Séisme au Maroc : la diaspora sur tous les fronts
Très sensibles au sort de leurs compatriotes et de leurs proches vivant au pays, les Marocains résidant à l’étranger se mobilisent depuis samedi matin pour apporter toute l’aide possible.
Ce lundi après-midi, deux jours après le séisme qui a causé la mort de plus de 2 500 personnes, Jamel Debbouze, l’une des figures de la diaspora marocaine en France, a donné son sang à Marrakech. Sur son compte X, dès la nuit du 9 septembre, il écrivait : « Aidons et apportons tous à notre échelle notre contribution pour aider le Maroc et prions pour que des vies soient sauvées dans les heures et les jours qui viennent. »
Un appel qui illustre le niveau de mobilisation des plus de 5 millions de membres de la diaspora marocaine à travers le monde. Derrière les célébrités comme Arthur ou Gad Elmaleh, beaucoup d’anonymes se retroussent les manches.
Yassine El Yattioui, doctorant en science politique et relations internationales, secrétaire général de NejMaroc (Centre marocain de recherche sur la globalisation), raconte : « Depuis vendredi soir, c’est très difficile quand on est franco-marocain, qu’on va comme moi au Maroc au moins deux à trois fois par an depuis vingt-cinq ans. C’est dur d’être loin de son pays. J’ai rendez-vous cet après-midi avec mon employeur pour demander quelques jours de congés. »
Comme des centaines de milliers de membres de la diaspora marocaine, Yassine aussi a reçu le texto angoissé : « Tout va bien ? Personne de ta famille n’a été touché ? »
Passée l’inquiétude des premières heures, c’est désormais l’action qui s’impose. Cagnottes et appels au dons fleurissent, et la diaspora y est très sensible. Une vague de solidarité a traversé le monde entier, même si elle ne s’exprime pas forcément de la même façon d’une région à l’autre. Là où, en France ou en Belgique, la diaspora s’organise pour collecter des objets de première nécessité (hygiène, linge, alimentaire, médical), les Marocains de l’étranger résidant dans les pays les plus éloignés se mobilisent parfois différemment.
« Pour nous, c’est différent, car étant éloignés de notre pays d’origine, le plus pratique est de verser de l’argent sur des comptes dédiés », explique ainsi Driss Temsamani, auteur et conférencier vivant aux États-Unis. Mais pas question pour lui de céder aux sirènes de la première cagnotte qui passe sur les réseaux sociaux : « Initialement, nous étions méfiants, mais depuis l’ouverture d’un compte spécial auprès du Trésor et de Bank Al Maghrib (la Banque centrale), nous sommes un peu plus rassurés. »
Compassion et mauvais souvenir
Séisme au #Maroc : les sauveteurs engagés dans une course contre la montre pour sauver des vies
— Jeune Afrique (@jeune_afrique) September 11, 2023
Pour plus d'informations : https://t.co/C953cvoBUv pic.twitter.com/FAt4EUF1hi
Professeur d’Études Stratégiques au Collège de défense (NDC) des Émirats arabes unis, Mohamed Badine El Yattioui vit quant à lui la situation depuis Abu Dhabi. « Ici, raconte-t-il, la mobilisation se fait via des groupes WhatsApp, et par les réseaux sociaux de la communauté marocaine aux Émirats qui s’élève à près de 200 000 personnes. Ces groupes servent principalement de relais. »
L’universitaire souligne aussi la compassion exprimée par les habitants de son pays d’adoption : « À chaque fois que je rencontre un Émirati dans le cadre professionnel ou amical, les personnes présentent des condoléances et sont très touchées. »
Quant aux membres de la diaspora appartenant aux plus anciennes générations, ils ne manquent pas de rappeler que le séisme de vendredi dernier leur rappelle un autre événement tragique. « Cela a immédiatement réveillé chez ma mère les tristes souvenirs du tremblement de terre le plus meurtrier au Maroc, celui qui avait détruit la ville d’Agadir, le 29 février 1960″, rappelle Yassine. À l’époque, près de 15 000 personnes, soit un tiers de la population de la ville, avaient péri.
D’autres rappellent aussi que, bien plus récemment, le pays avait subi la même épreuve lors du tremblement de terre d’Al Hoceima, dans le Nord, en 2004. À l’époque, déjà, la diaspora avait fait preuve de solidarité.
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