Le Maroc pleure les victimes du séisme

Alors que le bilan s’est encore alourdi pendant la nuit, dépassant les 2 000 morts, et que des répliques se font sentir, les organisations d’aide commencent à évaluer les besoins et estiment que les régions touchées devront être soutenues pendant des années.

Prière pour des victimes du séisme dans le village de Moulay Brahim, province d’Al Haouz, le 9 septembre 2023. © FADEL SENNA / AFP

Publié le 10 septembre 2023 Lecture : 3 minutes.

Le Maroc pleure ses morts, ce dimanche 10 septembre, après le violent séisme au sud-ouest de Marrakech dans lequel ont péri plus de 2 000 personnes, selon le dernier bilan officiel, susceptible de s’aggraver au fil des recherches.

Le tremblement de terre de la nuit de vendredi à samedi, de magnitude 7 selon le Centre marocain pour la recherche scientifique et technique (6,8 selon le service sismologique américain), est le plus puissant à avoir jamais été mesuré au Maroc. Il a fait au moins 2 012 morts et 2 059 blessés, dont 1 404 sont dans un état très grave, a annoncé samedi soir le ministère de l’Intérieur.

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La province d’Al Haouz, où se situait l’épicentre du séisme, est la plus endeuillée avec 1 293 morts, suivie par la province de Taroudant avec 452 morts. Dans ces deux zones situées au sud-ouest de la ville touristique de Marrakech, des villages entiers ont été anéantis par la secousse.

« J’ai tout perdu », se lamente Lahcen, un habitant du village de Moulay Brahim dans le Haut Atlas, dont la femme et les quatre enfants ont été tués. « Je n’y peux rien maintenant, je veux juste m’éloigner du monde, faire mon deuil », poursuit-il, prostré dans un coin.

Premiers enterrements

Sur les hauteurs de ce village de quelque 3 000 habitants, Bouchra sèche ses larmes avec son foulard en regardant des hommes creuser des tombes. « Les petits-enfants de ma cousine sont morts », dit-elle, avant d’ajouter : « J’ai vu en direct les ravages du séisme, je tremble encore. C’est comme une boule de feu qui a tout englouti sur son chemin. » « Tout le monde ici a perdu de la famille, que ce soit dans notre village ou ailleurs dans la région », poursuit-elle.

Le cabinet royal a décrété samedi un deuil national de trois jours, et les dirigeants du monde entier ont exprimé leur effroi et leurs condoléances. Plusieurs pays, dont Israël, la France, l’Espagne, l’Italie et les États-Unis ont proposé leur aide. Même l’Algérie voisine, aux relations houleuses avec le Maroc, a ouvert son espace aérien, fermé depuis deux ans, aux vols transportant de l’aide humanitaire et des blessés. La Banque mondiale a dit offrir son « soutien total au pays ».

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Selon la Croix-Rouge internationale, les besoins d’aide du Maroc sont immenses. « Ce ne sera pas l’affaire d’une semaine ou deux […] Nous tablons sur des mois, voire des années de réponse », a averti dans un communiqué Hossam Elsharkawi, directeur pour le Proche-Orient et Afrique du Nord de la Fédération internationale des sociétés de la Croix-Rouge et du Croissant-Rouge.

Le village de Tafeghaghte, à 60 km au sud-ouest de Marrakech, a été presque entièrement détruit par le tremblement de terre, dont l’épicentre ne se trouve qu’à une cinquantaine de kilomètres. Rares sont les bâtisses qui tiennent encore debout.

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Maisons d’argile

« Trois de mes petits-enfants [de 12, 8 et 4 ans] et leur mère sont morts, ils sont encore sous les débris, il n’y a pas si longtemps on jouait ensemble », déplore Omar Benhanna, 72 ans. Samedi, de nombreux habitants se sont rendus au cimetière pour enterrer quelque 70 dépouilles. Les rites funéraires ont été ponctués par des cris et pleurs.

En soirée, des chaînes de télévision ont diffusé des images aériennes montrant des villages entiers aux maisons d’argile de la région d’Al Haouz entièrement pulvérisés. « Les autorités publiques sont toujours mobilisées pour accélérer les opérations de secours et d’évacuation des blessés », a affirmé samedi soir le ministère de l’Intérieur.

À Marrakech, les ruelles de la Mellah, le quartier juif historique, sont jonchées de débris. Des dizaines de personnes ont passé leur deuxième nuit dehors, de crainte que leurs logements endommagés ne s’écroulent sur eux. « Regardez où tous ces gens dorment, il n’y a pas d’aide pour nous, nos maisons sont fissurées, d’autres détruites, comme celle de ma fille qui a été anéantie, c’est le chaos », raconte Fatima Satir, une habitante de la Mellah de 62 ans.

La secousse a également été ressentie à Rabat, Casablanca, Agadir et Essaouira, dont de nombreux habitants paniqués sont sortis dans les rues en pleine nuit, craignant l’effondrement de leurs logements.

Ce séisme est le plus meurtrier au Maroc depuis celui qui avait détruit Agadir, sur la côte ouest du pays, le 29 février 1960. Près de 15 000 personnes, soit un tiers de la population de la ville, avaient péri.

(avec AFP)

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