Au Niger, la junte accuse la France de préparer une « agression »

Le régime militaire à Niamey a déclaré que la France « continue de déployer ses forces » dans plusieurs pays ouest-africains en vue d’une « agression » contre le Niger, Paris répondant ce dimanche ne reconnaître « aucune légitimité aux déclarations des putschistes ».

Le Premier ministre nigérien de la transition, Ali Mahaman Lamine Zeine, lors d’une conférence de presse à Niamey, le 4 septembre 2023. © AFP

Le Premier ministre nigérien de la transition, Ali Mahaman Lamine Zeine, lors d’une conférence de presse à Niamey, le 4 septembre 2023. © AFP

Publié le 10 septembre 2023 Lecture : 4 minutes.

« Nous ne reconnaissons aucune légitimité aux déclarations des putschistes », a déclaré le président français Emmanuel Macron lors d’une conférence de presse à l’issue du sommet du G20, réuni ces 9 et 10 septembre à New Delhi. En outre, le chef de l’État français a réclamé « la libération » du président nigérien Mohamed Bazoum, renversé par le coup d’État du 26 juillet mais qui est toujours considéré par la France comme le chef de l’État légitime, ainsi que « la restauration de l’ordre constitutionnel ».

À Niamey, un membre du régime, le colonel-major Amadou Abdramane, a déclaré dans un communiqué lu samedi à la télévision nationale que la « France continue de déployer ses forces dans plusieurs pays de la Cedeao dans le cadre de préparatifs d’une agression contre le Niger, qu’elle envisage en collaboration avec cette organisation communautaire« .

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Coopération avec les pays riverains

Selon le communiqué, le régime a constaté depuis le 1er septembre que « deux aéronefs de transport militaire type A400M et un Dornier 328 ont été déployés en renfort en Côte d’Ivoire », et que « deux hélicoptères multirôles type Super Puma » et « une quarantaine de véhicules blindés » l’ont été « à Kandi et Malanville au Bénin ».

« Le 7 septembre 2023, un navire militaire français a accosté à Cotonou [Bénin], avec à son bord du personnel et des moyens militaires », selon le communiqué. Les généraux au pouvoir font également état d’« une centaine de rotations d’avions militaires cargo ayant permis de débarquer d’importantes quantités de matériel et d’équipement de guerre au Sénégal, en Côte d’Ivoire et au Bénin, pour ne citer que ceux-là ». « Ces manœuvres » ont pour but de « réussir une intervention militaire contre notre pays », selon eux.

Rien de tout cela n’est ni en préparation ni en intention.

Selon une source militaire française, « rien de tout cela n’est ni en préparation ni en intention. Il n’y a pas d’intervention, d’attaque prévue contre le Niger ». « Le partenariat militaire est suspendu donc les troupes françaises sont en attente sur leurs emprises au Niger. Le bateau au large de Cotonou, c’est le porte-hélicoptère amphibie Mistral, engagé dans l’opération Corymbe prévue de longue date et qui fait de la sécurité maritime. C’est de la coopération avec les pays riverains du golfe de Guinée contre les trafics (pêche illicite, trafic de stupéfiants…) », a ajouté cette source.

Après le coup d’État du 26 juillet, la Cedeao a brandi la menace d’une intervention militaire au Niger, dont elle avait annoncé la préparation, pour rétablir l’ordre constitutionnel, libérer le président renversé Mohamed Bazoum et le restaurer dans ses fonctions. Une décision soutenue par la France, qui compte environ 1 500 soldats dans ce pays du Sahel, dans le cadre de la lutte antijihadiste.

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Les forces françaises présentes « illégalement »

Le 3 août, les généraux nigériens au pouvoir, qui souhaitent le départ des soldats français, avaient dénoncé plusieurs accords de coopération militaire conclus avec la France. L’un de ces textes contenait un préavis d’un mois, selon eux. Le régime a affirmé dans le communiqué que ces forces étaient désormais présentes « illégalement » au Niger. « Le 1er septembre », le « chef d’état-major des armées du Niger a reçu à Zinder le commandant des forces françaises au Sahel pour discuter d’un plan de désengagement des capacités militaires françaises », a-t-il indiqué.

Si nous redéployons quoi que ce soit, je ne le ferai qu’à la demande du président Bazoum et en coordination avec lui.

Le président Emmanuel Macron a déclaré ce dimanche qu’un éventuel redéploiement des forces françaises au Niger ne sera décidé qu’à la demande du président Mohamed Bazoum. « Si nous redéployons quoi que ce soit, je ne le ferai qu’à la demande du président Bazoum et en coordination avec lui. Pas avec des responsables qui aujourd’hui prennent en otage un président », a-t-il ajouté à l’issue du sommet du G20 à New Delhi.

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Chaque jour depuis plus d’une semaine, des milliers de personnes au total se sont rassemblées à Niamey, aux abords d’une base militaire abritant des soldats français pour réclamer leur départ. De leur côté, les États-Unis, qui disposent de quelque 1 100 soldats au Niger, ont commencé « par précaution » à repositionner leurs troupes de la base 101 de Niamey à la base 201 d’Agadez, dans le centre du pays, a déclaré le département de la Défense jeudi.

Bras de fer

La France est engagée dans un bras de fer avec le Niger, qui a par ailleurs retiré l’immunité et le visa diplomatiques de l’ambassadeur français, Sylvain Itté, et exigé son « expulsion ». « La France refuse de rappeler son ambassadeur déclaré persona non grata par les autorités et la justice nigérienne », a souligné une nouvelle fois le communiqué du régime.

Ali Mahaman Lamine Zeine, le Premier ministre de la junte, avait toutefois déclaré que son gouvernement espérait « si possible maintenir une coopération avec un pays avec qui on a partagé énormément de choses ». Il exprimait également qu’il avait « bon espoir » que son pays trouve une « entente » avec la Cedeao, après que le chef du régime, le général Abdourahamane Tiani, a annoncé une transition d’une durée maximum de trois ans.

L’organisation régionale ne veut cependant « pas répéter » dans ce pays « les expériences du Mali, de la Guinée et du Burkina », où des périodes de transition avaient été négociées.

(avec AFP)

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