Centrafrique : au moins huit personnes tuées par des soldats tchadiens à Bangui

Au moins huit personnes ont été tuées et plusieurs blessées samedi par des soldats tchadiens dans la capitale centrafricaine, à nouveau sous haute tension ces derniers jours malgré les efforts des forces internationales pour arrêter les tueries.

Musulmans déplacés de Centrafrique dans un hangar de l’aéroport de Bangui, le 30 janvier 2014. © AFP

Musulmans déplacés de Centrafrique dans un hangar de l’aéroport de Bangui, le 30 janvier 2014. © AFP

Publié le 30 mars 2014 Lecture : 3 minutes.

Mis à jour à 11h50

"Des soldats tchadiens venus de leur pays pour rapatrier leurs compatriotes qui désirent quitter (la Centrafrique) ont ouvert le feu sur les habitants des quartiers nord, faisant au moins huit morts et plusieurs blessés", a déclaré à l’AFP un officier de la force africaine (Misca) sous couvert d’anonymat.

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Ce bilan est "encore provisoire et pourrait bien s’alourdir", a-t-il ajouté, précisant qu’"on ignore à présent ce qui a entraîné ces tirs sur les habitants des quartiers nord".

Selon une source au sein de la gendarmerie centrafricaine, après l’entrée des soldats tchadiens à Bangui, "on a entendu des tirs aux environs de Gobongo, Galabadja, Foûh", des quartiers majoritairement chrétiens.

"Les soldats tchadiens ont tiré dans tous les sens. Les habitants des quartiers nord, pris de panique, se sont mis à fuir, provoquant ainsi une débandade généralisée dans le secteur", ont témoigné des habitants de la zone, joints par téléphone.

Des incidents surviennent régulièrement à Bangui entre d’un côté les milices anti-balaka et la population, majoritairement chrétiennes, et de l’autre les soldats tchadiens, accusés de complicité avec les ex-rebelles Séléka, majoritairement musulmans, qui avaient pris le pouvoir en mars 2013 en Centrafrique.

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Dimanche, les habitants des quartiers nord ont érigé des barricades sur la route pour protester contre les violences de la veille.

Bangui a connu une nouvelle flambée de violences qui a fait une quarantaine de morts en une semaine. Plusieurs affrontements avaient éclaté entre des groupes armés, opposant notamment des miliciens anti-balaka et des pillards à des musulmans.

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Bientôt une force européenne

L’insécurité perturbe également l’aide humanitaire, dont les personnels sont parfois directement visés. "Si la violence sur les volontaires persiste, la Croix-Rouge centrafricaine se verra dans l’obligation de suspendre ses activités de ramassage des corps", a déclaré dimanche à l’AFP son président, Antoine Mbao Bogo.

Après une attaque à la grenade qui a fait une vingtaine de morts jeudi soir dans le quartier Kokoro, "des hommes armés ont menacé les équipes (de la Croix-Rouge) et leur ont demandé de rebrousser chemin avec des tirs en l’air", a-t-il affirmé.

M. Mbao Bogo a appelé "tous les Centrafricains et les parties en conflit à faciliter l’accès aux victimes".

Depuis un an, l’ancienne colonie française, pays parmi les plus pauvres de la planètes habitué aux coups d’Etat à répétition et aux rébellions, traverse une crise sans précédent avec des violences interreligieuses et des centaines de milliers de déplacés.

Si les tueries de masse ont cessé depuis le début de l’opération française Sangaris (2.000 hommes) en décembre, déployée en appui des 6.000 soldats africains de la Misca, la violence reste quotidienne.

Formées en réaction aux exactions perpétrées pendant des mois par les combattants essentiellement musulmans de la Séléka, les milices anti-balaka s’en prennent depuis à la population musulmane, qui fuit massivement le pays.

Le chef de la Misca a annoncé mercredi que la force africaine considérait "les anti-balaka comme des ennemis" et qu’ils seraient traités "en conséquence".

L’UE a ouvert la voie au lancement, retardé, de sa mission militaire qui doit appuyer les forces françaises et africaines en Centrafrique, grâce à de "nouvelles contributions" et au "complément apporté" par la France, en termes d’effectifs et de logistique, a indiqué son service diplomatique.

La décision de déployer ces troupes (environ 500 hommes) et la date de l’opération doivent être formalisées d’ici à mercredi.

La France espère également faire adopter "dans une dizaine de jours" par le Conseil de sécurité une résolution autorisant le déploiement d’une force de maintien de la paix de l’ONU d’ici à la mi-septembre.

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