ou lors de périodes de grand froid. C’était notamment le cas cette année, lorsque l’armée a créé des ponts aériens pour faire parvenir des équipements aux populations éloignées situées dans les environs de Ouarzazate.

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« Les équipes de secours, comme celles de la protection civile, ont certes bénéficié de bonnes formations et détiennent des certificats onusiens obtenus en Suisse, en Espagne, en Allemagne ou aux États-Unis, mais aucune ne dispose des moyens des FAR », explique Abdelhamid Harifi, administrateur du forum FAR-Maroc.

« Il existe même une équipe de la gendarmerie nationale formée à intervenir et à secourir les victimes en cas de catastrophes naturelles et tremblements de terre. Mais là encore, ce sont les FAR qui possèdent les meilleurs moyens pour agir, en particulier dans le domaine aérien », poursuit Abdelhamid Harifi.

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Drones et hélicoptères

Les moyens technologiques dont disposent les FAR sont effectivement bien supérieurs à ceux de la Direction générale de la protection civile, et permettent une meilleure efficacité dans les réponses mises en place. Les drones, par exemple, assurent une reconnaissance rapides des zones et offrent ainsi un gain de temps extrêmement précieux pour cibler efficacement les lieux d’intervention. Des hélicoptères peuvent ensuite se rendre sur place et porter secours aux sinistrés.

Dans le cas présent, les activités assurées par les militaires sont polyvalentes, allant du transport du sang collecté partout dans le royaume aux interventions directes de sauvetage dans les territoires sinistrés. Des avions de transport , des cargos et des hélicoptères sont également mis à disposition pour participer au désenclavement.

« Plusieurs modules de logistique sont actuellement déployés pour assurer les repas. Un hôpital militaire a été mis en place pour assister les autres centres hospitaliers de la région », confirme une source bien informée, qui évoque des interventions « consistantes et variées », à la dimension « opérationnelle et humanitaire ».

Depuis dimanche, les autorités marocaines peuvent aussi s’appuyer sur des renforts envoyés par plusieurs de leurs partenaires internationaux, dont l’Espagne, le Qatar, mais aussi à présent la Tunisie, le Royaume-Uni ou encore les Émirats arabes unis.

« Aussi tragique que soit ce drame, il doit nous pousser à repenser nos stratégies d’intervention lors de ce type d’événements car, on l’a vu, notre pays peut-être touché par ces catastrophes à tout moment », tempête Abdelhamid Harifi, qui plaide entre autres pour la création d’équipes de secours régionales aux moyens suffisants pour être en mesure d’agir en autonomie et d’apporter des réponses rapides.

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